
Nous
sommes en pleine aventure, dans l'une de ces captivantes nouvelles de «l'Heroic-fantasy» de la belle époque de la littérature de
Science-fiction (SF). Dans les années d'entre les deux guerres, c'était en fait
le monde des anachronismes, la dimension des contraires, la galaxie des futurs
impossibles. On rêvait éveillé, quoi ! Et chez nous, c'est également un peu de
cette atmosphère qui gicle sur l'actualité nationale, mais au début du
troisième millénaire, et non pas au milieu du 20ème siècle. Les terriens des
années 30-40 et même, tiens, des années 50, comprendraient-ils quelque chose
quand on leur annonce qu'en Algérie des années 2011, les gens sortent dans la
rue déverser leur colère parce qu'il a plu à torrent et que leurs habitations
prennent l'eau de toutes parts à chaque grosse averse? Assurément non, puisque
les lois de la physique, pas celle quantique, mais du BTP veulent qu'une maison
décente, normale quoi! comme disent les jeunes
d'aujourd'hui, a un toit et qu'en principe, ce toit ne doit pas laisser filtrer
l'eau de pluie. Et puis, le sol et le sous-sol ne doivent pas laisser également
l'eau entrer dans la maison. Sinon, ce sera un défi à la nature des choses et à
la physique. Pourtant, en Algérie des années 2011, il y a toujours des gens qui
ont peur de la pluie. Ils en ont tellement peur qu'ils prient qu'il ne pleuve
pas trop, histoire de ne pas ramer à l'intérieur de la maison pour en sortir, pour
avoir la vie sauve et ne pas se noyer près de son lit. Quel cauchemar, n'est-ce
pas? Si c'est pas de la SF, c'est quoi alors ? Faut-il dès lors tout
remettre en cause, revoir les plans de construction, les plans d'occupation des
sols, voire même l'autorisation de construire pour alpaguer le responsable de
ces ?'peurs paniques'' qui sourdent dans les chaumières de l'intérieur du pays
et même des grands villes lorsque vient le temps de la pluie et de la neige ? Y
a-t-il un responsable sur qui éteindre cette colère qui surgit ici et là à
chaque inondation, à chaque grosse giboulée, même si elles ne sont pas de mars ?
Annonciatrice de prospérité, de richesse et de bien-être économique et aisance
alimentaire ailleurs dans le monde, la pluie, chez nous, n'en déplaise aux
tenants des petits calculs sur les niveaux des barrages, est perçue dans
beaucoup de régions comme une calamité naturelle. Quelle misère du
développement local dans un pays qui possède les réserves en devises les plus
grasses de ce côté-ci de la
Méditerranée ! Faut-il en vouloir à l'Etat qui laisse faire, à
la commune qui ne sait sur quelle boussole danser ou à celui qui construit dans
les zones inondables ? A Oran ou ailleurs, à Annaba ou El-Tarf,
à Tamanrasset ou Ouargla, il y aura toujours de grosses pluies avec de
potentielles inondations. Le problème, du moins pour ceux qui sont chargés de
gérer la vie de la cité, est de savoir comment les éviter à temps, sinon les
empêcher.