|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
C'est
le vendredi 19 septembre 1958 que naît à Tunis le GPRA. Au Congrès de la
Soummam d'août 1956, les responsables du FLN / ALN, prennent acte de l'adhésion
massive des populations algériennes à l'indépendance, décident de mettre en
place les institutions du futur Etat algérien.
Je consacrerai les cinq points suivants à la généalogie du GPRA avant de souligner son dépérissement tumultueux puis son acte de décès. I) La mise en place du GPRA. II) Les attributions à lui conférées par le CNRA. III) L'évolution des rapports de force au sein du GPRA. IV) Le conflit GPRA / Etat-major général (EMG) V) La victoire de l'EMG I) LA MISE EN PLACE DU GPRA En 1958, l'Algérie ne pouvait pas encore se doter d'institutions pérennes. Le FLN, le CNRA, le GPRA plus tard, ne constituaient pas, au sens juridique du terme, respectivement un parti de gouvernement, un législateur et une administration dotée du pouvoir exécutif. Ces institutions avaient été forgées tout au long du combat libérateur. Les institutions que le FLN / ALN s'était données à cette fin étaient appelées à être remplacées par d'autres organes et entités. Ce n'est pas un hasard si, dès juillet 1962, un « historique », Mohamed Boudiaf, préconise la dissolution du FLN et l'instauration du multipartisme. De la même manière, si la mission du GPRA était limitée dans le temps, celui-ci n'était pas une simple autorité de fait par opposition à un gouvernement de jure, lesté de la légalité internationale. Du reste, dans les rapports entre Etats, la distinction entre gouvernement de fait et gouvernement de droit ne revêt pas une importance décisive. Il faut garder à l'esprit que la formation d'un Etat est toujours le produit de circonstances de fait, dès lors qu'un certain nombre de conditions se trouvent réunies pour son éclosion. Ces conditions étaient, au surplus, parfaitement légales, dans le cas algérien, dans la mesure où elles avaient été énoncées lors du Congrès de la Soummam. C'est également au regard de leur contenu que l'on doit apprécier la représentativité du GPRA. En 1958, il existait une collectivité algérienne, dans sa double dimension territoriale et sociale, ainsi qu'un appareil institutionnel qui exerçait les attributs d'un Etat : CNRA et Comité de Coordination et d'exécution (CCE). Il y avait aussi et surtout la volonté de la population algérienne de se soustraire à l'ordre juridique colonial, à travers la revendication d'une indépendance totale. Il est vrai que pour les forces coloniales, viscéralement hostiles à toute idée d'autonomie de l'Algérie par rapport à la métropole, le GPRA n'était qu'un gouvernement local belligérant. A Paul Delouvrier, délégué général de l'Algérie qui pressait le général de Gaulle d'entamer avec Ahmed Ben Bella (alors vice-président du GPRA) l'indépendance de l'Algérie, le général eut cette réponse cinglante : « Alors, Delouvrier, vous voulez que je livre l'Algérie au FLN ». Il faut savoir que le fait en droit international est le fondement du droit. Pour le GPRA, l'Algérie a cessé d'obéir officiellement, depuis le 1er Novembre 1954, à l'ordre juridique colonial. En réalité, depuis la conquête de 1830, certes de façon dispersée et erratique, les Algériens ont toujours refusé la politique du fait accompli colonial. Les autorités françaises, notamment à partir de 1955 - 1956, ne parviennent pas à faire appliquer les normes de l'Etat colonial, dans la mesure où elles se heurtent, à la fois à la résistance du FLN / ALN et à celle de la population, malgré la férocité de la répression coloniale quI fera des centaines de milliers de victimes dans les rangs algériens. Le droit international ne pouvait que prendre acte de cette évolution qui revêtira un caractère irréversible à la faveur de l'internationalisation du conflit algérien, puis de l'adoption par l'Assemblée Générale des Nations Unies, le 14 décembre 1960, de la Résolution 1514 (XX) intitulée : « Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » Plus tard, le gouvernement français refusera de reconnaître aux Accords d'Evian, le caractère d'un traité international ; pour la France, il s'agissait de simples déclarations unilatérales, émanant d'elle-même, donc non susceptibles d'être soumises au Parlement pour approbation, avant leur ratification. II) LES ATTRIBUTIONS DÉVOLUES AU GPRA Il convient d'abord de rappeler que c'est une résolution du CNRA en date du 28 août 1957 (CNRA 1 de Tripoli), qui crée le GPRA. Celui-ci est responsable devant le CNRA « organisme souverain de la Révolution algérienne » et « détenteur du pouvoir institutionnel et législatif » 1. Il exerce le pouvoir exécutif de l'Etat algérien ; 2. Il est responsable de la conduite de la guerre d'indépendance ; 3. Il est habilité à mener des négociations et à conclure des accords avec d'autres gouvernements ; 4. Il nomme les officiers supérieurs et les membres de l'état-major, les chefs de mission à l'extérieur et désigne les titulaires aux postes de responsabilité. Il est impossible de passer sous silence les missions du CNRA, si l'on souhaite porter une appréciation objective de l'action du GPRA (1958 - 1962), lequel tout en disposant des coudées franches pour négocier avec la France, était soumis à l'étroite supervision d'un CNRA qui perdra cependant, au fur et à mesure de la proximité de l'indépendance, de sa cohésion et de son unité, si jamais il en eut. Le CNRA exerce les missions fondamentales suivantes : 1. Il définit la politique du gouvernement qui doit lui en rendre compte à chaque session ; 2. Il ratifie les accords et traités conclus par le GPRA ; 3. Il peut modifier les dispositions institutionnelles à la majorité des deux tiers (2/3) ; 4. Il se prononce sur le cessez-le?feu à la majorité des 4/5 de ses membres présents ou représentés. Le cadre est donc fixé. Au plan formel, chacune des deux institutions est munie d'une feuille de route qui ne souffre aucune ambigüité. Il y a d'un côté, un producteur de normes qui détermine le cadre général dans lequel s'inscrit la lutte finale pour l'indépendance et, de l'autre côté, un exécutif chargé de mettre en musique une partition d'autant plus irrécusable qu'elle est le fruit d'un accord de l'ensemble des représentants de la Révolution algérienne. Les négociations d'Evian furent préparées avec force minutie et chacun des participants aux quatre phases qui les composèrent (Evian I, Lugrin, Les Rousses puis Evian II) donnera le meilleur de lui-même, afin qu'elles fussent un succès pour l'Algérie tout entière. Avant de se rendre à Evian pour affronter une délégation française, a priori hostile à toute concession majeure au FLN, il fallait que le GPRA maintienne un contact permanent avec les Wilayate de l'intérieur (alors désorientées et démunies) ainsi qu'avec l'EMG dirigé par le Colonel Houari Boumediéne (ci-après HB), artisan de la fusion Commandement Est / Commandement Ouest. L'EMG constituait le segment de l'ALN, le plus soudé, le plus homogène, le mieux structuré et le mieux encadré. Il était également indispensable pour les négociateurs d'Evian d'opérer en symbiose avec le FLN et ses satellites afin de renforcer les liens institutionnels entre le premier et les seconds, informer également, en temps réel, les appendices de la Révolution de l'état d'avancement des négociations et des tribulations qui pourraient, le cas échéant, en affecter le cours. Ceci dit, le GPRA n'a jamais exigé de disposer d'un chèque en blanc de la part du CNRA pour négocier l'indépendance de l'Algérie. Les procès d'intention instruits contre lui par les membres de l'EMG ne reposaient sur aucun fondement objectif. Les négociateurs d'Evian étaient tenus par les termes du mandat que leur avait conféré le CNRA ; il ne pouvait être question, un seul instant, d'accepter l'insertion de clauses secrètes dans les Accords de paix, à l'insu du mandant officiel. Sur le front