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Précisément, après la crise financière,
les États-Unis entrent dans les fameux programmes de «quantitative easing». Cette politique monétaire américaine non
conventionnelle fait gagner la Chine près de 500 M$ d'excédents commerciaux, en
2009, alors que l'Occident est en récession. Certes, le taux de croissance de
la Chine qui était de 14,2% en 2007, s'est abaissé en 2008 et 2009, mais il est
resté toujours élevé, respectivement 9,6% et 9,2% du PIB. En 2010, de nouveau,
la Chine engrange près de 500 M$, ses réserves passent à 2.914,154 M$. Ce n'est
qu'en 2012, que le taux de croissance a chuté, il est à 7,8% du PIB
(pratiquement de moitié du record qu'elle a battu en 2007). (2) Ses réserves de
change continuent d'augmenter, et en 2014, elles s'établissent à 3.952,130 M$.
(1)
La Russie, pays exportateur de pétrole et de gaz, a aussi vu ses réserves passer de quelques dizaines de milliards de dollars en 2000 à 124,541 M$, en 2004. A la fin de la première période, les réserves de change de la Russie ont presque quadruplé, elles s'établissent à 427,080 M$. Lors de la deuxième phase, elles culminent, en 2012, à 537,618 M$. L'Arabie Saoudite, premier producteur et premier exportateur des pays de l'OPEP, a vu ses réserves de change s'accroître. Elles s'établissent à 743 M$ en 2014. Les autres pétromonarchies arabes ont toutes vu leurs réserves de change augmenter. L'Algérie, disposant de réserves de change minimes, et de surcroît endettée, redoutait même en 1998-1999 un nouveau programme d'ajustement structurel (PAS). Elle a déjà subi un PAS en 1994 et qui a mis 3 ou 400.000 travailleurs au chômage. Un nouveau PAS serait une véritable tragédie pour l'économie algérienne. Le baril de pétrole en 1998, il faut rappeler, est tombé très bas, à 10 dollars. Un minikrach pétrolier à l'époque, suite aux crises en cascades entre 1997 et 1998 (crise asiatique en 1997, crise brésilienne et russe en 1998). La première phase a été miraculeuse pour son économie. Ses réserves de change ont atteint 77,781 M$ en 2006. L'année suivante, elles passaient à 110,180 M$. Quant à la dette extérieure, elle a été en grande partie remboursée. De 58,3% en 1999, elle passait à 34,2% en 2003. Elle ne représentait plus que 3,6% du PIB en 2007. (3) Un record grâce à la hausse des cours pétroliers. Les réserves de change augmentaient encore en 2008, et à la fin de l'année, atteignaient 143,102 M$. Fin décembre 2009, elles augmentaient et passaient à 148,95 M$. A la fin de la deuxième phase, c'est-à-dire fin juin 2014, l'encours des réserves de change de l'Algérie s'élevait à 193,269 milliards de dollars, et la dette extérieure était très basse à 3,719 milliards de dollars. (3) Les réserves de change des pays émergents et des pays exportateurs de pétrole ont fortement augmenté durant les deux phases historiques en ce début de XXIe siècle, et similairement les dettes publiques et les déficits courants et publics aux États-Unis et en Europe ont fortement augmenté. Ce qui nous fait dire, par conséquent, que le reste du monde par les réserves de change qu'il détient, détient une partie importante de la dette publique et privée occidentale. Toutes ces réserves de change sont donc de la dette extérieure américaine et européenne émises par leurs Banques centrales occidentales. Dès lors que les pays du reste du monde placent leurs réserves de change aux États-Unis et pour des raisons de diversification en Europe, il rend les États-Unis et l'Europe débiteurs. Et le reste du monde devient de facto son créditeur, son bailleur de fonds; mais il faut relativiser la situation du bailleur du fond qui est l'étranger. En effet, si le reste du monde peut aussi prélever des richesses de l'Occident en contrepartie de ses réserves de change, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que ce reste du monde dépend des liquidités monétaires injectées par l'Occident. En fait : «qui mène le jeu mondial, l'Occident ou le reste du monde ?», il va de soi que c'est l'Occident nonobstant l'endettement en hausse de l'Occident. Mais cette dette que détient le reste du monde sur les États-Unis et l'Europe est considérable, la question qui se pose : «ces deux grands pôles économiques du monde pourront-ils payer, pourront-ils rembourser leurs dettes au reste du