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La France est encore sous le choc des odieuses tueries dont les
villes de Montauban et Toulouse ont été le théâtre. Mais
après la neutralisation de leur auteur, il s'élève des interrogations sur
l'exploitation que les autorités officielles font de ces tragiques évènements
dans le contexte électoral que vit le pays.
De fait, la traque du criminel a donné lieu à ce qu'un responsable socialiste a qualifié crûment de «show hollywoodien». Un «show» qui a fait la part belle au président candidat en lui permettant d'apparaître sous les habits avantageux de l'homme d'Etat sachant comment faire face à la menace à laquelle est confronté le pays. Une posture surmédiatisée dans l'intention qu'elle efface dans l'opinion publique le handicap électoral que constitue pour le président candidat son lourd et négatif bilan économique et social, dont le décorticage éreintant est devenu l'axe porteur des campagnes de ses concurrents. De l'avis d'experts en sécurité, qui ne sont pas tous des anti-sarkozistes patentés, la façon dont a été menée la traque du criminel et gérée sa neutralisation a obéi à des considérations de l'ordre médiatique qui n'ont rien à voir avec la façon d'agir des forces de sécurité expérimentées engagées dans l'opération. Plus grave encore, l'interrogation a été prononcée de savoir s'il n'y a pas eu dysfonctionnement dans le service sécuritaire français qui a permis la survenance des criminels évènements de Montauban et de Toulouse. La question a été clairement soulevée en effet, portant sur le fait qu'avant son passage à l'acte, l'assassin n'était pas inconnu des services de sécurité français en tant que soupçonné de liens avec la mouvance « djihadiste » et qu'il a pu échapper à leur surveillance pour commettre ses crimes à trois reprises. Quel que soit ce qui s'est réellement passé en l'occurrence, il ne fait aucun doute que le climat d'affliction, d'émotion et d'indignation provoqué par les actes du tueur arrange les affaires électorales du président candidat et de son camp, en besoin dans le débat électoral d'une autre problématique à substituer à celle imposée par leurs adversaires portant sur l'appréciation de leur bilan de gouvernement du quinquennat présidentiel qui s'achève. Les affaires de Montauban et de Toulouse tombent à point pour eux, car justifiant que, comme en 2007, ils remettent en avant la donne sécuritaire en tant que priorité fondamentale dans l'ordre des préoccupations de la société française. Il tombe à point également que l'auteur des tueries soit d'origine maghrébine et se soit revendiqué d'appartenance à la nébuleuse intégriste islamiste. En s'appuyant sur cela, ils vont sans nul doute accentuer la nature stigmatisante de leur discours électoral qui impute à «l'étranger» - français musulman dans ce cas précis - et à l'émigration en France d'une manière générale, d'être les causes des problèmes sécuritaire et économique que vit la France. L'honneur et la sagacité politique des candidats en course à l'élection présidentielle, et au-delà du peuple français, vont être à l'épreuve avec cette tentative que Sarkozy et son camp feront pour essayer de recentrer le débat électoral sur la donne sécuritaire, avec pour bouc émissaire ces minorités françaises d'origine étrangère. A eux d'éviter ce piège dans lequel Sarkozy, l'UMP, mais aussi, bien entendu, la candidate de l'extrême droite fasciste, Marine Le Pen, veulent les faire tomber et occulter les vrais problèmes à l'origine de la régression de la France au plan économique, mais aussi de son influence dans le monde. |
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