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Autant que l'on se rappelle,
notre pays a expérimenté autant de réformes que de gouvernements sans que ces
dernières aboutissent à nous mettre sur la voie de la bonne gouvernance, encore
moins résoudre cette problématique de la seule ressource d'hydrocarbures de qui
dépend notre survie au gré des événements.
Certainement que ce n'est pas par manque de bonne volonté ou de patriotisme, car notons bien que pas mal d'investissements (logements, barrages, transports, hôpitaux, universités etc..) ont été consentis et autres encadrements sociaux, sauf que cela n'a pas suffi, car la vision du court terme a prévalu sur celle du long terme, tout en soulignant au passage que le management n'a pas suivi avec ce que cela suppose comme conséquences sur ces réalisations (barrages envasés, autoroutes non conformes, ..). Comment peut-on prétendre réformer alors que les fondations à même de rendre ces réformes structurelles ne cessent de vaciller car non portées par un projet démocratique ou la séparation des pouvoirs avec une justice indépendante, un exécutif qui rende compte, une économie formelle, des élections transparentes, une représentation parlementaire effective et enfin une armée républicaine que certains ont cette fâcheuse habitude de vouloir l'associer à des comportements qui ne relèvent ni de ses missions ni de ses prérogatives. Comment peut-on prétendre disposer de solutions de sortie de crise au travers de réformes qui se veulent structurelles alors que les fondamentaux ne sont ni lisibles ni visibles. Si on doit se projeter il faut avoir une photographie précise du présent en termes de moyens et de synergies en place. Notre banque de données, base de toutes les projections, est faussée par le poids et l'ampleur de l'économie informelle. Alors les solutions préconisées généralement échouent et à ce jour nous en sommes encore là. Si elles sont non conventionnelles cela implique que c'est le recours ultime alors que ce n'est pas le cas !! Aussi, ne faudrait-il pas avant tout assainir avant de se lancer dans des réformettes imposées par des conjonctures nationales ou internationales. Avons-nous épuisé les sources de financement conventionnelles qui nous échappent encore pour aller vers la recherche d'autres sources de financement non conventionnelles plus compliquées ? Avons-nous saturé les niches porteuses d'économie de la dépense en particulier publique ? Avons-nous épuisé les formes de collecte de l'impôt de cette économie souterraine, véritable fléau à l'origine de notre situation actuelle ? Avons-nous mobilisé toute l'épargne et intéressé les Algériens résidents et non résidents dont le niveau de thésaurisation est énorme ? S'endetter pour investir et produire en substitution à l'importation pourquoi pas ! Mais le faire pour consommer, non et non quel que soit le prix à payer. Ayons le courage politique d'aller chercher ces sources de financement en érigeant la gouvernance comme seul atout dont nous disposons aujourd'hui pour mobiliser tout un peuple et lui demander de s'associer aux efforts du gouvernement et faire confiance à ces dirigeants pour s'en sortir tous ensemble. Pour cela, éviter de recourir aux vieilles recettes et donner des gages au peuple pour qu'il puisse à nouveau, comme du temps de la révolution, faire confiance et s'impliquer dans la mise en œuvre de vraies réformes structurelles. Le déficit du Trésor c'est l'échec de la gestion étatique des recettes et des dépenses mais c'est surtout la conséquence d'un comportement économique et social institutionnel. Tel est le simple constat. Pourquoi alors agir sur les conséquences de tels comportements au lieu d'en corriger l'origine conceptuelle pour éviter que cela ne se reproduise ? En 1990, le gouvernement de M. Hamrouche avait introduit, dans le cadre des réformes entreprises à cette époque d'éveil civil, une loi sur la monnaie et le crédit censée être un cadre de régulation monétaire en plus de superviser le Trésor public dans sa gestion budgétaire de l'Etat et les banques en termes de règles prudentielles et respect de l'orthodoxie bancaire. Depuis, ce dispositif réglementaire a été amendé à deux reprises, en 2003 et en 2010, sans pour autant que l'on ait noté de changements significatifs allant dans le sens de la maîtrise de la monnaie et du crédit ou des déficits publics. Bien plus, cette tendance à prendre des décisions au gré des conjonctures n'a épargnée ni la Banque d'Algérie ni le Trésor public, encore moins les banques. La bureaucratie aidant, les déficits budgétaires ont eu des conséquences sur le quotidien des citoyens dont la volonté de s'en sortir et l'amour de l'Algérie sont mis à rude épreuve (pouvoir d'achat, chômage?). Aujourd'hui, l'indépendance de la Banque d'Algérie demeure un objectif, le déficit du Trésor public ne cesse de se creuser à la moindre chute du prix du pétrole et les Banques contribuent au désordre monétaire en termes de circulation des liquidités et financements des activités des opérateurs économiques. Il est annoncé que l'actuel gouvernement s'apprête à amender à nouveau cette