La polémique autour du lieu d'inhumation de Mohamed Merah a pris fin
jeudi avec son enterrement au cimetière de Cornebarrieu à Toulouse après que
l'Algérie eut refusé d'accéder au désir des parents Merah d'enterrer leur fils
dans le village de Bezzaz, commune d'Essouagui, dans la wilaya de Médea.
Alors que tout semblait converger vers le départ de la dépouille sur un
vol régulier Toulouse-Alger d'Air Algérie pour 13h15, les événements se
seraient précipités et le transfert annulé alors qu'Alger n'avait à aucun
moment donné son feu vert pour le rapatriement du corps. Abdallah Zekri,
représentant du recteur de la Grande Mosquée de Paris, avait indiqué que
«l'Algérie ne botte pas en touche, c'est un citoyen français, né en France, qui
a grandi en France». Intervenant à son tour, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'«il
était français. Qu'il soit enterré et qu'on ne fasse pas de polémique avec ça».
Selon les comptes-rendus de la presse présente en force sur place, les
funérailles de Mohamed Merah se sont déroulées dans une atmosphère qualifiée de
«tendue» dans le carré musulman du cimetière Cornebarrieu à deux pas de
l'aéroport de Toulouse-Blagnac, jeudi après-midi. Sous haute sécurité,
l'enterrement s'est déroulé en dehors des heures d'ouverture du cimetière, en
présence d'un imam, mais sans la présence des membres de sa famille. Vers 18 h
30, une trentaine de jeunes garçons de la cité des Izards, dont des salafistes,
arrivés en voiture et masquant leur visage derrière un foulard, ont été
autorisés à y participer. Les gendarmes relèvent leurs noms avant de les
laisser entrer et de les escorter jusqu'à la tombe. L'inhumation s'est achevée
vers 19 h 30. Avant l'arrivée des renforts de gendarmerie, la situation
commençait à se tendre devant l'entrée du cimetière, à quelques minutes du
début de la cérémonie. Dans l'après-midi de ce jeudi, le maire socialiste de
Toulouse, Pierre Cohen, a réclamé un report de 24 heures. Il a tenté de négocier
un enterrement plus discret dans un autre lieu, mais en vain. Si le maire a le
droit de décider un report en invoquant l'ordre public, l'Etat pourrait le
menacer d'exercer «son pouvoir de substitution» s'il n'agissait pas. Voulant
passer inaperçue et organiser une cérémonie intime, la famille a affrété un
vieux corbillard sans escorte ni cortège qui s'est mêlé aux embouteillages de
la voie rapide qui relie Toulouse à Blagnac et Colomiers. Il a été rattrapé par
des fourgons de gendarmerie qui ont fait hurler leurs gyrophares pour se frayer
un passage sur la route encombrée par la sortie des usines d'Airbus. Par
ailleurs, et mettant sa menace à exécution, Mohamed Benalal Merah, le père de
Mohamed, a engagé une avocate de poursuivre devant la justice française l'unité
spéciale de la police, pour assassinat. Me Zahia Mokhtari est ainsi chargée de
poursuivre les services de sécurité français «pour n'avoir pas respecté la
procédure pendant la tentative d'interpellation» de Mohamed Merah et pour son
«assassinat». Cette menace avait soulevé un tollé d'indignation dans les
milieux politiques français au pouvoir. Si le dossier de l'inhumation est clos,
l'enquête sur les tueries de Toulouse et d'éventuelles complicités se poursuit
toujours. Ainsi, hier matin, La DCRI et le Raid ont procédé à dix-neuf
interpellations, dans les milieux islamistes radicaux, dont celle de Mohammed
Achamlane, leader du groupe salafiste radical Forsane Alizza, dissous en
février par le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant qui l'accusait de
préparer à la lutte armée. Commentant ces descentes policières, Nicolas Sarkozy
a expliqué que ce coup de filet n'était pas lié «simplement à Toulouse», mais
qu'il était «en lien avec une forme d'islamisme radical». Cette opération menée
par les enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI)
et de la section antiterroriste (SAT) de la police judiciaire parisienne avec,
pour certaines cibles, l'appui de l'unité d'élite de la police nationale, le
Raid, s'est déroulée dans le quartier toulousain du Mirail, dans
l'agglomération de Nantes, mais aussi en Ile-de-France, à Marseille, à Lyon et
à Nice, et des armes ont été saisies, notamment des kalachnikovs au domicile
d'Achamlane où les enquêteurs ont retrouvé trois de ces fusils automatiques
ainsi qu'un pistolet Glock et une grenade. Les forces de l'ordre ont agi sur
commission rogatoire de la juge antiterroriste parisienne Nathalie Poux dans le
cadre d'une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de
préparer des actes de terrorisme.