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Les Sénégalais ont sorti Abdoulaye Wade et son clan
pacifiquement et par la voie
des urnes. Ils ont sanctionné l'ultime lubie politique d'un
patriarche de 86 ans qui, à défaut de pouvoir imposer son fils, a choisi de violenter
la Constitution en
postulant pour un troisième mandat. Un coup de force que les Sénégalais ont sanctionné,
dimanche, en votant pour Macky Sall, 50 ans, et sur lequel l'ensemble des
forces d'opposition se sont rassemblées. Avec un mot d'ordre clair : Wade et
son clan ne doivent pas passer car ce serait instaurer une autocratie et
accorder une prime à ceux qui violentent la Constitution.
Les Sénégalais ont des raisons d'être fiers car ils ont préservé une démocratie, même imparfaite, en refusant d'accorder leurs suffrages à ceux qui se sont rendus coupables d'irrespect pour la Constitution. Et donc d'irrespect pour les Sénégalais. Dix personnes ont été tuées dans les violences préélectorales liées à la contestation du coup de force. Cela sera inscrit au bilan, négatif, d'Abdoulaye Wade, qui était parvenu au pouvoir avec le mot d'ordre du «Sopi», mais a sombré dans le népotisme et la tentation autoritaire. Les électeurs sénégalais ont également sanctionné ces membres du Conseil constitutionnel qui ont choisi d'être des «hommes de Wade» au lieu d'être des «sages» qui veillent au respect de la loi fondamentale. Mais ? et c'est sans doute le plus important ?, en refusant d'accorder un mandat de trop à Wade, les électeurs sénégalais ont choisi le moyen le plus sûr de préserver la paix civile. Le fait qu'Abdoulaye Wade ait admis rapidement la victoire de son adversaire est une source de soulagement général. Ce n'est pas un «retour de sagesse» - qui lui a singulièrement manqué ces derniers mois - qui a poussé Abdoulaye Wade et son clan à admettre leur échec. Cette reconnaissance tient surtout au fait que les Sénégalais ont de manière très nette signifié au patriarche que le temps de la retraite a sonné. En réalité, la défiance des Sénégalais était si franche que toute autre réaction aurait été une folie. Le Sénégal, après avoir frôlé une crise majeure, est soulagé. Il peut légitimement servir d'exemple aux autres pays africains en rappelant que le respect de la Constitution et des règles procède du respect des citoyens. Malgré la mobilisation des influents groupes religieux, Abdoulaye Wade n'a pas réussi à passer. C'est qu'il ne se rendait pas compte que, pour les Sénégalais, son entêtement à rester au pouvoir, contre la loi fondamentale, était une source d'humiliation, une remise en cause d'une forme de pondération dans l'exercice du pouvoir qui a constitué une caractéristique du Sénégal. Les électeurs ont rétabli les fondamentaux en sortant le carton rouge à Abdoulaye Wade et en lui signifiant qu'il n'est pas question de faire preuve de tolérance avec ceux qui s'amusent avec la Constitution. Ils ont de ce fait préservé une démocratie qui, aussi imparfaite soit-elle, est un atout pour le Sénégal. |
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