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Tizi-Ghenif est la dernière
commune de la wilaya de Tizi-Ouzou sur la route de nulle part de Boumerdès, sur l'axe décrépit Les Issers-Draa
El Mizan. L'investissement privé s'y conjugue au
futur. Projet d'une zone industrielle intercommunale et désenclavement avec
l'autoroute voisine. En attendant, l'argent public décide de tout.
Et la bataille pour les mandats électifs en devient vitale. La ville, mélange de bâtisses coloniales, «staliniennes» et d'autres modernes, offre un décor contrasté. Très morne. Moche. Aucun espace vert, aucun jardin, aucune terrasse. Les bâtisses illicites, par contre, poussent partout. Les trottoirs sont squattés par des commerçants cupides. Les rues, pleines d'ornières, sont réduites comme des allées de prisons. La ville grouille pourtant de monde et les cafés sont pleins comme des œufs. «Ici, la misère et le dénuement des uns font très bon ménage avec la prospérité des autres. Les gens de Tizi-Ghenif ont beaucoup d'argent. Ils ont tous travaillé en France. Le commerce marche relativement très bien. Rien de plus» explique un habitant. M. Djidda, président de l'APC de Tizi-Ghenif, est plus précis sur le sujet : «l'investissement est quasiment inexistant dans la région.» DEMAIN, UNE ZONE INDUSTRIELLE ET UNE PENETRANTE AUTOROUTIERE Pas d'investissements privés, tout revient à l'argent public. «Ici, il faut frapper sur la table pour avoir sa part !» tonne un ex-élu de la commune de Tizi Ghenif. C'est à l'APW de Tizi Ouzou que se joue le sort des petits projets locaux. Malheur à celui qui n'y a pas de voix. «Le FFS, le RCD et le FLN règnent en véritable maîtres à Tizi-Ouzou. En tant que maire, si vous n'êtes pas du parti de la majorité APW, vous êtes amené à mener le combat de Sisyphe», observe l'ex-élu. Tizi-Ghenif, comme nombre d'autres communes, est «victime», pour ainsi dire, non pas seulement des pouvoirs publics, comme le laissent entendre certains, mais aussi «des guéguerres partisanes que se livrent les partis politiques dans la région. Le plus souvent au détriment du développement local. Un large sourire se déploie sur le visage de M. Djidda, ancien directeur de la DAL-DRAG de Tizi-Ouzou, élu à la tête de l'APC de Tizi-Ghenif en indépendant : «Lorsque nous sommes venus en 2007, nous avions au programme deux axes principaux : le règlement de l'épineux problème de l'eau que vit la région depuis des décennies et la lutte contre le chômage à travers la création d'emplois durables. Aujourd'hui, le problème de l'eau est réglé presque à 100%. Pour le deuxième axe, le Conseil des ministres a validé récemment la création d'une zone industrielle intercommunale entre Tizi-Ghenif et Drâa-El-Mizan sur un site de 116 hectares extensible. Cette zone industrielle va être d'un grand apport pour toutes les communes de la région d'autant plus que la pénétrante liant Tizi-Ouzou à l'autoroute Est-Ouest facilitera considérablement le trafic routier.» Ce projet, pris en charge par l'ANIREF, «va booster le développement dans la région», estiment les élites locales, «il va redonner vie à Tizi-Ghenif». LE «VILLAGISME»DES ELUS N'ARRANGE RIEN La promesse de cette ouverture sur le pays par l'autoroute voisine s'ajoute à des projets plus modestes, mais plus rapides à réaliser : aménagement et revêtement des chemins communaux et de villages, assainissement et réhabilitation des réseaux AEP, construction d'aires de jeux, d'une bibliothèque, réalisation de logements, tous types confondus, dont 546 sont achevés et 469 en cours. Tizi Ghenif doit être dotée également d'un institut de formation professionnelle, d'un stade, d'une salle polyvalente d'environ 1000 places, et d'une gare routière. L'extension du service de ramassage des déchets managers à tous les villages de la commune ainsi que nombre d'autres projets d'utilité publique sont au programme. Mais, évalue M. Chibane, coordinateur communal du RND, «le bilan aurait pu être plus intéressant si les élus de l'exécutif communal s'impliquaient davantage dans les affaires de la commune. Une simple virée sur le terrain vous fera comprendre que chaque élu privilégie son propre village en distribuant d'une manière inéquitable les projets de développement communal. Quant à la zone industrielle, le mérite revient plus à M. Ouyahia qui a promis des projets de développement à la région lors de sa visite à Drâa-El-Mizan en 2009, qu'à l'Exécutif communal.» COMMENT ATTIRER DES COMPETENCES A L'APC AVEC 15 000 DINARS «Le problème de la centralisation», «la lenteur bureaucratique», «le manque d'autonomie financière» ainsi que «la mal définition des prérogatives des élus par rapport à celles du chef de daïra, du trésorier, du commissaire de police, etc.» sont les plus cités pour expliquer la lenteur de la mise en œuvre du développement à Tizi Ghenif. «On nous demande tout et on nous donne rien !» s'indigne M. Djidda, le maire de la ville. «Le manque de coordination entre l'APC et l'administration entraîne de grands retards et l'opacité des lois fait que toutes les questions dépendent de l'humeur des uns et des autres, fait que nous nous appuyons, dans la plupart des cas, sur nos relations personnelles.» Triste. «Les APC sont gérées presque clandestinement,» comprend, en dernière analyse, Mokrane, étudiant. Mais que faire ? «Il faut un cadre juridique clair», tranche M. Djidda. Cela pourrait ne pas suffire à Tizi Ghenif. La rareté de la ressource humaine qualifiée empêche les programmes de développement locaux de se déployer. C'est que les profils de «candidats APC» ne correspondent souvent à aucune mission. L'expérience fait l'affaire quelques fois, pour les autres «c'est la catastrophe». «Les partis ont peur des compétents ; ils voient en eux des rivaux, c'est pourquoi ils les marginalisent» nous explique Amar, ex-journaliste à Algérie-Actualité. M. Djidda explique la chose autrement : «les indemnités des élus locaux sont de 15000 DA. L'APC, par conséquent, n'attire pas les bonnes volontés et les compétences». «Une fois élu, pourquoi l'Exécutif communal ne sollicite pas les compétences locales pour des orientations nécessaires au bon fonctionnement de la commune et de son développement ?» s'interroge un universitaire de la région pour qui les élus communaux ne se soucient jamais du développement de leur commune. M. Djidda se défend sur ce point : «après avoir pris ma retraite, j'ai constaté que beaucoup de choses vont mal à Tizi-Ghenif. J'ai décidé alors de me porter candidat à l'APC, de mettre mon expérience à son service et de contribuer, autant que faire se peut, à sortir la commune de son arriération». Les choses vont mieux, mais le handicap est toujours là. «Déficit flagrant en matière de ressources humaines au niveau des APC». |
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