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«Laissez donc la Chine dormir,
car lorsque la Chine s'éveillera le monde entier tremblera». (1)
Selon la Genèse, Dieu aurait créé la femme pour tenir compagnie à l'homme au paradis. Pour paraphraser cette assertion, nous pouvons avancer, pour notre part, que Dieu a créé la Chine pour accompagner l'humanité sur terre. Sinon, comment doit-on définir ce miracle économique et pourquoi pas culturel sur lequel le monde entier porte un regard tant perplexe qu'admiratif. L'image d'Epinal véhiculée dans les années 50/60 par l'imaginaire commun d'un coolie malingre et musculeux accroupi et avalant un bol de riz a, au vu des résultats actuels, bien changé et remis en question beaucoup de concepts idéologiques. Sans revenir sur cette dynastique civilisation plusieurs fois millénaire, il n'est pas inintéressant de tirer de son expérience les traits saillants de sa fulgurante évolution. L'Occident qui, à travers son prisme déformant, a plutôt terni l'image de cette république populaire définie, selon sa constitution, comme socialiste sous la forme d'une dictature démocratique populaire par Mao Zedong, son père fondateur. Dans les années 80', voilà qu'un autre personnage de légende vint changer le cours de son histoire. Il s'agit de Deng Xiaoping à qui l'Empire du Milieu doit son ouverture au libéralisme économique. Au cours de son voyage historique aux USA, il tint à visiter les deux plus grands empires économiques du Nouveau monde : Boeing et Coca Cola. A la suite de quoi, il lança son fameux : «Il est bon de s'enrichir». Cette profession de foi venait après celle prononcée dans les années 60' et par laquelle, il annonçait la couleur : «Peu importe que le chat soit blanc ou noir, s'il attrape la souris c'est un bon chat». Critiquée en son temps, elle aura fait du chemin depuis lors. Un certain voile est levé sur son penchant libéral par sa biographie qui le situe dans les années 20' à Marseille avec une poignée d'étudiants chinois dont Chou En Lai. Devant assumer les frais de ses études, il travailla chez Hutchinson, le magnat du caoutchouc, dans une fabrique de semelles d'où il fut renvoyé pour «refus de travailler !?» ; il atterrira dans cette pépinière du militantisme qu'ont été les usines Renault de Boulogne-Billancourt, là où a sévi Messali Hadj. Deng Xiaoping aura été pour la Chine le vrai Timonier pour l'avoir menée à bon port par sa formule consacrée des 4 modernisations : industrie et commerce, éducation, organisation militaire et agriculture. Un de ses principaux opposants aurait ajouté comme 5è modernisation : la démocratie, et il n'avait pas tort. Car ce grand pays a longtemps été épinglé sur les droits de l'homme et des libertés publiques. Les événements de la place Tian'amen de 1989 sont considérés par l'Occident comme des casseroles que traînerait encore la Chine, sauf que les intérêts économiques ne s'attardent plus sur les exigences droit-hommistes. Que constate-t-on présentement, devenue la deuxième puissance économique du monde si ce n'est la première, la Chine a transformé son industrie archaïque de la deuxième moitié du XXè siècle en industrie moderne, même s'il lui est reproché d'être massivement polluante par son utilisation de l'énergie fossile tel que le charbon. Premier producteur mondial d'automobiles, il n'a aucun état d'âme en recevant sur son sol des usines de montage de véhicules de grandes marques. Le coût de sa main-d'œuvre compétitif lui a permis d'engranger beaucoup de dividendes au moyen des délocalisations que l'Europe a entamées à tour de bras. Dans les transports, la Chine est en passe de devenir le leader dans la construction ferroviaire par son TVG, détrônant ainsi la France et le Japon. Dans le commerce, notamment extérieur, le produit chinois est synonyme de produit local. Des Chinatown ont essaimé dans le monde entier. En ce qui concerne l'Armée rouge, en plus de sa détention de l'arme nucléaire, elle