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L'Algérie conditionne sa reconnaissance du CNT libyen par les cautions
qu'il se doit de donner pour assurer la sécurité des frontières entre les deux
pays.
Le ministre des Affaires étrangères a affirmé jeudi dernier, à partir de la capitale française que l'Algérie reconnaîtra le CNT, une fois qu'il ait constitué un gouvernement représentant toutes les parties libyennes. Une telle condition n'en est pas véritablement une dans la mesure où, soutenu par l'OTAN et notamment la France, le CNT formera le gouvernement que les coalisés auront préalablement approuvé. Des sources diplomatiques font état de contacts intenses entrepris par les ambassades de France et des Etats-Unis à l'étranger auprès d'intellectuels égyptiens, tunisiens et libyens résidents. «Les diplomates les font participer dans des thinks thanks pour en savoir plus sur leur pays d'origine, » nous expliquait un résident à Londres. L'on pense, pour le cas de la Libye, que beaucoup d'entre eux seront poussés à rentrer au pays pour participer dans sa remise en l'état sous des influences occidentales mûrement réfléchies. Les conditions de l'Algérie doivent ainsi aller bien au-delà d'une composition d'un gouvernement sur laquelle les alliés occidentaux ont eu déjà leur mot à dire. Le double attentat suicide perpétré la semaine dernière contre l'Académie militaire interarmes de Cherchell oblige l'Algérie a posé des préalables qui doivent surpasser l'après El Khadafi au plan interne. Les pressions exercées sur sa sécurité aux frontières de ses territoires, notamment depuis le déclenchement de l'insurrection libyenne, imposent de part et d'autre, une redéfinition des relations, des stratégies et des moyens qui ont prévalu jusque-là. Les événements se sont bousculés dangereusement menaçant du pire au plan sécuritaire. Le double attentat suicide contre l'Académie interarmes, bien que revendiqué par l'AQMI, n'a pas révélé tous ses secrets. Ceux qui ont décidé de frapper le cœur de l'armée nationale, avaient certainement à l'esprit les pays arabes comme l'Egypte, la Tunisie et la Libye et le rôle de leurs armées respectives vis-à-vis des mouvements des insurgés. Qualifiée de grande muette, l'armée est en principe tenue aujourd'hui de répondre des défaillances qui ont permis à un kamikaze de pénétrer jusqu'à l'intérieur du réfectoire du mess des officiers pour se faire exploser. L'attentat serait peut-être pour la faire sortir de son mutisme. «Un attentat kamikaze ne peut jamais être empêché quels que soient les moyens sécuritaires déployés, » nous disait un haut responsable de la sécurité, le soir de l'attentat contre l'académie. Si la thèse est partagée par tous, le manque de vigilance de tout un quartier militaire laisse apparaître des négligences que les services de sécurité se doivent de revoir et de corriger en ces temps incertains. Désormais, il y a l'Algérie avant l'attentat suicide contre l'Académie interarmes et l'Algérie après. L'état actuel des frontières algéro-libyennes n'est pas pour contredire de telles appréhensions. La détérioration du climat sécuritaire en Tunisie, mais aussi celle qui prévaut au Sahel, ne doivent que les renforcer. La tenue les 7 et 8 septembre prochains à Alger d'une conférence sur le terrorisme et la sécurité dans la région devra débattre des stratégies et moyens à mettre en place pour constituer une force commune de lutte contre le terrorisme. La question sera certainement posée au plus haut niveau. D'autant que le commandement militaire des quatre pays africains dont l'Algérie, installé à Tamanrasset, a souvent souffert d'un manque de coordination sous les effets de politiques nationales souvent chahutées par des pressions étrangères. Les observateurs ne s'empêchent pas de relever au passage, que les condamnations de cet acte terroriste n'ont pas été nombreuses au plan national. Mis à part les partis de l'Alliance, le PT et l'UGTA, les organisations dites de la famille révolutionnaire ont brillé par leur silence. «Il est curieux qu'aucune d'entre elles n'a condamné alors que c'est l'armée qui a été ciblée, » nous disait un haut responsable. L'on fait part du côté officiel, de réunions continues au plus haut niveau sécuritaire de l'Etat. Réunions pour tenter de disséquer ce que le double attentat suicide de Cherchell a voulu envoyer comme messages mais aussi pour redéfinir des stratégies de lutte antiterroriste conformément aux nouvelles évolutions dans la région. |
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