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Le
dernier Conseil des ministres a mis en relief les difficultés financières de
l'Algérie. Malgré les importantes potentialités du pys,
la rente des hydrocarbures, en anesthésiant tout esprit d'initiative, a
largement influencé la nature des régimes et les politiques socio-économiques
depuis l'indépendance à nos jours sans avoir réalisé une économie diversifiée.
Aussi, face aux tensions budgétaires inévitables entre 2017/2020, le cours du
pétrole étant à la baisse pendant une longue durée, il s'agira, en fonction des
résultats quantifiés et datés, de mettre en place des stratégies d'adaptation
tant sur le plan économique que social et politique solidaires, supposant un
large front national, tenant compte des différentes sensibilités, étant à
l'aube de la quatrième révolution économique mondiale avec de profonds
bouleversements géostratégiques.
Existant un lien dialectique entre sécurité et développement, la crise multidimensionnelle que traverse la société algérienne est systémique, dépassant le cadre strictement économique, renvoyant à des aspects sociaux et politiques impliquant une gouvernance renouvelée si l'on veut éviter à terme de vives tensions sociales aux conséquences géostratégiques qui dépasseront le cadre de l'Algérie. Quelle est la situation de la sphère réelle ? La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34. 591.000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d'habitants en 2010, 39,5 millions d'habitants au 1er janvier 2015, à 40,4 millions d'habitants au 1er janvier 2016 et à 41,3 au 01 janvier 2017. En avril 2017, selon l'ONS, la population active a atteint 12,277 millions de personnes contre 12,117 millions en septembre 2016. La population active était de 9,493 millions d'habitants en 2005, 10,862 en 2010, 11,423 en 2012, 11,964 en 2013. Le taux d'emploi est fonction de croissance -moyenne 3% 2005/2016- Le rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives économiques mondiales pour l'Algérie montre que la situation devrait fortement se dégrader en 2017 et en 2018. En effet, le FMI table sur une croissance de 1,4% du PIB algérien en 2017 et en 2018, l'économie algérienne devrait connaître une quasi-stagnation, avec un taux de croissance du PIB de seulement 0,6%. Conséquence directe de ce ralentissement économique, le taux de chômage devrait sensiblement augmenter sur la même période, estimé à 13,2% en 2018 avec une tendance inflationniste. La population en chômage selon l'ONS était de 15,3% en 2005, en 2011 10%, 11% en 2012, 9,8% en 2012/2013, 10,6% en 2014 11,2% en 2015. Selon l'ONS, citée par l'APS, en avril 2017, la population en chômage a ainsi atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 point par rapport à septembre 2016 avec un taux de chômage des jeunes de 16-24 ans de 29,7%.1.7 - Quelle a été l'évolution du taux d'inflation qui influence le pouvoir d'achat ? Le taux d'inflation officiel entre 1989 et 2017 a été le suivant: 17 87% en 1989 ; 25 88% en 1991 ; un pic de 31,68% en 1992 ; 21,9% en 1995 ; 5% en 1998. En 1999 : 4/2% ; en 2000 : 2% ; 2001 et 2002 : 3% ; en 2003 : 3,5% ; en 2004 : 3,1% ; en 2005 : 1,9% ; en 2006 : 3% ; en 2007 : 3,5% ; en 2008 : 4,5% ; en 2009 : 5,7% ; en 2010 : 5% ; en 2011 : 4,5% ; en 2012 : 8,9% ; en 2013 : 3,3% ; en 2014 : 2,9% ; en 2015 : 6,7% ; en 2016 : et selon l'ONS 6,1% en avril 2017. Quelle est la situation financière de l'Algérie ? Selon les documents du FMI, les sorties de devises des services souvent non commentés où les surfacturations sont plus faciles, ont été de 10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec une prévision de 10,6 milliards de dollars en 2017. Le rapatriement légal des bénéfices, selon les sources du FMI, a été de 8 milliards de dollars en 2013, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017, prévoyant une moyenne entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018/2020. Dans ce cas, au rythme des indicateurs financiers des sept premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties de devises, sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à 45-46 milliards de dollars (biens) plus 8-10 milliards de dollars (services) soit 53-56 milliards de dollars et tendant vers 60 milliards de dollars avec les sorties légales de capitaux. Ce montant de sorties de devises correspond pour l'équilibre à un baril variant entre 85-88 dollars pour éviter des tensions au niveau de la balance des paiements. Les réserves de l'Algérie ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010, 2011 avec 188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 152 milliards de dollars fin 2015,I 114,3 md en 2016 et à environ juillet 2017 et 105 milliards de dollars fin juillet 2017. Cela a des implications sur la cotation du dinar algérien fortement corrélé aux réserves de change : :1970 : 4,94 dinars un dollar- 1980 : 5,03 dinars un dollar- 1985 : 5,03 dinars un dollar- 1989 : 8,03 dinars un dollar- 1990 : 12,02 dinars un dollar-1991 : 18,05 dinars un dollar- 1994 : 36,32 dinars un dollar- 1995 : 47,68 dinars un dollar. Après la période du rééchelonnement, le cours continue de glisser : 1996 : 54,74 dinars un