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Djezzy : Sonatrach se murmure pour une acquisition qui fait monter le titre Vimpelcom

par El Kadi Ihsane

L'acquisition de Djezzy par l'Etat algérien devrait connaître son dénouement avant avril, selon le ministre des Finances Karim Djoudi. La data room de OTA/Djezzy est ouverte et l'évaluation financière ne devrait plus tarder. Les obstacles sur le chemin de cette transaction sont pourtant encore très nombreux. Mais ne dérangent pas Vimpelcom dont l'action est en hausse avec la perspective de l'arrivée dans sa trésorerie de 3 ou 4 milliards de dollars de cash en 2012.

C'est peut être plus une omission, qu'une déclaration, qui révèle toute la difficulté qui attend une possible transaction entre l'Etat algérien et les propriétaires russo-norvégo-égyptien de OTA sur la première opération de téléphonie mobile en Algérie. Elle est relevée par l'expert financier algérien Farid Bourennani : «le communiqué publié sur le site du ministère des Finances algérien au sujet de l'accord sur Djezzy, ne reprend pas un paragraphe important publié sur le site de Vimpelcom». Il s'agit d'une sorte de veto que détient l'assemblée générale des actionnaires du groupe égyptien d'Orascom Telecom Holding SAE sur les termes d'un accord futur entre Vimpelcom et le ministère des Finances algérien pour l'acquisition par l'Etat algérien de 51% du capital de OTA/Djezzy. Maintenant que l'Etat algérien ne parle plus de droit de préemption dans cette transaction, qu'il accepte de négocier à l'amiable une offre d'achat d'une partie du capital de OTA, avec Vimpelcom son nouvel actionnaire majoritaire ; OTH, le groupe de Naguib Sawiris actionnaire dans Vimpelcom, réapparait dans le jeu comme arbitre. Et peut tout faire capoter si la rémunération proposée par l'Etat algérien, pour les actions qu'il veut acquérir, ne le satisfait pas. Un détail que le ministre Karim Djoudi a semble-t-il tout intérêt à cacher à sa double tutelle du premier ministère et de la présidence de la République. «Seuls éléments tangibles jusqu'à présent, résultat des différentes annonces, les cours boursiers de Vimpelcom (cotée au NASDAQ) et OTH SAE (cotée en Egypte et à Londres) ont connu une forte progression, ce qui démontre qu'il s'agirait là d'une excellente et inespérée transaction pour les actuels actionnaires étrangers de OTA/Djezzy» note finalement Farid Bourennani, lorsqu'il commente les dernières évolutions du dossier. Les investisseurs de la place de Londres auraient donc avantageusement anticipé la sortie d'Algérie d'environ 3 ou 4 milliards de dollars en fonction des hypothèses de valorisation de OTA pour 51% de son capital. Une «énorme» décision impactant la balance de paiement, proposée par le gouvernement algérien dans le calendrier du premier trimestre de 2012 un peu comme un simple virement postal.

SONATRACH POURRAIT ENTRER DANS DJEZZY DIX ANS APRES

La liste des entraves qui peuvent encore faire échouer ou retarder l'accomplissement du protocole d'accord entre le ministère des Finances et Vimpelcom demeure longue à fin janvier 2012. Elle comporte outre l'accord sur le prix, le nouveau pacte des actionnaires, les modalités de paiement, l'aval de OTH SAE, une incertitude sur le véhicule algérien de l'acquisition. Karim Djoudi a annoncé la semaine dernière qu'il s'agirait d'une entreprise publique sans citer laquelle. Algérie Télécom est de fait hors jeu aux yeux de Farid Bourennani : «L'Etat est déjà propriétaire d'un groupe public des télécoms avec à l'exception du mobile, des positions de monopole ou quasi monopole dans la téléphonie fixe, l'internet pour le grand public, les raccordements VSAT. L'opérateur public est depuis sa création orphelin de partenaire technique international et ne joue pas son rôle fondamental de locomotive pour le développement des services de télécommunication du pays au même rythme que les autres pays du monde. Les performances de gestion sont très opaques, en dehors du nombre d'abonnés et du nombre de salariés (plus de 30 000), pas de rapport annuel publié, nous ne connaissons pas ses états financiers, ni en terme de comptes d'exploitations, ni en terme bilanciel (actif/passif), ni en terme de plan de développement stratégique» Sonatrach est le plus souvent cité à Alger pour être le bras légal de l'Etat dans la prise des 51% du capital de Djezzy. «C'est une option qui n'est pas du tout improbable» a confirmé une source dans le haut management du géant énergétique national. «Sonatrach créerait une filiale dans les télécoms où elle a déjà un savoir-faire en interne, et selon le montant de la transaction pourrait s'emparer de la majorité de Djezzy». Détail assassin : «en 2002, lorsque Naguib Sawiris a remporté la seconde licence GSM en Algérie, il était à la recherche d'un puissant partenaire local dans le tour de table de sa filiale algérienne. Sonatrach était prête à en être. Ce sont les autorités algériennes qui ont refusé», exigeant un investissement quasi totalement étranger, révèle Farid Bourennani qui était proche du montage financier de OTA à cette époque. Aujourd'hui, l'Etat algérien va acheter et expatrier au prix fort du capital qu'elle aurait pu valoriser pour presque rien en mise de départ, il y a dix ans. Ce n'est pas la dernière des incohérences dans cette chaotique affaire Djezzy.