diplomatique, pas question non plus d'aller à Évian sans avoir pris langue avec les Etats frères et amis qui n'avaient eu de cesse, depuis 1954, à défendre la cause de l'Algérie (surtout après l'accession de la Tunisie et du Maroc à l'indépendance, en 1956) aussi bien auprès de la France coloniale qu'à la tribune des Nations Unies. Moscou, Pékin, Belgrade, New Delhi, les capitales et africaines, celles des pays de l'Europe continentale et orientale, de l'Amérique latine, de l'Asie (Vietnam en tout premier lieu) furent visitées par le président du GPRA lui-même, Ferhat Abbès, cependant que Washington fut sondé, dans la mesure où dans le camp démocrate, des voix de plus en plus audibles s'élevaient pour en appeler à l'indépendance de l'Algérie. Il est impossible, dans le cadre nécessairement restreint de cette contribution, de décliner le déroulé des négociations menées par le GPRA. On se reportera au meilleur ouvrage publié, à ce jour, sur le sujet, celui de Réda Malek, « L'Algérie à Evian- Histoire des négociations secrètes, 1956 - 1962 », Anep, Alger, 2001. Ce que l'on peut dire est que l'intransigeance du GPRA sur le recouvrement de sa pleine souveraineté par l'Algérie fut payante. On peut le vérifier à travers les quatre points suivants : 1. Le refus d'accepter la partition de l'Algérie, fortement désirée par le général de Gaulle, laquelle devait se traduire, à la fois par l'amputation de l'ensemble algérien des territoires sahariens et par l'affectation de l'Ouest algérien à la seule minorité européenne. 2. La reconnaissance du FLN comme l'interlocuteur unique de la France, ce que le GPRA n'obtint pas de jure mais de facto, la France coloniale n'ayant d'autre choix que de discuter avec le seul représentant légitime du peuple algérien, à savoir le FLN. 3. Pas de statut privilégié pour la minorité européenne. 4. Sur le plan militaire, évacuation des troupes françaises d'Algérie sous trois ans, à compter de l'autodétermination, ce qui ne remettrait pas en cause le bail de 15 ans sur la base de Mers El Kébir ni la poursuite des expériences nucléaires et l'utilisation, pendant cinq ans des installations de In Ekker, Reggane et Colomb-Béchar-Hammaguir. Il est exact, cependant, que le GPRA dut faire des concessions sur l'exploitation des richesses sahariennes. Mais on ne peut pas les attribuer à une insuffisante maîtrise du dossier de l'énergie par les négociateurs algériens ni à la primauté qu'aurait donnée le GPRA aux questions strictement politiques par rapport aux questions économiques. Leur caractère était si essentiel pour la prospérité de l'Algérie indépendante qu'elles ne pouvaient échapper à la sagacité d'hommes aussi remarquables que Saâd Dahleb, Ahmed Francis, Mohamed Seddik Benyahia, Tayeb Boulahrouf ou Seghir Mostefaï. La France coloniale n'avait formé, en 132 ans, qu'une poignée d'ingénieurs, de techniciens, de cadres ; il eût été irresponsable pour le GPRA d'exiger un passage de témoin de la part de la France, sitôt l'indépendance proclamée, sauf à compromettre les chances de l'Algérie de réussir véritablement sa sortie du sous-développement. En d'autres termes, il était nécessaire d'envisager une coopération bilatérale importante et durable. Ceci dit, les Accords d'Evian, censés obéir à la règle du droit international, Pacta Sunt Servanda (intangibilité des engagements pris en toute souveraineté) ne résisteront pas longtemps à l'épreuve des faits, les nationalisations pétrolières décidées par le Président Boumediéne, en février 1971, viendront, en quelque sorte, écorcher la pétrification, souhaitée du côté français, des dispositions des Accords d'Evian relatifs à l'économie. III) L'ÉVOLUTION DES RAPPORTS DE FORCE AU SEIN DU GPRA Le premier GPRA (19 septembre 1958 - 18 janvier 1960) s'inscrit globalement dans l'esprit du CNRA 1 qui a consacré l'élimination politique d'Abane. Un seul des proches compagnons de route de Abane figure dans la composition des membres du