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Pour les
accueillir, les ports et les aéroports ont été repeints et les policiers et les
douaniers, sourire aux lèvres et le doigt sur la couture du pantalon, ont été
instruits à l'effet de leur réserver le meilleur accueil et le maximum de
confort.
Qui sont-ils ces émigrés ? A son époque, le secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger a répondu par cet artifice : «Il y a ceux qui résident à l'étranger de manière régulière et qui sont immatriculés dans nos consulats, ceux qui résident de manière régulière et qui préfèrent ne pas se rapprocher de nos services et sont donc non immatriculés, et ceux, enfin, qui y vivent de manière irrégulière ou clandestine». En France, ils seraient 5 millions. En Amérique du Nord, ils se situeraient entre 120 000 et 140 000 (110 000 au Canada, 30 000 aux USA et 2000 au Mexique). Dans les pays arabes, ils seraient quelques milliers et en Afrique quelques centaines. Selon une étude réalisée par l'Institut national français des études démographiques (Ined), l'Algérie figurerait parmi les 15 pays qui fournissent le plus de migrants au monde. Selon l'Aida (Association internationale de la diaspora algérienne) basée à Londres, les Algériens ou personnes d'origine algérienne vivant à l'étranger en 2012 sont au nombre de 7 millions d'individus. De ce qui précède, il y a lieu de bien définir les concepts Jusque-là, on a parlé de migration algérienne car en France, dès 1947, les Algériens deviennent, officiellement du moins, des citoyens appelés par l'administration des «Français musulmans d'Algérie (FMA)». Ils ne sont pas alors considérés comme des migrants étrangers mais comme des migrants régionaux, un petit peu comme les Bretons et les Corses, même s'ils sont, dans les faits, traités durement, guerre d'Algérie oblige. D'un point de vue juridique, l'émigration algérienne débute officiellement en France le 5 juillet 1962. Entre 1962 et 1982, la population algérienne dans ce pays passe de 350 000 à plus de 800 000 personnes. Cette population qui ne cesse de croître, se décuple en générations voyageant, étudiant, commerçant et s'établissant dans les cinq continents. Historique des émigrés algériens Les mouvements migratoires de nos compatriotes ont commencé au début du siècle : le plus gros des troupes se trouve en France où la première phase de migration algérienne a débuté en 1905. La main-d'œuvre qui la compose travaille essentiellement dans les raffineries et huileries de Marseille, ou comme dockers sur les navires. Des centaines d'Algériens sont, ainsi, embauchés dans les mines et les usines du Nord et du Pas-de-Calais, les industries de Clermont-Ferrand et Paris. Dès 1912, on parle d'un véritable mouvement migratoire de 4000 à 5000 Algériens qui s'accélère dès 1913, grâce à la suppression du permis de voyage qui était alors requis pour les Algériens en France. La seconde vague migratoire est composée globalement de 80 000 travailleurs et 175 000 soldats venus d'Algérie dans le cadre de la Première Guerre mondiale. Ceux qui ne sont pas sur le front, sont employés dans la production d'armement, le génie, l'aéronautique, les transports et les mines. La troisième vague débute en 1920 avec une composante kabyle qui reste importante, avec la migration des habitants du Nord-Ouest oranais qui commencent à gagner du terrain. La quatrième vague débute avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, après 1945 où les Algériens occupent des emplois dans les domaines de reconstruction de la France et de la relance économique, dans les mines, la sidérurgie, l'industrie et le bâtiment. La cinquième vague commence avec la guerre de Libération nationale (1954-1962). Le GPRA est formé, le FLN prend le contrôle de l'émigration qui participe au combat libérateur et à l'effort de guerre. Emigrés, mal-aimés, là-bas ! Un sondage réalisé en France par Ifop/Atlantic révèle que 26% des Français seulement ont une bonne image des Algériens contre 71% des Marocains et 53% des Tunisiens : 1. existe-t-il un lien entre le déficit d'image dont souffre l'Algérien en France et la façon dont sont intégrés les émigrés et leurs enfants ? 2. sont-ils moins intégrés que les autres Magrébins ? 3. sont-ils moins défendus au plan des droits ? Que dire alors de ceux qui ne possèdent ni titre de séjour ni permis de travail, ces sans-papiers qui vivent dans la clandestinité la plus totale échappant même au recensement le plus approximatif ; un ancien ambassadeur français les a situés autour de 350 000, chiffre qu'il faut prendre sous toutes réserves, bien entendu, dans ce qu'il cache comme manipulation politicienne, notamment à l'orée des présidentielles françaises à venir ! C'est vrai qu'il est difficile de compter des gens dans la clandestinité mais ce qui est aussi vrai c'est que ces personnes sont décidées «à faire leur trou là-bas envers et contre tous» et tout ce qu'on a mis en place alors, comme ministère délégué (qui entre-temps a été supprimé ), représentation politique à l'APN, ouverture de nouvelles dessertes aériennes et maritimes, ne leur feront pas changer d'avis, eux qui n'ont foi qu'en leur destinée. Et qui misent aussi sur la défaite aux présidentielles de Paul Bizmuth ! Incompris ici ! Notre émigration n'est organisée ni socialement ni culturellement et aujourd'hui, on en arrive même à regretter «l'Amicale des Algériens en Europe» organisation sous l'égide du FLN certes, mais qui arrivait tout de même à encadrer, peu ou prou, cette population de l'étranger. L'émigration algérienne en France a payé un lourd tribut et a conquis ses lettres de noblesse