monde ?» C'est là la problématique. Il ne s'agit pas de dettes publiques ou privées intérieures, mais de la dette extérieure ou position extérieure nette. On sait très bien qu'un Etat endetté sur le plan intérieur ne fait jamais faillite. Il a les pouvoirs financiers et monétaires, et malgré son endettement, il peut toujours faire reculer la dette en émettant d'autres emprunts ? l'emprunt rembourse l'emprunt et l'inflation. Le Japon a une dette publique qui dépasse les 200%, dont 90% de la dette est détenue par les citoyens du Japon. La dette extérieure est très faible, et il est le deuxième détenteur de réserves de changes du monde après la Chine. Mais, concernant la dette extérieure, tout Etat devient un obligé, il doit rembourser la dette car il y va de sa crédibilité, il doit donc rembourser ce qu'il doit. Un Etat en développement ou un Etat émergent ne poserait pas de problèmes pour le remboursement de la dette extérieure. S'il ne remboursait pas, il serait rapidement confronté à une situation extrêmement grave, qui deviendrait intenable. Son «isolement» ? le pays refuse de payer ? par les marchés financiers internationaux le mettrait dans l'alternative soit de payer, soit (s'il n'a pas les moyens) de «rééchelonner sa dette» et l'octroi d'un prêt financier en échange de conditionnalités (ouverture de son économie, privatisation, etc., qui constituent de véritables oukases, l'économie est dirigée de l'extérieur comme la Grèce aujourd'hui), soit s'il refuse de payer, le pays est poussé dans le chaos (sans argent, le pays s'installerait dans une guerre civile). La Malaisie, lors de la crise asiatique en 1997, a pu se passer du FMI. Elle a procédé elle-même à des réformes sans l'appui du FMI, sans aide financière, mais sa dette vis-à-vis de l'extérieur a été honorée. Il ne pouvait être autrement sinon les marchés financiers se fermeraient. 3. Débat entre Jacques Attali et Jean-Luc Mélenchon sur la dette de la France et, par extension, la dette américaine Pour un pays détenteur de monnaie internationale comme le sont les États-Unis, l'Europe, le Royaume-Uni et le Japon, la Chine, leurs dettes extérieures libellées en leurs monnaies ne les exemptent pas de rembourser, sinon le système monétaire international bâti sur leurs monnaies perdrait de sens. Dans une émission-débat (4) «Des paroles et des actes entre Jean-Luc Mélenchon et Jacques Attali», les deux participants débattaient de la dette de la France. Attali : «Si nous menaçons de cesser de payer notre dette, d'abord il faut se souvenir que à peu près la moitié de la dette de l'Etat français est détenue par des Français, donc, on devra menacer aussi les épargnants français. (...) La moitié de la dette appartient à des Français, l'autre moitié appartient à des Européens et à des non Européens. Voilà (...) Si nous décidions de cela. Pour qu'une menace de ne pas payer, il faut qu'elle soit crédible. (...) Si la France menace de ne pas payer, il faut que la France soit crédible. (...) parce que ce n'est pas crédible, M. Mélenchon. Une menace qui ne peut pas être exécutée n'est pas crédible. Pourquoi elle ne peut pas être exécutée ? Parce qu'elle est la première victime ? Parce que si on le fait, la première victime immédiatement c'est la France. Bien avant les autres. Bien avant les autres. (2 fois répétées) Mélenchon : «Pourquoi ?» Attali : «Parce que les taux d'intérêt augmenteront et on sera mort». Mélenchon : «Cette dette (de la France) ne sera jamais remboursée, M. Attali. Osez dire le contraire devant les spectateurs. (...) A aucun moment, jamais dans l'histoire, des dettes de cette ampleur n'ont été payées. De la même manière que jamais les États-Unis d'Amérique ne solderont la masse de dollars qu'ils ont mis en circulation et qui ne correspondent à aucune valeur matérielle. Par conséquent, le monde entier est menacé par ce fait-là.» Attali : «Absolument» Mélenchon : «A l'intérieur duquel se penche la politique des Français et la politique de l'Europe. Cette dette ne sera jamais payée, M. ! Plus on essaie de payer cette dette et moins on y arrivera. (...) Attali : «Ce qui veut dire que vous allez ruiner ceux qui ont prêté à l'Etat, y compris la moitié des Français». Mélenchon : «De quelle manière peut-on solder une dette de cette importance ? Attali : «Par la croissance, par la guerre, par