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«Semer du pétrole
pour récolter des usines» (Houari Boumédiène)
Attribuée, à tort ou à raison au défunt président, cette sentence ne semble pas judicieuse pour ne pas avoir été visionnaire, du moins en ce qui concerne notre pays. Dans une contribution intitulée «Assistance et assistanat» publiée par «Le Quotidien d'Oran» du jeudi 11 aout 2011, Hamiani Mohammed Toufik, nous fait hérisser les poils du dos par un scénario, avec la panique générale en moins, à la G.H.Wells dans la «Guerre des mondes». Cette célèbre fiction, diffusée sur les ondes par l'immense comédien Orson Wells, a fait courir, dans les années trente du siècle dernier, les New Yorkais dans tous les sens, croyant réellement, à une attaque martienne imminente. Et dire que cette prise de conscience générée par la peur, n'avait aucun substrat matériellement palpable. Que dire alors des propos de l'auteur en question qui ne fait que rapporter le réellement vécu par la composante nationale. Aussi percutants les uns que les autres, les paragraphes tailladent dans le vif. Le scalpel de l'expert, ne laisse aucune zone d'ombre pour mettre à nu les scories, aussi bien fonctionnelles, qu'organiques dont souffre notre système de gouvernance. Et s'il faille, à titre illustratif, étayer le propos, l'extrait suivant, peut à lui seul résumer la pensée de l'auteur que nous citons : «Alors le gouvernement et le pays tout entier retrouveraient la légitimité démocratique et la marge de manœuvre sans lesquelles leur action, aussi sympathique soit- elle, ne convaincra pas les Algériens. Car n'oublions pas que les derniers événements sont d'abord un appel à un vrai projet national de long terme qui ose enfin s'attaquer aux difficultés majeures du pays : réforme de la justice et maitrise réelle des secteurs, retour de l'effort et de la méritocratie partout, coup d'arrêt aux dérives des féodalités locales, relance de l'emploi par la substitution de la TVA sociale aux charges qui pèsent sur le travail, relance de la participation, autant de réformes de fond urgentes à engager pour redonnait un cap au pays et rendre confiance aux Algériens». Fin de citation. Ce court paragraphe est, à notre sens, tout un programme qui présume l'ouverture immédiate de chantiers de réflexion où l'expertise nationale, d'ailleurs très féconde, pourra s'exprimer sans bride ni tabou. La réflexion sereine de laquelle sera expurgée la propension de plaire au chef afin d'en tirer les plus avantageux dividendes, est dans le contexte une urgence à ne plus différer. Les mots clés en seraient, selon le texte : Légitimité démocratique, derniers événements, projet national, réforme de la justice, maitrise réelle des secteurs, effort, méritocratie, féodalités locales, participation, cap, confiance. La lecture au premier degré de l'article peut éluder, les joyaux de la réflexion qui ne semble participer d'aucun état d'âme. Si jusqu'à aujourd'hui la légitimité historique ne semble pas, encore, faire long feu, il se trouve qu'elle se nourrit encore de mixage, savamment dosé de l'ancien et du nouveau. Tout le monde se drape des constantes nationales : emblème, langues, convictions religieuses, attachement aux valeurs de Novembre etc. et tout le monde tête à la même mamelle qui en perd, peu à peu, sa morphologie anatomique. Cette légitimité à plusieurs abords, est communément induite par la participation à la Guerre de libération nationale, aux répétitifs mandats électifs assumés, à la militance bureaucratique dans une cellule de l'ancien parti unique ou dans une section syndicale d'entreprise, ou plus récemment due, à l'ascendance parentale, jadis, militante. La légitimité démocratique, est quant à elle, difficile d'accès ; elle nécessiterait toute une vie faite de labeur, de don de soi et de prospection participative. Elle est, non pas le résultat de cooptation et de collusion malveillantes, mais d'accords consensuels tacitement exprimés par le suffrage qui n'a d'autre définition que celle du libre arbitre grevé de traçabilité. Tout le monde verra et tout le monde saura, telle sera la devise générale pour la gestion des affaires communes. Les derniers événements, sont-ils vraiment les derniers pour être les ultimes, ou bien fera-t-on encore face à des soubresauts épisodiques de plus en plus tragiques jusqu'à ce qu'une hasardeuse résolution du Conseil de sécurité aussi belliciste que la 1973 et dont Sarkozy et Cameron en ont fait leur «Cheval de Troie» pour détruire un pays souverain, qui n'est pas pire que la Birmanie ou la Corée du Nord ? Il est vrai que dans ces pays, les relents pétroliers n'empestent pas les milieux d'affaires occidentaux. Pour ne point tomber dans l'escarcelle des attentistes (Atlantistes), seul un projet national construit autour de l'effort et de la méritocratie est à même de prémunir le pays de telles visées hégémoniques. Les champs des profits capitalistiques qui sont entrain de se rétracter sous les coups de boutoir de groupes de pression de plus en plus inhumains, ne laissent aucune alternative aux pays dits non démocratiques pour justement, les envahir sous le thème anciennement cher, à Kouchner relayé présentement par B.H Lévy. Seule la réappropriation collective du pays, par l'ensemble de la communauté est à même, de le préserver de la dislocation. La distribution de la rente à la population libyenne et le confort matériel relatif octroyé avec largesse, n'a pas empêché ce pays à modeste démographie d'imploser. Il aura suffi de trouver la brèche antidémocratique pour que les démons de la guerre s'engouffrent et apparemment pour longtemps. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, s'entêter à vouloir emmener tout le monde au paradis contre son gré, mène en enfer décidément. Tout le monde convient que tout travail mérite salaire, mais personne ne s'empêche, généralement, de bénéficier de largesses indument octroyées. La méritocratie, doit être ce principe élevé au rang de dogme où aucune transgression n'est permise, encore moins tolérée. Pour se convaincre des dérives observées çà et là dans le registre du déni d'équité, la presse nationale rapporte journellement, des distorsions imputables aux commissions chargées de la distribution du logement social et dont l'intempestive répartition fait lever des hordes de mécontents qui investissent les sièges des édifices publics où la sentence de leur éviction a été prononcée, quand ils ne brûlent pas tout sur leur passage. Il n'est pas dit aussi que l'informel qui mite le tissu social, n'est pas étranger à ces débordements. Les heureux bénéficiaires sont souvent les sous traitants des agences immobilières et autres courtiers. D'autres, introduits auprès de certains membres influents des commissions de distribution, font attribuer à leurs proches ou à leur progéniture des logements dont ils n'ont pas besoin dans l'immédiat mais, qui peuvent rapporter gros plus tard par la vente, en attendant par la sous location. Ceci nous entraine, presque par effet gravitaire, à ce que Hamiani appelle et à juste titre : les féodalités locales. A quelques exceptions près, ces féodalités ne sont pas toujours élues. Donc, évoluant dans un microcosme où leurs fonctions ou professions, les placent en amont de la décision mais qui n'en assument pas, les retombées quand elles sont négatives. Les retombées positives sont, quant à elles de tout ordre ; elles peuvent aller des dividendes matériels, au clientélisme, à l'entregent pour des investissements au long cours. Le coup d'arrêt à de telles dérives ne peut être que salvateur pour maintenir le cap déjà corrigé, dans sa trajectoire et rendre la Justice dans toute sa plénitude. Le fin mot en sera : rendre confiance aux Algériens qui ne manqueront pas d'être fiers d'appartenir à ce pays. |
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