|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Suite et fin
LES NEUF HISTORIQUES SONT-ILS LES HERITIERS DU MESSALISME? Les neufs historiques sont-ils les héritiers du Messalisme? On relève que les initiateurs du 1er Novembre ont rallié à eux les islamistes, les notables de toutes obédiences, laïques, berbères, des amis de la cause algérienne de toutes confessions mais dans le gros des troupes proviennent de la paysannerie. Il y aura, selon la déclaration du 1er Novembre 1954, l'Appel à une adhésion personnelle se dissociant de leurs formations politiques telles UDMA, Ulémas, PCA, tout en mettant le bloc historiquement dirigeant au centre de la décision et de l'orientation de la Révolution. Le flambeau de cette lutte de libération nationale est pris par une Génération de Jeunes purs, enthousiastes et dynamiques. REVOLUTION OU L'ACTE FINAL DE LA DECOLONISATION Que d'insurrections populaires ont eu lieu depuis la résistance contre le système de l'injustice et de la terreur coloniale, d'un guerrier affilié à la zaouïa Qadiria, l'Emir Abdelkader. La continuité de l'action résistante reflète si bien celle logique d'une Nation fière de son passé plusieurs fois millénaire et fonde et explique l'aboutissement à une éclatante Révolution populaire. Plus qu'un élan contestataire, la révolution fut l'acte de tout un peuple qui se souleva sous la direction d'une élite militante farouchement attachée à la légitime cause du combat révolutionnaire jusqu'à l'arrachement de l'indépendance nationale. Cette guerre de Libération Nationale qui a abouti à la décolonisation, devint aussitôt un modèle en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Le 1er Novembre 1954 consacra le début de la fin d'une présence coloniale et va ainsi aboutir à la renaissance de l'Etat moderne dans tous ses aspects. Le vent de la libération traversa l'ensemble du territoire, du nord au sud, de l'est à l'ouest. 1ER NOVEMBRE 54 OU SOURCE DE LEGITIMATION La révolution algérienne n'est pourtant ni la révolution française jacobine ni celle bolchevique. Elle est à l'image de la grandeur de son peuple. Elle est née de la profonde conviction des militants, elle ne glorifie point le culte de la personnalité comme ce fut le cas ailleurs. L'imaginaire national revisite la période 1954-1962, mais écrire l'histoire de la Révolution nécessite des matériaux que sont les archives et les témoignages des acteurs qui sont la source de légitimation de la vérité historique. Mais l'histoire de la Révolution algérienne reste douloureuse. Certains acteurs restent muets devant des situations vécues. ET COMME DISAIT MONTESQUIEU: « Tout citoyen a le devoir de mourir pour sa Patrie, mais nul n'est tenu de mentir pour elle». Plus de sept km de rayonnages et des milliers de tonnes de nos archives sont déposées à Vincennes, Aix en Province ou Nantes. La revendication de rapatrier nos archives relève de notre souveraineté nationale. SOIXANTE ET UN ANS APRES... La commémoration de la Révolution qui intervient dans une étape nouvelle et importante pour notre pays, celle de la concrétisation des réformes politiques et institutionnelles annoncées par le président Abdellaziz Bouteflika depuis le 15 avril 2011 va être l'occasion de rendre public l'avant-projet de la Révision Constitutionnelle attendu vers la fin de l'année 2015. Soixante et un ans après, quel regard ont donc les nouvelles générations sur cette grandiose révolution qui reste toujours un modèle de décolonisation du XXe siècle ?. Est-elle perçue comme l'événement le plus marquant de notre histoire de libération nationale ? Pour certains c'est une révolution, pour d'autres c'est une guerre de libération et même les historiens se trouvent partagés quant à la définition des concepts. Une guerre suppose que l'Algérie était un Etat et qu'elle déclarait la guerre à un pays étranger dans les mêmes conditions institutionnelles de droit international de la notion d'un Etat avec son territoire, son armée régulière, sa diplomatie et l'ensemble de ses institutions dans une option unitaire du territoire. LA REVOLUTION ALGERIENNE N'EST PAS D'ESSENCE IDEOLOGIQUE