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Bonne journée à vous. Par la présente
lettre je tiens à vous exprimer par écrit l'expression de mon estime et de ma
gratitude. Mes chers confrères et amis, rassurez-vous, j'ai regagne mon
domicile et j ai retrouvé le plein air de mon
rez-de-jardin aux bougainvilliers fleuris. A priori vos prières ont été reçues,
entendues et exaucées par le Maître omnipotent des horloges du temps. Mon éligibilite à un surcroît de vie a été validée, pour un
temps encore. Que vais-je faire de ce surcroît de vie à l'heure de la pandémie
du coronavirus.
Par son arrogance l'homme des temps modernes a chamboulé la symbiose de son biotope. Cette conduite irresponsable a mis en induction le franchissement des espèces ; on se trouve à la merci d'un macaque, d un chameau ou d'une chauve-souris qui du reste n'est pas chauve et n'est pas une souris. Pourtant les G.A.F.A. nous ont promis un horizon transhumaniste et peut-être transhumanisant avec l'avènement disruptif de L'HOMME SANS FIEVRE... La pandémie du coronavirus /Covid-19 est une affolante lutte contre la mort. C'est une épreuve de solitude face à un incendie qui ne lâche rien pour nous faire vivre ce qu'est l'expérience de la mort imminente exceptés ceux qui ont la foi, ceux qui sont déjà imprégnés de l'exercice rassurant et salutaire de la foi. La pandémie du coronavirus /Covid.19 est une situation pathétique et tragique de se trouver dans l'incapacité au titre du risque avéré de contamination interhumaine par le contact physique, d'embrasser affectueusement ses enfants, leur laisser des consignes, leur chuchoter dans l'oreille des recommandations : prenez soin de vous, n'attrappez pas froid, en propos cryptés, prenez soin de notre khizana-bibliothèque familiale, notre jardin, préservé du croisement des regards de convoitise. Comme tout processus morbide, la Covid-19 formate bien une expérience intime pour le survivant ou, peut-être, pour l'autre vivant aussi. C'est une expérience de la perte, une expérience de la dépossession. C'est une litanie de perte tous azimuts. Véritablement c'est une fêlure dans l'existence du malade parce par ce terrible virus à spikes. Le souffle empoisonne et empoisonnant de nos postillons nous amène à nous interroger sur ce qui nous constitue sur ce qu'est notre support affectif, sur ce qui nous définit. A travers le quantifiable du mal-être / Covid-19; LA LETTRE ?D' de DISEASE. Au détriment de la dimension existentielle / ILLNES /, la représentation socioculturelle anglo-saxone /SICKNES/ détermine en fait le processus de socialisation de DISEASE et d'ILLNES. L'approche DISEASE est la définition biomédicale de la maladie. Elle signe l'atteinte organique. ILNESS est une configuration personnelle de la maladie. SICKNESS est une saisie socialisante de l'acceptation de la maladie. Mes chers confrères et amis, quelle est cette instance sans préavis, sans prendre en considération notre référent culturel médical socio-anthropologique... a juge pertinent fin-février / début mars 2020 de nous coller l'acronyme Covid-19, avec la lettre ?D' de Disease, sans se précipiter à rendre le gel Hydro-alcoolique et les masques accessibles et à la portée de toutes les bourses. Etre malade, c'est n'être que le souvenir de ce qu'on a été debout et en blouse blanche. Heureusement que dans ce contexte délétère, aux besoins de l'homme souffrant, il y a le SOIN. C'est le soin prodigue... LE CARE qui permet de faire la distinction de sens, entre le malade considéré comme UN SUBSTANTIF et le malade considéré comme un adjectif. L'éthique médicale contemporaine développe toute une HERMENEUTIQUE DU SOIN qui veille au respect scrupuleux des droits irréfragables de l'homme souffrant, c'est- à-dire L'AUTONOMIE, LA BIENFAISANCE, LA NON-MALTRAITANCE, L'EQUITE. Le soin aide le malade à se raconter, à faire un objet de parole de ce qui a été souvent ressenti comme indicible. Se dire pour se réapproprier L'ANAMNESEde sa propre histoire clinique avant qu elle soit happée par le disque dur d'un ordinateur ou qu'elle trouve refuge dans la pochette du dossier médical dans le sous-sol silencieux des archives de l'hôpital. Ecrire c'est manifester une force ; celle en dépit de tout et malgré tout de reprendre le dessus, COÛTE QUE COÛTE. Mes chers collègues et amis avec votre diligent soutien psychologique, j ai osé FOUTRE la maladie Covid-19, la mienne, au-dessous. La question « que vais-je faire maintenant de mon éligibilité à la vie, que vais-je faire de ce surcroît de vie », est-ce le moment de lever l'ancre ? Me serait-il permis de retarder le voyage ultime, une femme soufie a laissé pour sa postérité, cette pertinente assertion : « LA VIE N'EST PAS COURTE MAIS LE TEMPS EST COMPTE », à la seconde près. LOUANGE A ALLAH. UNE professeure de médecine de Strasbourg m'a rendu destinataire dune injonction : docteur Senouci... VIVEZ maintenant et bel été à toi ... LIRE et VIVRE sont des synonymes. LIRE ne serait-il pas le 1er acte de l'écriture pour penser l'hermeneutique du soin : le care. Les médecins et les philosophes devraient plus s'écouter parler et se regarder écrire ; je suis persuadé que dans cette posture ils pourront mieux comprendre ce qui stresse, ce qui angoisse, ce qui crispe le malade qui suit des yeux pour guetter l'expression de notre regard de praticien, dispensateur de soins. C'est la découverte de sa VULNERABILITE. Les médecins arabes de notre anteriorité /8e.....15e siècle / ont tous été des MEDECINS PHILOSOPHES. POURQUOI à cette époque de l'âge d'or de l'histoire de la médecine arabe, les capacités cognitives de l'esprit scientifique arabe, la médecine et la philosophie, étaient répertoriées et inventoriées dans l'échelle de classification des SCIENCES RATIONNELLES ? Est-ce un simple hasard de conjoncture et/ de conjecture ou plutôt parce que le rapport de force leur était favorable vis-à-vis des théologiens orthodoxes. Se référer la mise au point de LISSANE AL DINE IBN KHATIB lors de l'épidémie de la peste à Grenade en Andalousie 1348. Mes chers collègues, confrères et amis pour toujours, l'Etre humain demeure cet intermédiaire à lui-même. Nous sommes tous tendus entre deux bornes : une borne de finitude liée à notre corporéité et une borne infinie de dépassement de soi, par la parole et surtout par l'écrit. Ne dit-on pas que l'écrit octroie de la durée à la parole.... Mes chers collègues, confrères et amis, j'ai été long mais à travers cette tribune, j ai tenu à vous manifester mon estime par écrit pour une autre temporalité dans une autre vie incha Allah et un grand merci. *Docteur |
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