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Dans le processus de réformes politiques qu'il a initié, le
président de la République a exclu que la réflexion sur le contenu de celles-ci
et l'élaboration de leurs textes de lois soient confiées à une Assemblée
constituante, ainsi que l'ont demandé des formations partisanes et des
personnalités nationales. Dans cette démarche, le projet de révision de la Constitution, comme
devant être l'avancée phare des réformes politiques dans le pays, a été du
ressort exclusif du chef de l'Etat. Se pose alors la question de savoir
jusqu'où la nouvelle Assemblée nationale qui sortira des urnes le 10 mai
prochain, et à laquelle va être soumis ce projet, pourrait aller dans ses
retouches et éventuelles remises en cause de ses dispositions.
L'inquiétude existe en effet que la composante majoritaire de cette nouvelle assemblée risque d'être de coloration islamiste et donc de vouloir une Constitution répondant au projet de société qu'elle veut voir s'instaurer en Algérie. Ce qui explique que des milieux ayant initialement demandé l'élection d'une Assemblée constituante et fustigé le pouvoir pour ne pas en avoir tenu compte, se sont faits moins insistants dans cette revendication. C'est qu'ils ont été refroidis dans leur exigence de l'élection d'une Assemblée constituante à qui il reviendrait de définir les règles institutionnelles appelées à régir la République algérienne, par la tournure prise en Tunisie et en Egypte par le processus qui a eu leurs faveurs. L'incertitude qui plane sur ce qui sortira des urnes le 10 mai leur fait maintenant considérer qu'il y a du justifié dans la démarche de Bouteflika. L'ancien Premier ministre Smaïl Hamdani a ouvertement défendu ce point de vue, qu'il sait partagé par tous ceux qui craignent une victoire en Algérie du courant islamiste. Il a franchement soutenu qu'il est mieux ainsi que ce soit Bouteflika qui élabore le texte de la nouvelle Constitution. Soit, mais comment, sans provoquer une crise institutionnelle, le Président pourrait empêcher la nouvelle assemblée, éventuellement à majorité islamiste, de « revisiter » son projet de révision en profondeur et dans un sens favorable à ses convictions doctrinales ? L'on a mal à croire qu'une assemblée, où les oppositions au régime formeront la majorité, va se contenter du rôle de chambre d'enregistrement, dans lequel a brillé celle à qui elle succédera. La soumission promise par le chef de l'Etat de son projet de révision constitutionnelle à la sanction populaire par la voie référendaire semble avoir été dictée par l'anticipation qu'il a faite sur les résultats du scrutin du 10 mai. Mais même si c'est le cas, l'on ne voit pas comment les électeurs ayant accordé leurs voix à une majorité parlementaire hostile à son projet se dédieront pour désavouer celle-ci en plébiscitant celui-là. La seule façon de conjurer la «vague verte» redoutée et les menaces qu'elle fait planer sur le caractère républicain, moderniste et démocratique des institutions et lois fondamentales de l'Etat algérien, est que les forces acquises à ces valeurs lui fassent barrage en constituant une alternative dans laquelle les électeurs algériens se reconnaîtront. Ce qui, à quelques semaines du scrutin, ne se dessine pas malheureusement. S'il est question d'alliance et de front électoral, c'est du camp islamiste que se manifeste cette tendance. |
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