Une révolution est, par contre, l'essence même d'une organisation populaire sous la conduite d'un mouvement de libération nationale qui a pour mission de mener, à la manière d'une guérilla, le combat pour l'indépendance du pays. Cela suppose une organisation militaire non de type classique mais une résistance anti-coloniale par tous les moyens de lutte. Or, au lendemain de la conquête française, il y avait l'Emir Abdelkader avec son territoire, son armée, son Etat à l'ouest et Hadj Ahmed Bey dans le beylicat de l'est avec son armée et son organisation beylicale, qui ont mené alternativement la bataille contre les Français. Depuis, l'Algérie était une colonie de peuplement et non un protectorat comme ce fut le cas de la Tunisie et du Maroc par exemple. Guerre ou révolution, nous laissons ce débat de côté. Les hommes d'histoire et les chercheurs s'en occupent si bien. Novembre 1954 - juillet 1962. Telle fut la période de lutte d'un peuple décidé à recouvrer sa liberté et son indépendance. Une période qui vit la chute d'une République et où plus de deux millions de soldats français, sans compter ceux de l'Otan, se sont succédé en Algérie pour y faire une guerre dont le lourd tribut d'un million et demi de chouhadas a été payé par le peuple algérien. Par ailleurs, en France, et jusqu'à ce jour, comme le fait remarquer Benjamin Stora, la guerre de libération nationale algérienne «continue de structurer en profondeur la culture politique française contemporaine». LA REVOLUTION DE NOVEMBRE 54 : LA FOI ET LA DETERMINATION Le peuple algérien a incontestablement mené une révolution qui restera inscrite en lettres d'or dans les pages de l'histoire contemporaine de l'humanité. Le peuple, unanime derrière le FLN et appuyant l'ALN, est sorti victorieux devant la plus importante force militaire que fut la France et ses alliés. Que d'atrocités vécues par notre peuple. Aujourd'hui, la France officielle reconnaît enfin la réalité de la guerre qu'elle a menée dans notre pays ainsi que les exécutions sommaires et tortures endurées par notre peuple. Drames et déchirements ressurgissent épisodiquement dans notre mémoire meurtrie et la guerre de libération nationale nous livre chaque jour des problèmes non encore réglés des deux rives de la Méditerranée. Se pose alors la question de savoir comment assurer cette histoire pour la transmettre aux générations avec le maximum d'authenticité et donc de vérités historiques ? Nommer la guerre, revenait à reconnaître une existence séparée de l'Algérie. Aussi, pour la France, la question algérienne a été toujours conçue comme une affaire intérieure, ce qui fausse, au départ, toute approche. L'attachement des Algériens à leur Patrie et leur disposition inconditionnelle à la défendre, les armes à la main, obligea les Français à revenir sur leur fausse conception de la réalité. Jacques Soustelle, en annonçant à son arrivée, en tant que nouveau Gouverneur d'Alger, qu'un choix avait été fait par la France. NI ASSIMILATION NI INTEGRATION MAIS RESTAURATION D'UN ETAT Ce choix s'appelle «l'intégration», souligna le changement important imposé aux responsables français sur un champ de guerre qui s'étendait à l'ensemble du territoire national. Du projet d'assimilation on passait à celui d'intégration, mais trop épris de leur liberté, les Algériens repoussaient toutes les offres car un seul objectif comptait: libérer le pays du joug colonial. Conscient de la progression des événements, Michel Debré expliquait en 1956, avec passion, les enjeux et soutenait que «le destin de la France sera scellé d'une manière décisive en Algérie». La Révolution de Novembre 54 est devenue un modèle marquant, certes, par son organisation, sa discipline et son efficacité, mais elle l'est devenue aussi par les limites sans cesse repoussées du sacrifice dont nos compatriotes ont fait preuve. La foi et la hargne des Algériens ont laissé beaucoup de traces. ON NE PEUT ETOUFFER LES CAUSES JUSTES Toutes les guerres sont sales. D'autres le deviennent encore plus parce que, quelque part, des noms de criminels notoires, de bourreaux incontestés ou de monstres