tend de plus en plus à conquérir l'espace, le disputant aux deux puissances traditionnelles que sont les USA et la Russie. L'agriculture intensive a, non seulement, permis de multiplier le niveau de vie rural par trois, mais se permet l'exportation. Au lendemain des sanctions économiques infligées à la Russie, ce sont les céréales chinoises qui ont permis d'éviter la famine à son ancien frère-ennemi. Ce pays, à la dimension d'un continent dont la superficie totale avoisine les 10 millions de km2 et la population dépasse de peu le milliard 300.000 habitants, a mis à nu tous les justificatifs d'une mauvaise gouvernance qu'on rapporte volontiers à la superficie territoriale et la démographie. Son organisation administrative se subdivise en 22 provinces, 5 régions autonomes et 2 régions administratives spéciales (Hong Kong et Macao) et 4 municipalités dont Pékin, la capitale. Shanghai, cette immense mégalopole est la première au monde avec plus de 22.000.000 d'âmes dont le taux de mortalité est inférieur à celui de New York. La rosace ethnique chinoise est composée de 56 nationalités dont la communauté musulmane sunnite Ouïgoure. Toutes proportions gardées, notre pays avait de bien meilleures chances de départ. En post-indépendance, on montait déjà les mythiques R4 et R8 à El-Harrach, le camion Berliet sortait de Rouïba. La chaîne hôtelière étatique, quelle soit balnéaire ou saharienne, sortait d'un coup du néant. Sa construction silencieuse se faisait sans tambour, ni trompette. Les complexes sportifs, d'Alger, Annaba et Oran auront été les fleurons d'une jeune Algérie battante. Les Jeux méditerranéens de 1975 venaient confirmer cette soif de vaincre et c'est là où Rahoui offrait ses lettres de noblesse à l'athlétisme national. Bétrouni, cet ailier droit virevoltant, fit tout pour que la Marseillaise ne résonne pas au 5-Juillet 1962. Son but du gauche sur la ligne de corner sonnait le glas des Bleus venus en conquérants. La culture, théâtre et cinéma hissaient cet ancien peuple de «gueux» sur le podium des grandes œuvres culturelles. Le Théâtre national algérien (TNA), dirigé par le défunt Mustapha Kateb, produisait «Roses rouges pour moi» de Sean O'Casey et «La mégère apprivoisée» de William Shakespeare. Mohamed Lakhdar Hamina faisait entrer le cinéma algérien par effraction au sérénissime festival de Cannes où il obtint le Prix de la première œuvre en 1967 pour «Le vent des Aurès». Il récidivera en 1975 pour arracher la palme d'or et rien que çà pour «Chroniques des années de braise». Quand on voit, présentement, les niaiseries délivrées par le petit écran, car le cinéma n'est plus qu'un lointain souvenir, on se demande vraiment si nous n'avons pas fait le chemin inverse d'une évolution graduelle faisant d'un enfant, un adulte. Que s'est-il donc passé depuis Octobre 1988 ? Au lieu d'avoir été notre «Mur de Berlin» qui a ouvert la voie à une transition pacifique et la réunification d'un pays divisé par deux idéologies diamétralement opposées, il a failli être un déchirement à la Yougoslave, n'était-ce le sens élevé du sacrifice de patriotes sincères. Mettant en péril la survie même de la nation qui n'était plus à l'abri des contingences du prix mondial des hydrocarbures depuis le choc de 1986, nous nous focalisons sur le politique et ce depuis l'élection présidentielle de 1995. Pendant ce temps, des pays que nous considérions, pas ou peu avancés, ont fait du chemin. Est-il besoin d'évoquer l'Indonésie, la Malaisie, Singapour ou même le Vietnam dont les «boat-people» sont encore dans l'imaginaire collectif ? On s'attarde exagérément sur les libertés publiques et individuelles, la liberté de la presse et la promotion des droits humains en général. En ce qui concerne, justement, la liberté de la presse, il faut tout de même reconnaître qu'il y a une avancée extraordinaire qui parfois dépasse les limites admises par l'éthique allant jusqu'à l'irrévérencieux. Les caricatures représentant