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2011 a tenu une partie de ses promesses. Mais la révolution n'a pas
tenu les siennes. On aura donc la transition qu'on peut.
2011 avait commencé dans l'euphorie de la révolution et la fièvre de la contestation. Elle se termine dans la confusion, avec ce vague sentiment de révolution inachevée, ou avortée. Et aussi, parfois, ce sentiment d'avoir été entrainé vers des rivages non souhaités. En Algérie comme ailleurs dans le monde arabe, s'est installée cette ambigüité liée au cheminement tortueux la révolution. Celle-ci avait libéré une formidable énergie, révélant une immense capacité de contestation dans une région du monde considérée jusque-là comme apathique, insensible à la démocratie et à la modernité. Mais elle a surtout créé une attente d'un monde nouveau, meilleur, fait de liberté, de démocratie et de mieux être. Le résultat reste ambigu. Il y a, certes, la fin du régime de Maammar Kadhafi, qui constituait une condition nécessaire pour débloquer la situation en Libye. Il y a aussi le fait que Moubarak et Ben Ali ont quitté la scène, et qu'ils seront bientôt suivis par Ali Abdallah Salah et, probablement, Bachar El-Assad. Mais nulle part, le dénouement n'a été à la hauteur des espérances. Y compris en Tunisie, où le cours du changement semble le plus prometteur. En Tunisie, la révolution démocratique a débouché sur un accès des islamistes au pouvoir. Des islamistes modérés, certes, mais des islamistes tout de même. Ce qui signifie que le pays est désormais ouvert à la machine de propagande qui peut, en une décennie, transformer le pays en un Tunisistan, alors que rien ne montre que la Tunisie dispose des ressorts nécessaires pour faire face à une telle dérive. En Egypte, pays le plus influent du monde arabe en raison de son poids démographique, le mouvement a pris plus d'ampleur. L'islamisme y représente les deux tiers de l'électorat, et la société en est si imprégnée qu'aucun mouvement ne semble en mesure de contrer la machine qui s'est mise en place. Des bruits courent sur de possibles arrangements entre l'armée et les frères musulmans, ce qui scellerait, et pour longtemps, le sort du pays. En Syrie, la situation s'est crispée, car les enjeux risquent d'être encore plus importants. Ce n'est pas seulement le sort du régime de Bachar El-Assad qui se joue, mais l'avenir de toute la région. Liban, Iran, Irak, Turquie, Palestine, toute la région subira les effets de la crise syrienne, avec une probable disparition du verrou syrien, devenu prioritaire pour la diplomatie américaine et française. Mais c'est en Algérie que 2011 aura été la plus décevante. L'année avait commencé dans la fièvre des émeutes, pour se terminer dans l'impasse de fausses réformes. Le pouvoir a visiblement pris des chemins de travers pour éviter d'aborder les problèmes de front. Il a, dans un premier temps, tenté de transformer la contestation en une émeute de la faim, pour occulter le mal-être qui domine la société algérienne. Les Algériens manquaient de pain, en raison de perturbations du marché, non de liberté, répétait le pouvoir. Il a même suscité la création d'une commission d'enquête parlementaire, qui a publié un rapport ridicule sur la question. Mais la réalité s'est rapidement imposée, et le pouvoir a tenté de désamorcer les questions de fond, en annonçant de nouvelles réformes, qui devaient déboucher sur une nouvelle donne législative dans les principaux domaines de la vie politique. Les choses ont cependant rapidement viré au ridicule, quand le parlement a voté des lois qui restreignent le champ des libertés, des textes plus restrictifs même que ceux adoptés sous Liamine Zeroual, au pire de la décennie 1990. Ces lois ont consacré une situation de fait, dominée par les interdits et le règne du non droit, alors que les émeutes de la première semaine de l'année constituaient précisément une explosion contre ce sentiment d'étouffement qui asphyxie la société algérienne. C'est dans ce climat de régression que s'engage l'année 2012. Où mènera-t-elle ? le champ est tellement balisé que les surprises sont exclues. Ce sera une autre année de consolidation du statuquo. Les lois nouvelles sur les partis, l'information, les associations et la presse seront mises à exécution, ce qui légalisera une situation subie jusque-là en dehors de la loi. Le pays vivra aussi des élections législatives et locales, lieux traditionnels de la distribution des strapontins. Une vie politique va donc se créer, autour de ces enjeux, ce qui mobilisera une bonne partie de l'Algérie officielle. Mais en arrière plan, se profilera déjà 2014, qui verra la première élection post-Bouteflika. Ce qui se passe aujourd'hui est, en partie, une mise en place du dispositif en vue de cette échéance. 2012 sera donc une année de transition vers la préparation de 2014, pas celle de la transition vers un nouveau système. Bonne année tout de même. |
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