reconnus leur sont associés. Aussaresses, Bigeard, Le Pen les Papon...et beaucoup d'autres encore, avaient ajouté à la salissure de la guerre celle du mépris, de la haine et de la non considération de l'être humain. Pour la seule ferme Ameziane de Constantine, de 1957 à février 1961, plus de 108.175 personnes avaient subi la torture, soit plus de 500 torturés par semaine, une véritable usine à torture (1). Certains ont certes fini, au crépuscule d'une vie trempée de sang, par reconnaître leurs forfaits inavouables (2), d'autres continuent à nier, et d'autres enfin comme Aussaresses, affichent l'insolence et préfèrent faire l'apologie du crime. Il n'y a aucune fierté à tirer de la torture, quelle que soit sa forme. DE LA TORTURE DANS TOUTE SA MONSTRUOSITE De la géhenne à l'asphyxie par le gaz, à la baignoire, à tous les types d'atteintes à la dignité des hommes, la torture est toujours abjecte (3). Elle ne fait qu'avilir ses auteurs et les éclabousser de leur propre monstruosité. Mais l'atrocité de la guerre ne s'arrête point à la torture d'individus. Elle s'étend à celle du nombre. C'est ainsi que, en 1959, un rapport officiel fait état d'un million de regroupés dans les camps de concentration (4). Et même Michel Rocard, alors stagiaire de l'ENA, rapporte le chiffre de «deux millions d'Algériens dans les camps de concentration» (5). Les Algériens mourraient autrement aussi. 40.000 d'entre eux ont été décimés par les mines antipersonnel alors que 80.000 en sont restés handicapés à vie. L'enfermement sans jugement était devenu monnaie courante. L'assignation à résidence des militants nationalistes était la règle, les déplacements massifs de populations et internements relevaient de l'arbitrage. Autant d'injustice, d'atrocité et de terreur qui renforçaient la foi du peuple, autour de l'ALN, en la lutte armée jusqu'à la libération totale et entière du territoire national. La France a eu recours à tous les moyens et subterfuges pour falsifier la réalité, mais on ne peut étouffer les causes justes surtout lorsqu'elles sont aussi nobles. Les images d'archives n'arrivaient point à camoufler ou à faire oublier la réalité, et les innombrables saisies de journaux et d'ouvrages s'étaient avérées vaines. 586 JOURNAUX ET 269 PERIODIQUES SAISIS Plus de 586 journaux et périodiques et 269 en Métropole seront saisis, écrit l'historien américain Harrison. Pendant toute la durée de la guerre, il y a eu 44 saisies par an en Algérie et 60 en Métropole, révèle B. Stora alors que, pour la seule année 1960, on a dénombré plus de 154 saisies et en 1961 plus de 127 saisies. Des ouvrages tels que «la Question», «la Gangrène», «Nuremberg pour l'Algérie», «La mort de mes frères», n'apparaissent que tardivement alors que la censure frappe des films comme «Algérie en flammes» de Vautier, les «Statues meurent aussi» d'Alain Resnais ou «Murielle ou le temps de retour» ou, encore, «J'ai huit ans», drame psychologique de Yann le Masson et qu'animent les enfants algériens par leurs dessins. Dans le climat de guerre marqué par la violence, la passion et la tragédie, que de gouvernements ont démissionné. C'est uniquement à partir du discours du Général De Gaulle sur l'autodétermination du 16 septembre 1959 que la télévision a commencé, dans son émission «Cinq colonnes à la une», à traiter de la guerre d'Algérie . Mais les seules images de la vraie guerre seront diffusées aux USA par Fox Moviettone, qu'on ne verra que plus tard, dans le documentaire de l'Anglais Peter Baty «La guerre d'Algérie» ou «Les années algériennes» diffusé en 1991 en tant que documentaire français. L'OPINION FRANÇAISE AUX COTES DU PEUPLE ALGERIEN L'opinion française se mobilise contre les affres de la guerre. Les intellectuels tels que François Mauriac, Jean-Paul Sartre, Jacques Vergès, les porteurs de valises du réseau Jeanson etc., se mettent de la partie pour aider le peuple algérien dans sa lutte contre le colonialisme. En ce sens, l'ouvrage de Laurent Schwarz «Le problème de la torture dans la France d'aujourd'hui» est plus qu'édifiant. Après cinq ans d'une guerre cruelle, De Gaulle comprend l'impossibilité