Dans une conférence de presse, Bouziane Benachour, le chargé de
communication du FOFA a déclaré que cette manifestation essaye de rester en
dehors des pesanteurs politiques. Probablement, notre confrère voulait dire que
les considérations politiques n'ont pas présidé la sélection des films en
compétition. Cependant, les films qui ont été projetés ont, chacun à leur
manière, abordé cette dimension, démontrant que l'art, notamment le plus
populaire de tous, ne peut pas demeurer en dehors des préoccupations des
sociétés dans lesquelles il évolue. C'est justement le cas de «Parfums d'Alger»
de Rachid Benhadj, où la préoccupation esthétique n'a pas été sacrifiée sur
l'autel de l'engagement politique. Le film revient sur une période charnière de
l'Algérie actuelle: la décennie noire. Mieux, le film se permet de bousculer
certaines constantes puisqu'il accuse «le moujahid» de traitrise en usant de la
symbolique. En effet, le père (rôle assumé par Sidi Ahmed Agoumi) va violer la
fille de son compagnon de lutte qu'il a adopté. Et du coup, il va provoquer la
dislocation de sa famille puisque sa fille va s'exiler en France et son enfant
rejoindra les hordes terroristes. Une lecture des causes de la crise algérienne
par Benhadj. On retrouvera ce thème d'éclatement familial mais cette fois ci à
cause du terrorisme dans le film algérien «Yemma» de Djamila Sahraoui. Au sein
de la même famille, un garçon va rejoindre les terroristes et l'autre
s'enrôlera dans l'armée. Mais heureusement que la mère, endeuillée suite au
meurtre de son fils par les terroristes et l'autre frère se rangent du côté de
l'ordre et renient l'enfant terroriste.
Nous retrouverons la dimension politique dans les deux films syriens, les
plus attendus de ce festival en raison de l'actualité dans ce pays. «My last
friend» de Joud Said, montre la montée en puissance d'une autre génération
d'éléments des services secrets sans scrupules. Comparativement à l'ancienne
génération, ils sont formés dans des écoles étrangères, notamment russe. C'est
cette génération qui va s'illustrer par sa cruauté durant la guerre qui
ensanglante ce pays. Quant au film libanais «33 jours» de Jamal Shoorje, il est
produit par et pour les besoins de propagande du Hizboallah et de l'Iran
coproducteur de cette œuvre. D'ailleurs on attribue les prouesses techniques de
ce film à la contribution iranienne. Le film jordanien «When I saw you» de Anne
Marie Jacir est lui aussi à mettre sur le compte du cinéma engagé. Ce film
revient sur les conditions de vie des Palestiniens dans un camp en Jordanie et
sur les conditions difficiles de la naissance de la résistance armée
palestinienne dans ce pays. Au-delà, le film montre cette préoccupation de
retour au pays natal très ancrée chez les Palestiniens à commencer par les
enfants. Même le film marocain «la cinquième corde», le plus plaisant de tous puisqu'il
s'attaque visiblement au patrimoine musical dans ce pays peut s'apprêter à une
lecture politique. Au-delà du patrimoine musical, c'est la transition vers la
modernité qui est traitée dans ce film. Conflictuelle, cette transition est
réussie sans grands heurts. Selma Bergach, encore jeune, fait preuve de
beaucoup d'optimisme dans son premier film. En tout cas, ce festival, malgré
les écueils de l'organisation, a montré un cinéma arabe digne d'intérêt.