GPRA : il s'agit de Benyoucef Benkhedda (ci-après BBK) qui occupe le poste de ministre des Affaires sociales. Les « historiques originels » détiennent la part prépondérante avec Krim, comme vice-président du Conseil et ministre de Forces armées, Ahmed Ben Bella (ci-après ABB) qui est également vice-président, Hocine Aït-Ahmed, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider et Rabah Bitat sont ministres d'Etat sans portefeuille comme ABB, car ils sont détenus à la prison de la Santé mais tenus au courant, en temps réel, des événements politiques qui se déroulent en Algérie et qui sont en relation directe avec les pourparlers de paix. La défunte UDMA est représentée au plus haut niveau par son fondateur, Ferhat Abbès, qui est président du Conseil, tandis que le portefeuille stratégique de l'Economie et des Finances échoit au sage Ahmed Francis. Le courant islamo-arabophile est représenté par Ahmed Toufik El Madani de l'Association des oulémas et par Abdelhamid Mehri qui est un ex-centraliste. Deux des principaux activistes du CRUA qui constitueront plus tard une insolite coalition avec Krim Belkacem, se voient confier des postes de premier ordre : il s'agit d'Abdelhamid Boussouf qui s'adjuge les Liaisons générales et les Communications et Abdellah Bentobbal qui prend le ministère de l'Intérieur. Quant à la désignation de Mahmoud Chérif à la tête du ministère de l'Armement et du Ravitaillement, il s'agit d'une grimace de l'histoire faite à l'Algérie révolutionnaire. Le deuxième GPRA (18 janvier 1960 - 8 août 1961) est encore présidé par Ferhat Abbès. Ce dernier qui est un patriote convaincu se bat pour un seul objectif, celui de l'indépendance de l'Algérie. Mais il a du mal à asseoir son autorité sur les ministres d'un GPRA qui tend de plus en plus à devenir le réceptacle de clans et de factions recomposés au gré de l'évolution rapide des rapports de force et aussi des ambitions personnelles. C'est le CNRA de Tripoli (16 décembre 1959 - 18 janvier 1960) qui va faire déplacer le fléau de la balance vers l'EMG, lequel affermira son pouvoir sur l'ensemble de l'ALN, jusqu'à s'y confondre, en juillet 1962. Le président du GPRA ne possède strictement aucune autorité sur les militaires, qu'ils soient de l'?intérieur ou des frontières ; le plus singulier est qu'il a l'air de s'en étonner et de le déplorer, alors qu'il s'agit d'une situation logique, inscrite dans le cours de l'histoire qui veut que le militaire soit le seul à pouvoir préempter l'issue de la guerre d'indépendance. Dix colonels censés représenter le large spectre du haut commandement de l'ALN (dont cinq chefs de wilaya) se réunissent pour essayer de mettre un terme à l'anarchie qui prévaut, aussi bien dans les Wilayate de l'intérieur qu'au sein des troupes stationnées aux frontières. Désorganisation des maquis, indiscipline des djounouds, abus d'autorité de leurs chefs, prévarication, concussion sont les maux qu'ils s'engagent à combattre. Krim et Mahmoud Chérif encourent les plus vives critiques, cependant qu'est dénoncée l'incurie qui caractérise la gestion du commandement Est dirigé par le Colonel Si Nacer (Mohammedi Saïd). Le CNRA de Tripoli I sera décisif pour le destin de la Révolution, moins en raison du désaveu infligé à Krim qui perd le portefeuille des Forces armées que de la décision des dix de créer deux institutions intégralement et inconditionnellement militaires : le Conseil interministériel de la Guerre (CIG) composé du triumvirat : Boussouf, Krim, Bentobbal et l'EMG, confié au Colonel Boumediéne, alors patron du Commandement Ouest, assisté des commandants Ahmed Kaïd et Ali Mendjli. Le Colonel Boumediéne s'est imposé, depuis 1957, comme une personnalité exceptionnelle, dotée d'un sens de l'autorité et du commandement hors du commun. A priori, la décision du CNRA entérinée par le GPRA semble totalement à contre-emploi. En effet, les Wilayate de l'intérieur sont pratiquement défaites, en conséquence des