pour la France d'aller plus loin sur le chemin hasardeux de la guerre. Il appelle à l'autodétermination et dira « si je ne résous pas cette affaire, personne ne le fera à ma place, la guerre civile s'installera et la France perdra ». De Gaulle comprenait le danger. L'OAS, à elle seule, avait tué plus de 6.000 hommes et femmes, selon l'un de ses responsables, sans compter la terre brûlée et la destruction massive de tout ce qui est mémoire de notre peuple. UNE DES PLUS BELLES REVOLUTION DU XXE SIECLE Toute guerre qui se prolonge, sans que se concrétise un espoir de victoire, engendre la lassitude, note à juste titre B. Stora (6). Après les accords d'Evian, l'Algérie retrouvait son indépendance après avoir mené l'une des plus grandes révolutions de ce siècle. En Algérie, cette guerre se nomme Révolution. C'est l'acte fondateur de l'Etat moderne dont la carte sera déposée à la Cour de La Haye en tant que nation millénaire et dont l'Etat, au sens moderne, s'affirme en termes de droit international. Le 1er mars 1962, un rapport transmis à l'ONU évalue le nombre de musulmans pro-français à 263.000 personnes (7) et le 19 mars de la même année, les ponts vers la paix sont jetés. Une paix qui, longtemps après, ne sera pas moins intense que la guerre elle-même. En Algérie c'est une véritable guerre populaire c'est-à-dire une Révolution au sens étymologique du terme. C'est un peuple qui en a ras-le-bol d'une injustice séculaire, voulant être aliénante qui a décidé d'affronter les mains nues l'arsenal de guerre le plus moderne de son temps. Elle est à la fois une Révolution accomplie c'est-à-dire devant aboutir à des profondes mutations sociales, cultuelles et économiques. Parce qu'elles sont trop profondes, les blessures causées par la guerre demeureront, des dizaines d'années plus tard, un obstacle à l'oubli. Sans haine ni passion, les Algériens auront gardé les terribles séquelles d'une colonisation des plus atroces. En face, les politiciens français continueront, tout aussi longtemps, de nier la guerre. Mais le Peuple algérien est déclaré uni dans son combat libérateur derrière un mouvement de rassemblement qui prit le nom de FLN. Il y a eu une tentative d'un Front uni lors du Congrès musulman rassemblant les Elus, les Ulémas et les Communistes le 7 juin 1936 mais qui resta dans des revendications assimilationnistes au lendemain du Gouvernement Léon Blum. Messali Hadj, au nom de l'ENA, a rejeté la charte revendicative lors d'un meeting à Alger. Il déclara en substance : «Cette terre bénie qui est la nôtre, cette terre de la Baraka, n'est pas à vendre, ni à marchander, ni à rattacher à personne. Cette terre a ses enfants, ses héritiers, ils sont là vivants et ne veulent la donner à personne. L'ENA qui notre Parti, votre Parti, qui est lui pour l'Indépendance de l'Algérie ». DE LA MUTATION A LA RUPTURE AVEC LE ZAÏMISME De l'ENA au PPA puis au MTLD, l'OS, le CRUA c'est cette chaîne ininterrompue de combats qui est la matrice généalogique de ce que sera le couple FLN/ALN qui, au nom des 22 historiques, engage la Révolution armée en opérant non une mutation mais une rupture avec le «zaïmisme» avec celui qui fut nommé «le père du mouvement de libération». L'histoire officielle l'avait mis au banc des accusés lorsqu'il a décidé de créer son MNA. Il reviendra aux chercheurs et historiens de dépoussiérer les archives et de relire le contexte pour qu'au recul, arriver à présenter dans toute la vérité historique les fondements de toute initiative et tirer le bon grain de l'ivraie. Une manière de revisiter l'histoire contemporaine sans passion ni parti-pris. L'ALGERIE EN GUERRE ET LA CHARTE ATLANTIQUE On ne peut pas éluder le débarquement anglo-américain à Alger en novembre 1942 et la Charte de l'Atlantique signée entre Churchill et Roosevelt en août 1941 reconnaissant le droit des Peuples à l'Autodétermination. C'est dans ce cadre que fut expédié un texte aux Alliés puis au Gouvernement Général de l'Algérie fin 1942 dont les grands traits seront publiés par Ferhat Abbas suivis de 29 Elus algériens sous le titre «L'Algérie dans le Conflit mondial - Manifeste du