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Sollicité par notre confrère El Watan
pour exprimer son appréciation sur les réformes annoncées en Algérie, le nouvel
ambassadeur américain dans le pays, Henry S. Ensher, qui
vient de prendre ses fonctions, a déclaré que «personnellement», il pense que
«ce processus de réformes offre des possibilités intéressantes». Mais en
ajoutant qu'il croit que, «si l'on veut qu'une réforme réussisse, elle doit
impérativement associer le peuple comme partenaire».
En formulant ce préalable qui, selon lui, conditionne la réussite des réformes, le représentant des Etats-Unis a incontestablement ciblé ce qui fait gravement défaut au processus par lequel les autorités algériennes ont décidé de faire les réformes. Leur démarche se singularise par la mise hors jeu du peuple algérien, auquel il n'a été demandé ni ses avis ni ses propositions sur le contenu des réformes. La seule contribution pour laquelle il sera sollicité consistera en son vote à l'occasion du référendum sur la révision constitutionnelle. Hormis son vote à venir, le peuple algérien a été soigneusement tenu à l'écart de la réflexion autour des réformes envisagées. Son exclusion a été camouflée par «l'opération de soi- disant consultations menées par l'instance présidée par Abdelkader Bensalah. Les partis et personnalités conviés par elle et ayant accepté l'invité ont été pompeusement gratifiés du qualificatif «d'acteurs politiques et sociaux représentatifs de la société algérienne». Mais pour aussi respectables et respectés que soient certains partis et personnalités ayant pris part aux consultations, ils n'ont aucune légitimité à parler au nom du peuple. Ils ont certes le droit d'exprimer leurs avis, mais cela ne veut nullement dire qu'à travers eux le peuple l'ait fait. La seule façon qu'aurait eu le pouvoir de monter qu'il considère le peuple algérien en tant que partenaire incontournable pour un projet de réformes fondamentales, aurait consisté à initier sur le sujet un large débat public. Ce qu'il s'est gardé de faire. Ce qui a clairement mis hors jeu ce peuple de la réflexion et du choix des réformes annoncées. En mettant en avant l'impérieuse nécessité pour le pouvoir d'avoir pour partenaire le peuple au processus de réformes, l'ambassadeur américain considère donc à l'évidence que celui des autorités algériennes ne remplit pas cette condition et que s'il «offre des possibilités importantes», sa réussite n'est pas du domaine de la garantie absolue. Diplomatiquement, l'ambassadeur a «conseillé» au pouvoir algérien de revoir sa copie en estimant que «les citoyens doivent continuer à exprimer leurs avis et faire des propositions au gouvernement». Ce qui sous-entend que de son point de vue, les auditions menées par Bensalah et ses assistants ne reflètent pas aussi exactement que les autorités se sont complu à l'affirmer, les pensées et les attentes du peuple sur la question des réformes à entreprendre dans le pays. Il n'a pas en tout caché que lui, en tant que représentant en Algérie des Etats-Unis, consacrera l'essentiel de son travail à prendre contact avec la société algérienne et d'être à son écoute. Intention qui promet de sérieux froissements dans ses relations avec l'Algérie officielle. |
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