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Pourquoi notre industrie n'est pas compétitive ? Et qu'est-ce qu'on a fait pour remédier à cet état de fait ? Doit-on s'interroger aujourd'hui dans de tels termes alors que notre pays dispose de compétences humaines mondialement reconnues, et notre sous-sol regorge de richesses naturelles importantes. Les raisons qui nous poussent à se poser ces questions sont nombreuses. En effet, plusieurs indicateurs virent à l'orange : Les réserves de change ont diminué de 10 milliard de dollars, les revenus des exportations en hydrocarbures ont baissé de vingt milliards de dinars, la crise de récession qui frappe beaucoup de pays européens principaux clients de notre pétrole et gaz, ne laisse pas présager un avenir prometteur. Les raisons avancées pour justifier cette faiblesse de notre industrie son nombreuses. Elles peuvent être résumées autour du constat selon lequel l'Algérie souffre d'un déficit en matière d'innovation. Il convient de rappeler que l'innovation associée à la recherche sont devenues des enjeux économiques majeurs et des éléments fondamentaux de la compétitivité d'une économie. Or il ne peut y avoir d'économie forte sans industrie forte, et notre industrie qui représente à peine 5% du PIB doit, plus que jamais, jouer un rôle majeur d'entrainement de l'économie pour la croissance, l'emploi et l'innovation. Il lui faut adapter son modèle tout en bénéficiant d'un environnement qui lui permette de répondre durablement aux enjeux du XXIème siècle. Mais auparavant il y a quelques handicaps à surmonter pour qu'elle sorte de son marasme. UNE FORMATION INADAPTEE -La formation, n'est pas suffisamment orientée vers les besoins de compétences de l'industrie. L'existence de tensions sur l'emploi dans de nombreux secteurs industriels, atteste de l'inadéquation entre l'offre de formation et les besoins de l'industrie tant au niveau de la formation initiale que de la formation continue. RECHERCHE INEFFICACE -Les fonds publics destinés au soutient de la recherche et développement dans le secteur industriel combien même importants sont malheureusement hélas moins orientés vers le développement économique. Dans le secteur privé l'effort de recherche quant à lui accuse un retard notable sinon inexistant LE TISSU INDUSTRIEL INSUFFISAMMENT SOLIDAIRE En économie de marché, il est normal que les entreprises ne puissent se faire des cadeaux entre elles, mais elles peuvent reconnaître des intérêts communs et collaborer. Elles ne le font pas suffisamment en Algérie. Les filières, sauf exception, ne fonctionnent pas comme telles : les relations entre les grands donneurs d'ordre, leurs fournisseurs et les sous-traitants sont souvent dégradées, en tous cas, insuffisamment explicitées et organisées ; elles n'identifient pas les intérêts communs. LE DIALOGUE SOCIAL INSUFFISAMMENT RODUCTIF On éprouve de réelles difficultés à aborder suffisamment tôt les problèmes liés aux bouleversements que connaissent nos entreprises et leur environnement. Les postures l'emportent sur l'écoute réciproque; les intérêts personnels l'emportent sur l'intérêt général, un climat de méfiance s'installe trop souvent et interdit la recherche en commun de solutions aux problèmes de l'entreprise. Les échanges sur la stratégie, souvent formels, ne prennent pas de consistance. Les pays qui réussissent sont pourtant ceux où le dialogue social est porteur de dynamiques favorables à l'entreprise et à ses salariés. Développer la croissance par la mise en commun de moyens d'entreprises innovantes, de recherche et développement, telle est l'ambition des pôles de compétitivité. Je ne prétends pas apporter à travers cette contribution une solution miracle, ni proposer une feuille de route, il s'agit tout simplement d'une modeste réflexion dans l'espoir de rafraichir les idées. L'OBJECTIF RECHERCHE AU TRAVERS DE LA MISE EN PLACE DES POLES DE COMPETITIVITE EST DE CREER «un écosystème de la croissance c'est-à-dire la combinaison sur un territoire donné d'entreprises, de centres de formation et d'unités de recherche engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets innovants et disposant de la masse critique nécessaire pour une visibilité internationale» cette stratégie a été conceptualisée par Michael Porter, Universitaire à Harvard, sous le nom de «cluster». Lui-même s'est inspiré de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo. Elle a fait les beaux jours dans de nombreuses régions à travers le monde. On citera les Districts italiens, les clusters au pays basque Espagnol, les réseaux de compétences Allemands : Kompentenznedtze. Le cluster désigne une portion déterminée de territoire. Pour Michael PORTER, il s'agit de concentrations géographiques et économiques naturelles où la croissance est importante et soutenue par les interactions entre les privés, publics et institutionnels en liaison avec le type d'activité spécifique. Eventuellement la mise en place de cette stratégie en Algérie, repose sur les pôles industriels existants déjà à savoir dans la région de Annaba une infrastructure minière, de fer et d'acier ; dans le constantinois une infrastructure d'industrie mécanique, au centre une infrastructure d'industrie de véhicules lourds dans l'ouest une infrastructure pétrochimique, une industrie électronique et mécanique agricole. Il s'agit d'envisager sur ses pôles industriels des pôles de compétitivités. LE FONCTIONNEMENT DES