Peuple Algérien». De plus en plus l'autonomie politique de l'Algérie en tant que Nation souveraine est revendiquée, la reconnaissance de la Nation algérienne et l'indépendance complète de l'Algérie après-guerre. En un mot, il s'agit de la re-naissance de l'Etat algérien. DE GAULLE ET LA COMMISSION DES REFORMESCONSTANTINE LE 12 DECEMBRE 1943 Mais le général De Gaulle arrivant à Alger dans cette période fait remplacer le Gouverneur général Peyrouton Marcel par le général George Catroux qui rejeta au nom du Comité FLN français le Manifeste Algérien. Une Commission des réformes créée par le général De Gaulle et présentée à Constantine le 12 décembre 1943. Elles firent l'objet de l'ordonnance du 7 mars 1944. Cette ordonnance fut rejetée et dénoncée par les élus algériens (Elus - Ulémas et bien sûr le PPA. Le deuxième Front après celui de 1936, est celui des «Amis du Manifeste Algériens» fondé par Ferhat Abbas en mars 1944 qui refuse toute idée d'assimilation. Dès le 1er mai au 8 mai 1945, les responsables du PPA furent arrêtés et l'idée du 8 mai jour de l'Armistice fut retenue pour entamer des manifestations pacifiques qui furent vites réprimées. La répression sanglante du Huit Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata et partout à travers le pays sera annonciatrice du commencement de la fin de la colonisation en Algérie préparant ainsi l'insurrection du 1er Novembre 1954 sous la bannière du FLN. Il faut dire qu'en guise de condamnation par la puissance coloniale, l'arrestation des membres de l'OS finira par briser le MTLD menant au procès de 251 militants de l'OS et son démantèlement sans oublier les élections truquées de 1948. Les militants emprisonnés étaient durement traités et nombreux étaient torturés où plusieurs de ces détenus laissèrent la vie à Lambèze, Bérouaguia etc. Et le rêve d'une lutte maghrébine faisait son chemin entre les trois partis ( Istiqlal- Néo Destour et le PPA) qui fut suivi par la création du Bureau du Maghreb arabe qui donna naissance début 1948 à un Comité de Libération du Maghreb arabe resté très symbolique eu égard à la géopolitique du Machrek de l'époque. Avec la Révolution égyptienne des Officiers libres de 1952, Khider et Aït Ahmed se retrouvèrent au Caire rejoints par la suite par Ben Bella qui formèrent la Délégation extérieure du PPA/MTLD. LES FRAUDES ELECTORALES DE L'ADMINISTRATION COLONIALE La recherche de concours extérieur par la présence de la Délégation extérieure au moment où un schisme organique et politique entre Légalistes et ceux qui prônent l'action armée disloqua le PPA et créant le MTLD confié à Mezerna qui cohabitait avec l'OS Para-militaire et les vieux du PPA.C'est en fait le choix de Messali Hadj. Dès lors la pratique électorale n'étant plus crédible aux yeux de nombreux Algériens, l'idée de recourir à l'action armée qui marquera la rupture avec le «Zaïm» Messali Hadj et les « Jeunes Loups» qui s'impatientent pour mener le combat armé contre la Colonisation après les fraudes successives de l'Administration coloniale. Ils accusent Messali d'opter pour la voie électoraliste par tout un courant de Jeunes activistes qui réclamaient la tenue d'un Congrès national de 1947 de Belcourt qui concéda la création de l'OS chargée de préparer le soulèvement armé. Elle fut une concession de la part de Messali Hadj pour sauvegarder l'unité du Parti. Mais très vite l'OS fut secouée par le «complot berbériste» et fut démantelée par l'administration coloniale à Tébessa grâce à une trahison d'un des membres de l'OS qui remonta la filière. Il eut au total 363 arrestations qui furent tous torturés et jugés dans les Grands procès de 1951/1952. Ceux qui réussirent à s'évader formeront l'armature du futur FLN/ALN. DE LA CRISE DU MTLD ET LA GENESE DU FLN En fait, c'est de la scission due à la crise du MTLD que remonte la genèse du FLN au moment où Messali tenait du 13 au 15 juillet 1954 son Congrès d'Hornu à huit clos en Belgique réunissant quelque 300 délégués qui proclama Messali président à vie. Quelques mois plus tard les Centralistes se réunissent dans un garage au Hamma dans le quartier de Belcourt, fief