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La Belgique en grève générale, les avions des gouvernants européens, attendus pour
un Sommet crucial, ont été déroutés vers un aérodrome militaire, loin de
Bruxelles.
La bataille entre le monde du travail et celui de la finance internationale s'annonce féroce, en ce début d'année 2012. Le symbole est fort : Bruxelles, capitale de l'Union européenne a été paralysée, hier, par une grève générale le jour de la tenue du Sommet européen, consacré à la relance économique. Une bonne partie des avions des chefs d'Etat et de gouvernement ont dû atterrir sur un aérodrome militaire situé à quelque 60 km de Bruxelles, celui de Beauvechain. Les leaders des trois principaux syndicats belges se sont présentés à la tête de cortèges de travailleurs grévistes devant le siège du Conseil européen, dès la matinée et ont émis, symboliquement, des «euros-bonds» pour signifier aux dirigeants européens que «l'austérité n'est pas la solution à la crise, mais qu'elle est le problème». C'est que les 27 chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à Bruxelles, ont inscrit à leur agenda l'examen de moyens supplémentaires contraignants pour une plus grande «discipline budgétaire», seul moyen de stopper l'aggravation de la dette et du déficit des Etats et de relancer la croissance économique. C'est cette vision ou stratégie de sortie de crise que conteste l'ensemble des syndicats européens qui appellent à plus de solidarité entre Etats et surtout à libérer le monde du travail et de l'économie réelle, des griffes de la spéculation financière internationale. Pour ce faire, le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) est au centre des débats entre gouvernements et syndicats. Les travailleurs et partis politiques de gauche, d'une manière générale, insistent pour une mutualisation de la dette européenne et souhaitent octroyer le droit à la BCE d'émettre des obligations ou euros-bonds à des taux préférentiels aux Etats pour qu'ils puissent supporter le poids de la dette et relancer la croissance et l'emploi. L'argumentaire qui défend cette dernière option n'est pas une simple attitude «idéologique» comme se plaisent à le répéter les gouvernements européens, en majorité de tendance libérale. C'est que la rigueur et l'austérité imposée depuis 2008 ont aggravé la crise financière qui s'est mue en une crise économique et sociale. L'orthodoxie financière adoptée par l'Europe, ces quatre dernières années, a mené à des situations économiquement absurdes : la BCE vient, par exemple, d'attribuer plus de 500 milliards d'euros de prêts à des taux très bas (1%) aux banques privées, alors qu'il lui est interdit, de part ses statuts, de prêter le moindre euro aux Etats. Du coup, ces derniers vont chercher les prêts à des taux usuriers (de 3 à 18% !) sur les marchés financiers mis en place par les banques privées. Autrement dit la BCE, patrimoine public, prête aux banques privées pour que ces dernières refinancent à des taux élevés, les Etats. Dans ces circonstances, les Etats seront condamnés à payer, éternellement, le service de la dette lorsqu'ils y parviennent. Par ailleurs, cette opposition des stratégies entre les gouvernements, partisans de l'austérité, et les syndicats défenseurs du pouvoir d'achat et de l'allègement du coût du travail, met en danger le dialogue social, principal outil de paix sociale. L'exemple de la Belgique est frappant : le gouvernement de coalition centre gauche a adopté, sous la pression de la Commission européenne, fin décembre en quelques jours, un plan d'austérité pour 2012, sans aucune concertation sociale avec les syndicats. Ces derniers ont répliqué par une grève partielle, le 22 décembre dernier pour aboutir, hier à l'occasion du Sommet européen, à une grève générale dans tout le pays. Selon des informations dignes de foi, la «bataille» est lancée dans toute l'Union européenne pour des grèves répétées dans toute l'UE, dans les prochaines semaines. Au train où vont les choses, il est clair que l'année 2012 sera une année de luttes sociales et d'affrontements entre le dictat des banques et le monde du travail. |
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