offensives du généraux Challe (décembre 1958 - mars 1960) et Crépin (mars 1960 - février 1961), instruits par De Gaulle d'intensifier l'effort de guerre contre le FLN / ALN, pour réduire à néant la résistance de l'ALN et celle des populations qui les soutiennent. Qui plus est, la ligne Morice, devenue quasiment infranchissable, depuis octobre 1957, empêche l'approvisionnement en armes des combattants de l'intérieur qui doivent puiser sans cesse dans les stocks disponibles. Last but not least, le général de Gaulle propose le 16 septembre 1959 l'autodétermination à travers la consultation des Algériens par référendum, tandis que le 28 septembre, le GPRA acquiesce à cette proposition, sous réserve que des garanties internationales lui soient fournies, afin que le scrutin soit propre et honnête. C'est ce moment précis que choisit le CNRA pour mettre en place une institution militaire le CIG, lequel, de fait, ne sera jamais en mesure d'exercer ses attributions. Et pour cause, la création, au cours de la même session, d'un état-major général ôtera toute pertinence à l'existence du CIG et les événements s'accélérant, la montée en puissance de l'EMG scellera le début de la fin de l'influence politique et militaire dont Krim, Boussouf et Bentobbal pouvaient se prévaloir jusque-là. En réalité, il ne s'agit pas pour le GPRA de remilitariser la Révolution et reprendre les hostilités à l'égard de la France (cela eut relevé d'une vue de l'esprit), mais de mettre en place, sur l'insistance du Colonel Boumediéne, une armée organisée, disciplinée, au-dessus des clans et des factions. Cette armée ne méritait certainement pas d'être qualifiée d'outil prétorien, mais n'en sera pas moins appelée à devenir la colonne vertébrale du régime algérien, issu de l'indépendance. La durée de vie du troisième GPRA sera d'une année : 26 août 1961 - 2 septembre 1962. Pour en bien comprendre la signification, il convient de revenir au CNRA de Tripoli II qui se déroule entre le 9 et le 21 août. Les ex-Udmistes ne sont plus en odeur de sainteté et il leur est fait l'étrange grief d'avoir insuffisamment défendu les intérêts algériens à Evian, alors que dans toutes les formations de la délégation du GPRA, au cours des quatre phases évoquées plus haut, seuls Ahmed Francis et Ahmed Boumendjel étaient issus de l'ancienne formation réformiste. Krim qui présidait la délégation algérienne ne fut pas davantage épargné. Il ne faut pas oublier qu'à cette phase, les forces centrifuges qui œuvraient au sein du FLN / ALN depuis 1955 / 1956, décident d'abandonner l'unanimisme de façade adopté jusque-là par le FLN et remettre au jour le polycentrisme de la Révolution qui en constitua invariablement la marque de fabrique, nonobstant les efforts déployés par Abane pour en unifier les rangs en août 1956. Comme de bien entendu, Ferhat Abbès est écarté de la présidence du Conseil ainsi que Ahmed Francis. Benyoucef Benkhedda, dont la légitimité historique est incontestable, le remplace. Mais on se gardera de croire que la promotion de BBK, l'entrée de Saâd Dahleb au gouvernement, avec le titre de ministre des Relations extérieures ou le maintien de M'hamed Yazid, comme ministre de l'Information, signifiaient le retour en grâce des ex-centralistes, à l'égard desquels HB avait toujours entretenu une profonde méfiance. Il s'agissait en réalité pour le GPRA, nouvelle manière, de donner des gages au patron de l'EMG qui alléguait que la guerre contre la France n'était pas finie. Le CIG est certes supprimé, mais Krim, Boussouf et Bentobbal se tiennent en embuscade et vont chercher à délégitimer le Colonel Boumediène auprès des Wilayate de l'intérieur dont les chefs respectifs sont d'autant plus circonspects à l'égard de l'Armée des frontières (quelque 40.000 hommes), que le chef de l'EMG dissimule, à peine, sa volonté de peser, de façon décisive, sur la phase finale de la lutte contre le colonialisme. *Professeur d'enseignement supérieur |
|