militant du MTLD. Une résolution fut votée pour la déchéance de Messali Hadj, Mezerna et d'autres fut prononcée dénonçant par la même occasion le travail fractionnel du Congrès d'Hornu. Pendant l'été 1954, la rébellion contre le comité central où Centralistes et Messalistes en vinrent aux mains notamment dans le Constantinois. Mais pour que le FLN réussisse à déclencher l'insurrection du 1er Novembre 1954, il fallait contourner et dépasser la figure charismatique de Messali Hadj dans un enjeu stratégique et sur fond de déchirement. LE GROUPE DES 22 Il faut dire que les origines du FLN se trouvent dans le courant radical du PPA/MTLD et chez les clandestins de L'OS. Une nouvelle structure dénommée CRUA et dont les membres se sont réunis à la Medersa Al Rachad présidée par Mostefa Ben Boulaïd préconisa pour dépasser les clivages par cette instance qu'on retrouve dans le 1er Numéro «Le Patriote Algérien». En se radicalisant, le CRUA reprit contact avec les anciens de l'OS et des membres de la délégation extérieure au Caire. A l'insu de deux congrès fratricides qui rendirent évident le clivage entre activistes et centralistes, que Boudiaf et Benboulaïd convoquèrent début juin 22 militants anciens de l'OS pour en finir avec les affrontements entre frères. La réunion du «Comité des 22» se tint dans le quartier Clos Salembier à Alger et décide de lancer sans attendre le combat armé. L'ELECTION DU CONSEIL DE LA REVOLUTION DES SIX Les 22 élisent une instance collégiale de cinq membres, Mostefa Benboulaïd, Larbi BenMhidi, Rabah Bitat, Mourad Didouche et Mohamed Boudiaf. Ce Conseil de la Révolution a appelé au boycott de la Conférence nationale Centraliste et du Congrès Messaliste d'Hornu. Pourtant Quatre militants avec Med Mechati, tous Constantinois, contestèrent la désignation du Conseil de la Révolution par méfiance à l'endroit de Med Boudiaf et restèrent à égale distance des centralistes et des Messalistes. Krim Belkacem et Ouamrane se rallièrent aux «groupe des 22» dont Krim serait inclus dans le Comité des Cinq devenant «Conseil de la Révolution des Six». Se sont les réunions des 22 au 24 octobre 1954 qui fixèrent définitivement la nuit du 31octobre au 1er Novembre 1954 la date de l'Action armée par la Déclaration de la Révolution du 1er Novembre 1954 signé par le sigle «Front de Libération Nationale». Y'aurait-il un autre Appel au nom de l'Armée de Libération Nationale», bras armé du FLN ? Dans la déclaration du 1er Novembre il est à retenir notamment : «La Restauration de l'Etat Algérien, Démocratique et Social dans le cadre des Principes Islamiques». Aujourd'hui, 61 ans après le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 54, il faudrait toute la bonne volonté inébranlable d'hommes et de femmes sincères des deux rives pour qu'une communication plus adéquate s'installe. Les efforts conjugués, déployés par Son Excellence le Président de la République Abdelaziz Bouteflika et par les différents président Français autant qu'actuellement le Président François Hollande et même du temps de Jacques Chirac, finiront par faire aboutir de nombreuses démarches dont le seul objectif était d'assainir ces relations que l'Algérie aussi bien que la France sont dans l'obligation d'entretenir. LE DEVOIR DE MEMOIRE DE DEUX NATIONS SE PARTAGEANT UNE HISTOIRE Les actions grandioses effectuées dans ce sens constituent des jalons de premier ordre dans la relance des relations entre les deux pays et leur refondation dans l'esprit de ces deux nations millénaires qui partagent une portion importante de l'histoire. Désormais, la page de l'histoire semble tournée d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée. Les regards des jeunes générations des deux nations scrutent l'horizon, la main tendue vers un meilleur avenir. Novembre 1954 était entamé sous le signe de la Libération; Novembre 2015 est entamé sous celui d'une possible Réconciliation. Plus d'un soixantenaire plein d'enseignements! Le président Benkhedda ne cessait de répéter que « le 1er Novembre 54 n'est pas une rupture avec le passé ; il n'est pas une irruption spontanée. Le 1er Novembre