La Libye a appelé ses voisins à une rencontre sur les frontières poreuses qui
sont devenues, depuis la chute de Mouammar Kadhafi, des lieux de transit
majeurs pour toutes sortes de trafic. C'est ce qu'a annoncé jeudi l'AFP, citant
un responsable au ministère des Affaires étrangères libyen. Cet appel, soulignons-le,
intervient moins d'une semaine après les menaces proférées par Mustapha Abdeljalil, le président du CNT libyen, de réexaminer les
relations diplomatiques de Tripoli avec les pays voisins qui accueillent des
figures de l'ancien régime recherchées pour crimes. Selon l'agence française, les
responsables de la sécurité de la région doivent se retrouver à Tripoli les 9
et 10 mars, afin de préparer une rencontre au niveau ministériel, en théorie
programmée les 11 et 12 mars. Cette conférence est mise à profit pour l'entame
de «consultations au sujet du contrôle des frontières afin de faire face aux
défis sécuritaires du présent et de l'avenir, y compris l'immigration illégale»,
a indiqué le Premier ministre Abdel Rahim al-Kib, selon des déclarations publiées par son bureau, jeudi.
La Libye a
ainsi invité de hauts dirigeants des ministères de la Défense et de l'Intérieur
de l'Algérie, du Tchad, de l'Egypte, du Niger, du Mali, de Mauritanie, du Maroc
et du Soudan ainsi que des experts en sécurité de chaque pays. Jeudi, les
ambassadeurs des pays concernés se sont retrouvés au ministère des Affaires
étrangères libyen pour mettre sur pied l'ordre du jour et régler les détails
logistiques. «La Libye
fait intégralement partie de son environnement africain, arabe et méditerranéen.
Nous sommes prêts à coopérer avec tout le monde», a déclaré M. Al-Kib. De son côté, un représentant de la tribu Toubou, en
visite à Tripoli, a indiqué à l'AFP que les hommes de sa tribu avaient fait de
leur mieux pour contrôler la zone frontalière désertique, qu'il a décrite comme
une plateforme pour le trafic de biens en tous genres et d'êtres humains. Mohammed
Senoussi a précisé que les Toubous et d'autres tribus
implantées dans la ville de Koufra (sud-est) ont mené des patrouilles
informelles pour contrôler la frontière depuis que le régime de Kadhafi est
tombé l'été dernier et que l'unité chargée de cette tâche a pris la fuite. Samedi
dernier, le dirigeant libyen Moustapha Abdeljalil avait annoncé que la Libye insiste sur le fait
que ses relations avec les pays voisins seront basées sur la position qu'ils
adopteront quand il s'agira de renvoyer des criminels et des personnes
recherchées. «Nos relations futures seront basées sur le niveau de coopération
de ces pays sur cette question», a ajouté M. Abdeljalil
lors d'une conférence de presse tenue à Tripoli. «Les autorités libyennes ont
arrêté des criminels qui prévoyaient de lancer des attaques terroristes avec le
soutien de personnalités de l'ancien régime réfugiées dans les pays voisins de la Libye», a-t-il poursuivi, sans
toutefois les identifier. M. Abdeljalil a en outre
accusé sans les nommer des pays voisins de donner « asile à des ennemis du
peuple libyen et d'ignorer des demandes du procureur libyen en vue de leur
extradition». Début février, le CNT avait demandé au Niger de lui remettre
Saadi Kadhafi, après qu'il a promis, dans une déclaration à la chaîne Al-Arabiya, de retourner en Libye où, selon lui, une grande
majorité de la population n'est pas satisfaite de la situation actuelle. «Nous
sommes en mesure d'assurer un jugement équitable» pour les personnes
recherchées par les autorités, a réaffirmé M. Abdeljalil,
avertissant que son «peuple ne pardonnera jamais à ceux qui ne lui remettent
pas des criminels».