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Les élèves de Sid Ahmed Serri promettent de
relever le défi de poursuivre le chemin de leur maître en assurant une
formation musicale
à de jeunes enfants de quartiers algérois et même à d'autres au-delà des mers. Les élèves de Serri lui vouent un profond respect et surtout une grande affection. Ils l'ont entouré tout au long des trois jours qui ont été consacrés à sa personne et à son œuvre artistique à la Maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen. Le premier qui ne l'a pas quitté d'une semelle préside l'association El Fen El Açil de Koléa. Il était à ses côtés dès son départ, lundi dernier, d'Alger vers Tlemcen. Brahim Beladjreb l'a été tout autant que Mourad Ouamara, cet élève de la Sanaa d'Alger qui a su concilier prêches religieux et noubates. Beladjreb est l'élève de Serri depuis 1969 à ce jour. Il se préparait hier activement avec son association pour rendre hommage au cheikh. La soirée leur est revenue pendant près de deux heures pour interpréter ce que Serri a chanté et que l'association a gardé jalousement dans son répertoire. Créée le 23 juillet 1998, l'association de Beladjreb est constituée de jeunes artistes, de moins jeunes mais surtout de très jeunes qui ont pris la musique à bras-le-corps. Avant lui, dans la soirée du mardi, Youcef Ouznadji s'était produit avec son groupe, de jeunes talents, qu'il a fait ramener lui aussi d'Alger. Ouznadji préside l'association El Aânadil (les rossignols) qu'il a créée le 2 janvier 1992. Le groupe avait répété pendant quelques heures avant qu'il ne passe à l'auditorium de la Maison de la culture Alloula. Il avait interprété la nouba Dîl selon la pure tradition de la Sanaa d'Alger. La grande surprise, c'est Serri qui l'a créée en montant sur scène. Un honneur pour les jeunes de l'association et aussi pour ceux qui sont venus écouter de la musique andalouse. Sid Ahmed Serri a enchanté ses adeptes en interprétant le btaïhi Dîl «Kad kountou khatir ouahd el achia». La prestation des jeunes sous la direction d'Ouznadji ponctuée par cette incursion de Serri a mis du baume aux cœurs. Serri avait eu droit dans l'après-midi du mardi à un vibrant hommage que les responsables du département du patrimoine immatériel et de la chorégraphie du ministère de la Culture lui ont consacré à la Maison de la culture Alloula. La séance a été marquée par la présentation de l'ensemble de l'œuvre Sanaa du cheikh sous forme d'un coffret incluant toutes les noubates enregistrées par ses soins (44 CD) ainsi qu'un livre consacrant tous les textes et la présentation technique et structurelle de la nouba d'Alger. Editée par Fayçal Benkalfat à la demande de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, le coffret est d'une rare finesse esthétique à la hauteur de l'importance de son contenu musical et littéraire. Le maître a été raconté affectueusement par ses disciples et amis jusqu'à lui avoir donné les larmes aux yeux. Serri a failli craquer sous l'émotion qui lui a noué la gorge pendant un moment. Mais il saura à temps reprendre ses esprits et remercier chaleureusement tous ceux qui ont participé à le consacrer en tant qu'une des parties essentielles du patrimoine national musical. L'autre élève, Farid Bensarsa, lui, est venu de Paris où il fait vibrer El Oud El Aârbi en plein milieu de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Bensarsa que nous avons rencontré mardi après-midi à la Maison de la culture Alloula se rappelle de ses débuts à El Mocilia vers 1972, l'année à laquelle il venait d'arriver de Constantine. Mais avant, il avait pris le soin de s'initier au Malouf de Constantine pendant plusieurs années. Il en sera marqué définitivement. Il se rappelle que son apprentissage à la Sanaa d'Alger lui a été aussi d'une grande utilité. L'association El Mocilia l'avait accueilli à bras ouverts. Bensarsa est passé d'un style à un autre sans grand effort. Il en sera l'interprète au-delà des mers. En 1991, il s'est associé au président de l'association El Mawcilia, Azziz Djeni, pour en faire une des plus grandes écoles de musique andalouse à travers le monde. «La municipalité de Saint-Denis met chaque samedi après-midi à notre disposition deux écoles pour accueillir les enfants et même leurs parents», nous explique Bensarsa qui précise qu'il travaille selon la méthode orale parce que, ajoute-t-il, «il fallait qu'on éloigne les enfants de la méthode scolaire qui est plutôt écrite». L'enseignement est dispensé au sein de 5 ateliers pour les enfants et 5 autres pour les adultes. Composé d'une cinquantaine d'artistes, l'association se produire le 28 octobre à Radio-France. |
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