c'est l'aboutissement d'un long processus de maturation. C'est dans la filiation des idées de l'ENA, du PPA et du MTLD que le FLN tire ses références». Le processus de démocratisation entamé par notre pays et les réalisations grandioses de l'ère Bouteflika donnent à penser que l'Algérie veut laisser aux générations un héritage qui lui permette d'affronter les défis de ce XXI ème siècle. Faut-il laisser le passé à l'histoire sans que la mémoire ne soit confisquée de part et d'autre de la Méditerranée ? En rendant un vibrant hommage au 50ème Anniversaire du 20-Août, le Président Bouteflika écrivait: «Dans ce processus long et complexe porté à l'incandescence de notre guerre de libération nationale, les batailles menées par notre valeureuse Armée de Libération Nationale constituent bien sûr autant de repères de mémoire qu'il appartient à la recherche historique et aux médias de restituer sur le terrain de la connaissance et de populariser pour l'édification de nos jeunes générations». VERS UN POUVOIR D'ETAT ATTESTE PAR UNE REELLE LEGITIMITE Le FLN/ALN a bel et bien réussi à mener le Serment de Novembre : l'indépendance de l'Algérie. Il faut donc rétablir «la vérité historique et relever les erreurs les plus fréquemment commises car cette histoire reste à écrire», dira Mohamed Boudiaf en guise d'introduction à son livre. Le FLN fut dans sa totalité subordonné au Pouvoir d'Etat, lequel se confondit pratiquement avec l'ALN qui s'est transformée en ANP, armée républicaine dont les missions furent constitutionnellement délimitées et reconnues. Mais l'idée du Secrétaire général du Parti FLN annonçant selon sa prémonition que le Parti FLN présentera son propre candidat aux Présidentielles de 2019, préfigura-t-elle d'un «Etat Civil» dont le concept sera probablement connu dans la mouture finale de la prochaine Révision Constitutionnelle à l'initiative de S.E. Abdellaziz Bouteflika, Président de la République constitutionnellement et Président du Parti statutairement. Ainsi se profile la transition démocratique réclamée par l'Opposition transférant le Pouvoir d'une légitimité tantôt historique et révolutionnaire vers une légitimité démocratique et citoyenne où chaque Parti en lice aura son candidat et ses commissions de contrôle à tous les niveaux du cheminement électoral dans toute la transparence et le suivi des opérations en présence d'observateurs nationaux et étrangers. Tel sera le destin attendu par les héritiers de la Révolution de Novembre dans la sérénité, la solidarité et le vivre-ensemble. Gloire à nos martyrs et vive l'Algérie, Nation plusieurs fois qui se projette dans le concert des Nations développées. * Chercheur universitaire, ancien ministre Bibliographie : 1- Voir cahier de la République N° 38 année 1961. 2- Jean-Pierre Votor, «Confessions d'un professionnel de la torture», éd. Rames, Paris 1980 3- Pierre Vidal Naquet, «la torture dans la République», éd. Maspéro, Paris 1983. 4- Le Monde du mardi 18 avril 1959. 5- Benjamin Stora, «La gangrène et l'oubli», éd. La découverte, Paris, 1992 6- Idem p.115. 7- 20.000 militaires de carrière, 40.000 militaires de contingents, 58.000 harkis, 20.000 mokhaznis, 15.000 groupements mobiles, 60.000 groupements d'autodéfense, 50.000 fonctionnaires et anciens combattants. 8- Benyoucef Benkhedda : «Les origines du 1er Novembre 1954» Editions du CN RMN R Ministère des Moudjahidine Alger 1999. 9- Gilbert Meynier : «Histoire intérieure du FLN 1954/1962» Casbah éditions Alger 2003. 10- Mohamed Boudiaf: «La préparation du 1er Novembre 1954» Editions Dar El Khalil Alger 2010. 11- Matthew Connelly: «L'arme secrète du FLN- Comment De Gaulle a perdu la guerre d'Algérie» Editions Payot Paris 2011. 12- Colette et Francis Jeanson: «L'Algérie hors la loi» préface Abdellaziz Bouteflika -Editions ANEP Alger 2006. 13- Dr Salah Belhadj: «Les origines du Pouvoir algérien- Crises internes du FLN 1956/1965. Editions Benmerabet -Alger 2014. 14- Ahmed Boudjeriou : «Guerre d'Algérie- Mintaqa 25 Constantine» Onda Alger 2010. 15- Ali Haroun : «l7ème Wilaya- La guerre du FLN en France 1954/1962» Casbah Editions -Alger 2005. |
|