pendant la révolution. Les aînés regroupés dans la Fédération de France ont contribué financièrement et plus encore, à faire progresser la lutte de libération : Mourepiane et les manifestations du 17 octobre 1961 en sont les marqueurs. Aujourd'hui, elle continue à être marquée par ses divisions historiques, politiques et même ethniques. Elle est préoccupée par son existence quotidienne car l'émigré, le beur et, paradoxalement, «le franco-algérien» est avant tout une condition sociale dont il est difficile d'en sortir. Il n'en demeure pas moins que ces Algériens-là sont visibles et font étalage de leur amour du pays à chaque occasion et à chaque match de l'équipe nationale de football où ils déploient l'emblème national, une manière comme une autre de manifester leur présence et de se rappeler au bon souvenir de leurs gouvernants. Peut-on, pour autant, parler de diaspora ? Oui, à voir et à entendre certaines personnalités publiques françaises d'origine algérienne qui n'ont de cesse d'affirmer leur appartenance à l'Algérie ; on peut citer dans le désordre Isabelle Adjani, Leïla Bekhti, Shéryfa Luna, Smaïn, Rachid Taha, Rachid Bouchareb, Zinedine Zidane, Brahim Asloun et beaucoup d'autres qui appartiennent au monde de la culture et du sport. Ou encore Fadéla Amara, Leila Aichi, Kader Arif, Azouz Begag, Nora Berra, Malika Benarab-Attou, Yamina Benguigui, Malek Boutih, Samia Ghali, Bariza Khiari, Tokia Saïfi, Karim Zeribi qui appartiennent au monde de la politique. On peut même ajouter à cette liste qui n'est pas exhaustive, Rachida Dati dont la mère était d'origine algérienne. Tout ceci pour dire que le potentiel humain existe mais que les mécanismes institutionnels de ceux qui font actionner les lobbys font défaut comme par exemple le fameux «Conseil consultatif de l'immigration» souvent annoncé mais tant de fois différé puis remisé dans les tiroirs de nos instances gouvernementales ou encore «le secrétariat d'Etat» qui n'a pas été reconduit dans les gouvernements Sellal successifs. Quid du retour définitif des émigrés au pays ? Ce phénomène de retour répandu chez les retraités, s'est étendu ces dernières années chez les plus jeunes diplômés et expérimentés qui ont accumulé un petit capital, qui songent à retourner au pays. Apparemment et à les entendre, ils n'éprouvent aucun regret à quitter la France et l'Europe où sévissent, selon eux, le racisme, la discrimination dans l'emploi et le logement. Un quota doit être réservé à cette catégorie d'émigrés, désireux de participer au développement du pays ; cette formule, si elle devait être retenue par le gouvernement, donnerait la possibilité au bénéficiaire immigré de s'acquitter de l'achat de son appartement en devises. La manne des émigrés Selon la Banque mondiale, les transferts d'argent des travailleurs émigrés vers les pays en voie de développement devraient augmenter de plus de 6% cette année. L'Inde et la Chine sont les premiers bénéficiaires de ces fonds avec 70 milliards de dollars par chaque pays. En 2012, ces fonds ont atteint le seuil de 406 milliards de dollars, soit une hausse de 6,5% par rapport à 2011. Ces flux devraient encore progresser de près de 8% en 2013, puis de 10% en 2014. Pour certains pays africains, les transferts des immigrés représentent près de 10% du PIB. Le Nigeria est en tête avec 21 milliards de dollars en 2012, suivi du Soudan, du Kenya, du Sénégal et de l'Afrique du Sud. En Afrique du Nord, le Maroc se taille la part du lion avec plus de 6 milliards de dollars. Les travailleurs émigrés n'hésitent pas à augmenter les sommes envoyées en cas de situation difficile dans leur pays d'origine. Emigrés, où sont passées justement leurs devises ? Interpellé au sujet de l'apport des émigrés établis à l'étranger à l'économie du pays, Belkacem Sahli, l'ancien ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l'étranger, a estimé que «leur contribution est insignifiante, les sommes transitant par le canal bancaire ne se hissent pas au niveau souhaité, et comparativement aux seuls voisins maghrébins, nous sommes les derniers». Les émigrés maghrébins ont transféré dans leur pays quelque 3 milliards et 15 millions d'euros. Le compte a été donné par la Banque Européenne d'Investissement qui vient de révéler que les Algériens devancent, en la matière, les Marocains avec 2 milliards et 13 millions d'euros et les Tunisiens avec 84 millions d'euros. La banque ne dit, cependant pas, où va cet argent une fois au bled. Selon certains témoignages recueillis auprès des émigrés, cette manne ne sert en aucun cas, le développement économique. Les devises sont échangées «au black». Même les retraités s'y résignent et en profitent, tout comme les barons de l'informel ! Il faut dire aussi que toutes les assurances ministérielles et autres mesures institutionnelles pour rétablir un climat de confiance n'ont pas eu l'écho escompté auprès des émigrés toutes générations confondues, à en juger par le faible niveau de transfert d'argent. Bon an mal an, les émigrés viennent au bled passer les vacances ; ils repartent avec le sentiment que le pays est prospère grâce à son pétrole qui est aussi le leur, qu'il regorge de tout et qu'il peut, somme toute, se passer de leur maigre pécule, fût-il libellé en devises. Et dans l'absolu, «si l'Algérie d'aujourd'hui est en crise, le rappelait justement un émigré, cela n'est pas de notre fait car beaucoup d'entre nous laissent tout de même une part de leurs économies dans les caisses des compagnies aériennes, des agences de voyages, des commerçants et participent, ainsi, à l'économie du pays». |
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