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Pour l'Algérie, la hausse des salaires et le soutien des prix des produits
de large nécessité est «un choix politique», a affirmé, hier, le premier
argentier du pays, M. Karim Djoudi. Une petite
rhétorique s'est installée en fait sur les choix économiques de l'Algérie, qui
a décidé en 2011, en pleine tempête sociale, d'augmenter son soutien aux
produits de large consommation, comme le lait, l'huile et le sucre. En face, le
Fonds monétaire international (FMI) voit les choses différemment et appelle le
pays à une plus grande rigueur budgétaire. Interrogé sur ce rapport du FMI, rendu
public jeudi, M. Djoudi a expliqué que l'augmentation
des salaires et le soutien des prix relevaient d'un «choix politique» alors que
la réaction du FMI n'est qu'»une réaction purement économique». Il a ajouté que
grâce à la politique de soutien des prix, consolidée dans la loi de finances
pour 2012, le taux d'inflation en 2012 sera maintenu autour de 4%. Un taux que
M. Djoudi a qualifié d»acceptable», comparé à la
hausse continue des prix à l'échelle mondiale. Il a également affirmé que la
hausse des dépenses de fonctionnement en 2012, de 10% par rapport à la loi de
finances complémentaire pour 2011, est liée aux augmentations des salaires mais
aussi au soutien des prix des produits de base, un «choix politique» qui a
permis de maintenir l'inflation autour de 4,7%. En 2011, le taux d'inflation en
Algérie était en légère hausse à 4,5% contre 4% prévu par la loi de finances
pour 2011 et 3,9% enregistré en 2010. «Si nous n'avions pas soutenu les prix
des blés, du lait et de l'essence, l'inflation aurait été beaucoup plus
importante vu l'inflation mondiale», a fait remarquer M. Djoudi.
En fait, le budget de l'Etat pour 2012 consacre 2.850 milliards de DA (mds DA) pour les salaires du personnel, plus de 1.300 mds de DA pour les transferts sociaux et près de 200 mds de DA pour les subventions des produits de base: laits, céréales, sucre et huiles alimentaires. Une enveloppe que le FMI estime «importante», et capable de déséquilibrer les fondamentaux de l'Algérie, d'autant que les dotations allouées au budget de fonctionnement, estimées à plus de 4.600 mds de DA, ont doublé depuis 2008, où elles n'étaient que de 2.363,2 mds de DA (LFC 2008). L'analyse de la situation par le FMI est beaucoup plus «académique»: «la hausse des cours internationaux des produits alimentaires et les relèvements substantiels des salaires de la fonction publique ne se sont pas traduits par une progression sensible de l'inflation en raison des subventions accrues des produits alimentaires de base, d'une hausse de l'épargne des ménages, d'une plus grande demande d'importations et d'une politique monétaire vigilante», selon le rapport du fonds sur l'économie algérienne. Le FMI ajoute que l'inflation en Algérie devrait «se maintenir en 2012 aux alentours de 4% si la hausse des prix des produits alimentaires frais reste modérée et les pressions inflationnistes résultant de l'augmentation des salaires sont maîtrisées». Si le FMI prévoit une croissance entre 3 et 3,5% pour 2012 contre 2,5% en 2011, le ministre des Finances la place à 3% et celle des hydrocarbures à 7%. Pour autant, le FMI estime que «le budget restera déficitaire de 4% du PIB environ, l'augmentation des recettes budgétaires étant plus que compensée par une hausse de 32% des dépenses totales, en particulier des salaires de la fonction publique et des transferts», précisant que «l'orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années a, cependant, rendu la situation budgétaire vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole». Pis, le FMI estime que «des défis importants subsistent et encouragent les autorités à redoubler d'efforts en vue de préserver la stabilité macroéconomique, rétablir la prudence budgétaire et diversifier l'économie avec un secteur privé plus solide». Les administrateurs du FMI soulignent que «bien que les cours élevés du pétrole permettent de répondre aux revendications sociales urgentes et maintenir la stabilité sociale, cela devrait être géré avec prudence pour éviter des tensions inflationnistes et préserver la viabilité budgétaire à moyen terme». Pour le ministre des Finances, «les remarques du FMI mettent en évidence l'objectif principal du gouvernement algérien, à savoir la diversification de l'économie pour que la part des ressources provenant de l'activité économique augmente de plus en plus», a noté M. Djoudi. Le taux d'inflation en Algérie a enregistré une légère hausse à 4,5% en 2011, contre 3,9% en 2010, selon l'Office national des statistiques (ONS). Les prix à la consommation ont augmenté de 4,52%, situant l'évolution annuelle du taux d'inflation en 2011 à 4,5%, a expliqué l'office. Ce taux est légèrement supérieur à celui prévu par la loi de finances 2011 (4%) ainsi qu'à celui relevé en 2010 (3,9%). Cette variation haussière est due notamment à une hausse «relativement importante» des prix des biens alimentaires (4,22%), avec notamment 4,56% pour les produits agricoles frais et 3,94% pour les produits alimentaires industriels, explique l'ONS. |
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