dollar- 1997 : 57,71 dinars un dollar- 1998 : 58,76 dinars un dollar- 1999 : 66,64 dinars un dollar- 2001 : 69,20 dinars un euro et 77,26 dinars un dollar- 2002, 75,35 dinars un euro et 69,20 dinars un dollar- 2003, 87,46 dinars un euro et 77,36 dinars un dollar- 2004, 89,64 dinars un euro et 72,06 dinars un dollar- 2005, 91,32 dinars un euro et 73,36 dinars un dollar- 2006, 91,24 dinars un euro et 72,64 dinars un dollar- 2007, 95,00 dinars un euro et 69,36 dinars un dollar- 2008, 94,85 dinars un euro et 64,58 dinars un dollar- 2009, 101,29 dinars un euro et 72,64 dinars un dollar- 2010, 103,49 dinars un euro et 74,31 dinars un dollar- 2011, 102,21 dinars un euro et 72,85 dinars un dollar- 2012, 102,16 dinars un euro et 77,55 dinars un dollar- 2013, 105,43 dinars un euro et 79,38 dinars un dollar- 2014, 106,70 dinars un euro et 80,06 dinars un dollar- 2015, 108,60 dinars un euro et 99,50 dinars un dollar -2016 (11 mai) 124,936 dinars 1 euro et 109,275 dinars un dollar et le 08 septembre 2017 133,29 dinars un euro et 110, 72 dinars un dollar. Financement non conventionnels : opportunités et risques Quel impact pour le financement conventionnel parfois utilisé dans une économie de marché concurrentielle structurée ayant un potentiel productif, loin de tout monopole et assis sur une bonne gouvernance où existent des facteurs de production oisifs afin de relancer la demande globale (consommation et investissement), devant faire attention car l'Algérie souffre de rigidités structurelles. Si ce financement s'adresse aux secteurs productifs concurrentiels en terme de coût/qualité, tenant compte de la quatrième révolution économique mondiale, les tensions à court terme seront amortis par les effets positifs à moyen terme du fait de la création de valeur ajoutée. Entre-temps il sera nécessaire une mobilisation de la population passant non par des actions bureaucratises mais un langage de vérité pour lui expliquer concrètement les enjeux et une moralisation de la société afin de susciter son adhésion. Au cas où n'existerait pas de dynamisation du secteur productif, de versements de salaires sans contreparties productives et l'apparition de nouvelles rentes spéculatives par la planche à billets nous aurons les conséquences suivantes, avec l'hypothèse d'un cours du baril tournant autour de 50 dollars. a.- une inflation à deux chiffres à terme et une méfiance de la population qui va pour se prémunir se réfugier dans des achats comme l'or, les devises, l'immobilier, le stockage de biens durables, élargissant la sphère informelle. b.- relèvement obligatoire des taux d'intérêts des banques si on veut éviter leur faillite. c- avec des taux d'intérêts à deux chiffres frein de l'investissement productif. d.- une baisse du même niveau sur les revenus fixes notamment des salariés et des fonctionnaires de l'Etat qui risquent d'avoir un revenu divisé par deux en termes de parité de pouvoir d'achat avec le laminement des couches moyennes, l'inflation réalisant une épargne forcée pour combler le déficit budgétaire avec le risque de la spirale, revendication sociales, hausse des salaires, inflation - hausse des salaires et inflation. e.- dérapage accéléré du dinar s'orientant officiellement vers 200 dinars un euro et sur le marché parallèle un écart de 50% avec le renchérissement de tous les biens importés accélérant le processus inflationniste. En résumé deux expériences intéressantes à étudier pour l'Algérie: l'expérience des dirigeants communistes roumains qui, avec une dette extérieure de zéro, ont laissé une économie en ruine et l'expérience vénézuélienne, pays plus riche que l'Algérie, qui, faute de réformes structurelles et avec une politique populiste, bien qu'étant la première réserve pétrolière mondiale avant l'Arabie saoudite, est actuellement en faillite avec un taux d'inflation variant en 2017 entre 800/900%. Comme j'ai eu à le souligner le 26 août 2017 dans plusieurs contributions nationales et internationales, dont deux quotidiens gouvernementaux (El Moudjahid et Chaab) ( août 2017), face aux tensions budgétaires inévitables entre 2017/2020, le cours du pétrole étant à la baisse pendant une longue durée, gouverner étant prévoir, il s'agira, en fonction des résultats quantifiés et datés, de mettre en place des stratégies d'adaptation tant sur le plan économique que social et politique solidaires, supposant un large front national, tenant compte des différentes sensibilités, des mutations locales et internationales, étant à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale avec de profonds bouleversements géostratégiques(1). Car, du fait que la crise multidimensionnelle que traverse la société algérienne est systémique, cela dépasse le cadre strictement économique, renvoyant à des aspects politiques impliquant une gouvernance renouvelée et donc la refondation de l'Etat si l'on veut éviter à terme une implosion sociale aux conséquences désastreuses pour le pays. L'Algérie, selon les observateurs internationaux, a toutes les potentialités, sous réserves de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. *Professeur des universités, expert international |
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