l'inflation. Voilà les trois façons». Mélenchon : «Et vous oubliez un cas, c'est curieux vous ne l'avez pas prévu. Remboursez en faisant une politique d'austérité. C'est ce qu'il faut». (...) Mélenchon : «Si la crise dure, c'est parce que nous refusons d'admettre cette évidence. Et vous Jacques Attali, vous le savez comme moi. Il y a donc quatre manières d'en sortir. Une qui est la mauvaise, c'est celle qu'on applique (l'austérité). Qu'est-ce qui reste ? La guerre, ni vous ni moi ne la souhaitons. Qu'est-ce qui nous reste ?» Attali : «L'inflation». Mélenchon : «C'est l'inflation qui m'intéresse». Attali : «Alors, voyons, l'inflation, très bien, c'est une solution». Mélenchon : «Vous préférez l'inflation ou la mort ? Je préfère l'inflation». Attali : «Parfait». Mélenchon : «Chiffrez cette inflation. Menez le total des dettes européennes, monétisez par la Banque centrale européenne, combien d'inflation ? Quatre à cinq points. Et bien vive les quatre à cinq points et rendez-nous notre boulot, permettez-nous de vivre. Arrêtez nous de faire payer une dette que personne ne remboursera jamais». David Pujadas : «Possible ou impossible, Jacques Attali». Attali : «J'ai beaucoup écrit sur cette question...». Mélenchon : «J'ai raison ou j'ai tort ?» Attali : «Vous avez raison à l'échelle européenne pas à l'échelle nationale... si vous faîtes ça en France (monétisation de la dette), vous condamnez la France à sortir de l'euro, ça ne marchera pas... Moi aussi, je suis favorable à un peu plus d'inflation mais faut avoir conscience de ce que ça signifie... L'inflation, c'est un impôt sur les pauvres, sur les retraites des pauvres. Je dis que ça serait pire. C'est pour ça que l'inflation est bonne pour les jeunes et mauvaise pour les personnes de 40 ans parce qu'eux ont une épargne. Dès que vous avez une épargne, l'inflation est mauvaise. C'est pour ça qu'aujourd'hui dans la société occidentale en général, qui est une société qui a vieilli, le pouvoir a été pris par les seniors de plus de 40 ans. Et c'est pour ça que l'inflation est impossible aujourd'hui». Mélenchon : «Allemand». Attali : «pas seulement Allemand, mondialement, et au Japon en particulier.» Pujadas : «Jacques Attali, impossible mais souhaitable d'après vous cette politique de l'inflation ?» Attali : «A l'échelle européenne, c'est une politique tout à fait possible». Attali : «L'inflation est jouable qu'à l'échelle européenne». Mélenchon : «Nous sommes d'accord. Alors comment on peut s'y prendre ?» (...) Pujadas (au terme du débat) : «Jacques Attali, est-ce qu'on peut connaître votre méthode à vous si vous en avez une pour tenter d'y arriver. Puisque vous avez des objectifs communs». Attali : «Je pense qu'il faut discuter très sévèrement avec les Allemands et proposer aux Allemands un plan très cohérent qui soit, un : se doter au niveau de l'Eurozone d'un pouvoir fédéral ayant les moyens d'emprunter et on peut emprunter 1.500 milliards pour investir demain matin. Ça on peut le proposer. Je pense que ça n'a pas de sens si on ne fait pas en même temps une avancée politique et pour ça, je propose de séparer le Parlement en deux, un Parlement à 27, il est à Bruxelles, il doit y avoir un Parlement à 17». Mélenchon : «Ça ne m'a pas l'air plus rapide que ma méthode votre affaire. A suivre *Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,Relations internationales et Prospective Notes : 2. La croissance chinoise au plus bas depuis 13 ans. 18 janvier 2013 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/01/18/20002-20130118ARTFIG00299-la-croissance-chinoise-au-plus-bas-depuis-13-ans.php 3. Tendances monétaires et financières au second semestre 2007-au second semestre 2008- au second semestre de 2009-au premier semestre 2014-au premier semestre 2015 http://www.bank-of-algeria.dz/html/notes7.htm http://www.bank-of-algeria.dz/html/notes5.htm http://www.bank-of-algeria.dz/html/notes1.htm http://www.bank-of-algeria.dz/pdf/notedeconjoncture_n45.pdf http://www.bank-of-algeria.dz/pdf/nc49.pdf 4. Jean-Luc Mélenchon assène la vérité à Jacques Attali ? «La dette ne sera jamais remboursée !» 20 août 2013 http://youtube-downloader-mp3.com/watch-jean-luc-mlenchon-assne-la-vrit?jacques-attali-quot-la-dette-ne-sera-jamais-rembourse-quot-id-KN5hNoUeYGY.html |
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