ordonnance sur la monnaie et le crédit, car certainement préconisé par des experts qualifiés en la matière comme ce fut le cas par le passé et les résultats sont là ; il faut en tirer les enseignements. Si un tel amendement vise à renforcer l'autonomie de la Banque d'Algérie et lui donner plus de prérogatives vis-à-vis de toutes les banques, cela est plus que souhaitable mais si pour lui limiter son cadre d'intervention comme c'est le cas actuellement, cela va la transformer en boite de résonance de la volonté du politique ; on ne devrait pas aller vite en besogne et avoir l'humilité et l'intelligence de s'inspirer du degré d'autonomie des banques comme les banques centrales de l'Union européenne ou celles des Etats-Unis d'Amérique. On parle de permettre la mobilisation de sources de financement non conventionnel ; je suggère plutôt d'aller chercher ses sources aussi dans la collecte de l'impôt, pas celui des EPE et des salariés mais plutôt au niveau du secteur privé (y compris le privé non résident) et surtout au sud où les bénéfices déclarés méritent d'être audités. Il est fort à parier que nous ne disposons pas de capacités suffisantes de contrôle des dépenses déduites de l'impôt par les sociétés étrangères dont le prix des intrants nous échappe totalement. Je considère pour ma part que l'impôt qui n'a jamais été collecté est une source de financement non conventionnel, n'en déplaise aux experts soucieux du respect de l'orthodoxie, du choix de la facilité et des solutions pour le court terme. Imaginons qu'un illuminé, expert de son état, assis confortablement chez lui à des milliers de kilomètres, ne manquant de rien, disposant d'une rente appréciable, sans responsabilités et ne rendant jamais de comptes, s'évertue sans connaître ni les acteurs, ni le contexte réel, ni l'adversité, ni les moyens dont ils disposent, va jusqu'à préconiser les changements à opérer et la nouvelle gouvernance à adopter et le comble de tout cela, cet expert trouve très souvent une oreille attentive pour ses expérimentations. Il n'en demeure pas moins que certains experts de bonne foi proposent des solutions dictées par des impératifs socio-économiques en règle générale conformes à l'orthodoxie et méritent tout notre respect ; sauf que si les symptômes sont mal appréhendés, le diagnostic est erroné et le protocole de guérison l'est autant. En effet, en l'absence de données fiables, les analyses vous conduisent à recommander des solutions inadaptées aux problèmes récurrents du pays. Avec un secteur informel aussi important, le taux d'inflation aléatoire, le taux de chômage erroné, les taux de change flottants, l'épargne thésaurisée, le niveau de liquidité en circulation, le taux d'intérêts du crédit sont autant d'éléments dont la teneur fausse toute prévision de sortie de la crise que nous traversons actuellement et elle ne trouve pas son origine uniquement dans la baisse des prix du pétrole et ne trouvera pas sa solution dans l'augmentation du prix local de l'énergie comme le proposent certain illuminés ! Lancer un autre emprunt national ? C'est l'échec assuré, pour la simple raison que le taux de rémunération de l'argent a été et restera toujours insignifiant eu égard à la dépréciation du dinar et, par voie de conséquence, celle du pouvoir d'achat. Les initiatives qui visent à mettre sur le marché des obligations qui n'intéressent aucun investisseur le seront également à moins que l'on ouvre le capital des EPE aux Algériens comme celles des Groupes Sonatrach et Sonelgaz. Il suffit de vérifier à la CNEP l'engouement des Algériens à placer leurs économies dans les institutions de l'Etat et de ses démembrements. La bureaucratie existant à ces niveaux décourage toutes initiatives et continue à fragiliser la confiance déjà fortement entamée par ailleurs de l'épargnant qui préfère thésauriser ou se réfugier dans l'achat de devises ou de l'or au détriment du financement de l'économie. Soulignons également le refus dogmatique du recours à l'endettement externe pour éviter de retomber dans une situation similaire à celle qui a été à l'origine d'octobre 88. Ce raisonnement est erroné, car le prix du pétrole a baissé pour tous les pays exportateurs sans pour autant que ces derniers connaissent de tels drames ; c'est notre mode de gestion de cette période de dilapidations et d'insouciance au moment où la mondialisation se construisant en est la véritable cause. Aussi, avons-nous dû nous endetter pour rembourser notre dette qui elle-même a été contractée pour nous permettre de subsister ; pourquoi alors agir encore une fois sur la conséquence du problème au lieu de le solutionner à la base ! Soyons simplement pragmatiques en appliquant graduellement la réglementation qui existe déjà pour aller vers une régulation minimum pour enfin entamer les vraies reformes structurelles qui ne peuvent se concevoir sans l'association de l'acteur principal à tous les niveaux d'exécutions, y compris politique ; c'est le citoyen qui, à ce jour, reste marginalisé ; cette marginalisation est la source de tous nos maux !!! A suivre... |
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