POLES DE COMPETITIVITE TELS QU'ILS SE PRATIQUENT DANS D'AUTRES PAYS Chaque pôle de compétitivité doit être représenté et animé par une entité juridique propre, sous forme d'association et doit disposer d'une équipe permanente souvent légère (3 à 4 personnes) avec un budget de fonctionnement le financement de ces structures est assuré par ses membres et par les contributions de l'Etat et des collectivités territoriales. Son rôle est de faciliter le montage des projets entre différents acteurs des pôles. Cette structure de gouvernance est tenue d'accorder une place prépondérante aux acteurs industriels, scientifiques et académiques dans ses instances dirigeantes tout en permettant la représentation des collectivités territoriales intéressées. Les missions officielles confiées aux structures de gouvernance des pôles consistent en : -L'élaboration et la mise en œuvre de la stratégie générale du pôle -La coordination et la sélection («labellisation») des projets de recherche à candidats ; À un soutien de la part des financements publics dédiés spécifiquement à la politique des pôles ; -La communication du pôle, l'évaluation des projets. Il faut noter par ailleurs, que ces structures jouent un rôle prépondérant dans le rapprochement entre les membres du pôle, l'émergence et le choix de projets stratégiques. Elles sont aussi chargées de s'assurer de la place accordée aux PME dans le fonctionnement et la définition de la stratégie du pôle. LE CONTRAT CADRE OU LE CONTRAT DE POLE DE COMPETITIVITE Parallèlement à la structuration de la gouvernance des pôles, les relations entre les différents acteurs de chaque pôle ont été contractualisés dans un contrat cadre. Ce contrat cadre conclu entre l'Etat, les collectivités territoriales concernées et la gouvernance du pôle a pour objectif de définir : -les modalités de fonctionnement de la structure de gouvernance des pôles (statut juridique, organisation et fonctionnement des instances, méthodes de sélection des projets) : -les objectifs et la stratégie du pôle ; -les moyens d'animation du pôle ; -la mise en place d'un comité de coordination entre les signataires du contrat cadre pour assurer le suivi ; -la définition de la zone de recherche et de développement attachée au pôle ; -les principes retenus pour la labellisation des projets ; -les moyens d'évaluation des pôles. Ce contrat cadre est un document type, conclu avec chacun des pôles de compétitivité labellisé il doit faire l'objet d'une validation par le CIADT. (Comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire) L'ACCOMPAGNEMENT TECHNIQUE DES POLES DE COMPETITIVITE Concomitamment à la labellisation, il a été décidé d'assurer un soutien technique et méthodologique de l'Etat à chaque pôle de compétitivité au travers de la mise en œuvre d'une équipe dédiée. Le groupe de travail interministériel, quant à lui est chargé d'une mission générale d'accompagnement et de suivi des pôles. Les missions du groupe de travail interministériel recouvrent désormais : -La facilitation des relations entre les pôles et l'administration ; -Le suivi des pôles ; -L'évaluation ; -La diffusion d'informations et de bonnes pratiques ; -L'organisation de manifestation ; LE COMITE DE COORDINATION PARTENARIAL Chaque pôle de compétitivité a donné lieu à la création d'un comité de coordination dédié constitué autour des wali de région concernée. Chaque comité est organisé en un comité des financeurs et un comité scientifique en charge du suivi et de l'évaluation technique des résultats du pôle. Ces comités sont constitués autour : - Des services déconcentrés des ministères concernés ; - Des recteurs des d'universités ; - Des représentants des collectivités territoriales ; - D'un correspondant du groupe de travail interministériel. MISSIONS DE L'EXPERT COMPTABLE L'Expert Comptable à un rôle à jouer et souhaite un rôle dans la bataille de l'innovation. Par sa présence, quasi permanente, aux côtés du chef d'entreprise, l'expert comptable est le mieux placé pour promouvoir l'innovation comme levier de la croissance, pour amener son client à définir cette fonction vitale pour son entreprise et pour l'aider à la structurer. Cela dit la réalisation d'interventions auprès de membres potentiels ou actifs des pôles de compétitivité impose à l'Expert Comptable de disposer de solides compétences et de méthodes de travail éprouvées pour dispenser des conseils éclairés et mettre en œuvre les différents régimes institués par le législateur pour favoriser l'innovation et la recherche au sein des entreprises privées Algériennes. CONCLUSION Il est tout à fait clair que la concrétisation de tels projets exige un niveau de compétence et d'expérience crédibles, ceux sont ces critères qui doivent guider le choix des hommes pour de telles missions, il s'agit de donner un nouvel élan à l'industrie Algérienne et tous les acteurs susceptibles d'y contribuer seront invités à se rassembler autour d'un véritable pacte productif pour la compétitivité, la croissance et l'emploi, il faut surtout éviter de banaliser telle ou telle fonction, chaque mission doit être guidée par la culture managériale qui est lui nécessaire, pour espérer récolter le succès au lieu de l'échec. * Expert-comptable et commissaire aux comptes -Membre de l'Académie des sciences et techniques financières et comptables Paris. -Enseigne les normes IFRS à l'Université de Skikda |
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