le chef de l'Etat sous les traits du roi Ubu sont là pour déjuger les pleureuses. Il se trouve, malheureusement, des défenseurs des droits de l'homme impénitents qui violent tous les jours les droits de leurs gens de maison (chauffeurs, jardiniers, femmes de ménage). Faisant l'objet, quelque fois, de brimades de la part les rejetons de leurs maîtres, la plupart d'entre eux, ne bénéficient d'aucune protection sociale. En cas d'accident domestique, ils n'auront que leurs yeux pour pleurer. Alors, il faudrait que ces pseudo-justiciers repassent pour leur faux semblant droit-hommiste. Dans le cadre du développement économique, aucune personne sensée ne peut nier le niveau atteint par les réalisations infrastructurelles, sauf que l'intégration de l'homme algérien ne s'est pas faite en parallèle. Il est devenu normal qu'un chantier en bâtiment ne comprenne qu'une main-d'œuvre turco-sahélienne ou chinoise. L'ouvrier national est rebuté par les travaux pénibles ; il préfère le commerce occasionnel. Vendeur de moutons du sacrifice aujourd'hui, il sera le marchand d'articles scolaires demain. On chante les vertus de la moyenne et la petite entreprise ou encore de la micro-entreprise soutenues par les dispositifs ANSEJ, CNAC et autres acronymes, le consommateur ordinaire ne voit rien venir tant qu'il achète le cure-dents égyptien, le coton-tige tunisien, le manche à balai indonésien et le bibelot taiwanais. Pour cela, il suffit de jeter un coup d'œil dans ces commerces appelés «cosmétiques» pour découvrir ces cavernes d'Ali Baba où l'inutile l'emporte sur le factice. Arrêtons le gâchis tant qu'il est temps ! Le dernier évènement national qui aura focalisé l'opinion publique est sans nul doute la pâle prestation de nos athlètes au pays de la samba. Faire des comparaisons avec l'échec n'est certainement pas pertinent. S'il faut le faire, c'est avec le succès de pays moins nantis que nous, tels l'Ethiopie et le Kenya qui ont fait le bon choix dans la course du demi-fond et du marathon. Morsli et Boulmerka sont là pour constituer les preuves vivantes d'une stratégie, jadis, payante. Mais à leur époque, c'étaient eux la délégation. Cette ruée vers la découverte et le loisir n'est pas le propre du monde sportif seulement, elle touche tous les secteurs d'activité, y compris la sphère dite académique. Il s'est trouvé des délégations officielles qui, à leur retour au pays, n'ont rendu aucun compte à leur hiérarchie. Nous ne terminerons pas le propos sans évoquer cette indignité que subissent nos concitoyens aux portes d'un pays voisin, la Tunisie pour ne pas le citer, en dépit du soutien économique et sécuritaire qui lui est consenti depuis sa révolution du Jasmin. Les équipes de football, de la plus riche à la plus modeste, se bousculent au portillon pour des supposés stages de préparation, ne trouvant même pas de partenaires tunisiens pour des matchs amicaux, continuent à fournir du pain bénit à ce pays «frère» qui nous préfère les équipes des pays du Golfe. N'a-t-on pas de sites appropriés tels que Seraïdi, Tikjda et autre Sidi Moussa, bénéficiant et de loin d'attraits meilleurs ? Question à un copeck : que voulait dire le Premier ministre qui aurait déclaré lors de sa récente visite à Saïda ? : «?sur le plan économique, le pays se porte bien, son taux de croissance actuel qui est de 3,5 sera de 3,9 en 2017. Nous n'aurons pas besoin de politique d'austérité?». C'est certainement ce genre de déclaration qui nous fait baisser la garde à chaque fois où la vigilance est de mise et l'opinion publique en éveil. Quand tout le monde sait que l'économie planétaire est en plein bégayement, il serait illusoire de donner des assurances qui ne tiennent pas la route. La Chine qui affichait un taux de croissance caracolant à plus de 9%, est en train de revoir sa copie pour une plus drastique gouvernance. (1) Phrase prophétique attribuée à Napoléon 1er. |
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