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Maghnia: Production céréalière record

par Cheikh Guetbi

A l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), l'heure est à l'optimisme. Au terme de son périple qui a démarré à l'extrême Est à Souk Ahras et qui s'est achevé lundi à l'ultime CCLS de l'Ouest en l'occurrence celle de Maghnia, le directeur général de l'OAIC, Kehal Noreddine, n'a pas manqué de manifester sa satisfaction relative à l'actuelle saison céréalière laquelle est à 95% achevée. Il déclare lors de l'entretien qu'il accorde aux journalistes durant la cérémonie de clôture de cette tournée nationale et laquelle a été organisée par le collectif de la CCLS de Maghnia « avec 45 millions de quintaux, la production 2011 remporte le 3ème record depuis l'indépendance après celles de 2009 (62 millions de quintaux) et 2010 (45,5 millions de quintaux) », avant de justifier cette régression relative par la parcimonie climatique qu'a connue l'ouest du pays particulièrement. A titre comparatif, la production annuelle entre 1960 et 1980 n'était en moyenne que de 20 millions de quintaux et ce malgré une pluviométrie d'alors plus fournie. C'est dire la dynamique structurelle dans les niveaux de production laquelle n'est désormais plus conjoncturelle où les conditions climatiques influaient sérieusement. Pour illustrer cette dynamique, le DG de l'office n'a pas manqué de comparer les rendements nationaux moyens à l'hectare lesquels étaient respectivement durant la fin des années 1980 et en 2000 de 8 q et 12 q pour atteindre 16 q cette saison. L'amélioration du rendement est justifiée par plusieurs facteurs notamment les prix d'achat stimulants des céréales aux producteurs (blé dur: 4500 DA le quintal, blé tendre: 3500 DA et orge: 2500 DA), l'assistance technique (même les radios locales se sont mises aux conseils techniques agricoles) ainsi qu'au parc des moissonneuses-batteuses qui compte 1300 unités réparties sur le territoire national. Quant au saut qualitatif, il relève, selon le directeur de l'office, de la qualité des semences utilisées laquelle est à majorité sélectionnée et également à la consistance de l'engrais phosphaté utilisé. « La quantité de semences sélectionnée est passée de 200.000 q en 2008 à 1,450 million q en 2010 quant à celle des engrais phosphatés elle est de 600.000 q alors qu'elle était à peine de 230.000 q en 2009 », a-t-il dit. L'irrigation de pointe est un autre facteur non moins important qui est cité pour être un moyen idéal qui évite ainsi le déséquilibre dans la production. Celle-ci qui doit intervenir principalement durant les mois décisifs à savoir mars-avril comblera l'éventuel déficit en pluviométrie et permettra de s'affranchir des contraintes conjoncturelles. La technique de l'irrigation dans la production céréalière semble être une priorité pour le directeur de l'office, lequel estime qu'une nouvelle stratégie doit être envisagée pour l'intensification de cette technique. «C'est la technique incontournable du futur pour garantir la stabilité de production», affirme-t-il.

Actuellement la superficie irriguée est relativement faible, 300.000 ha alors qu'elle l'était davantage en 2008, 25 000 ha. Le directeur de l'OAIC n'a pas manqué de rassurer : « Désormais, la production céréalière ne descendra pas au-dessous de 45 millions de q » et d'ajouter « la crise que nous avons vécue en 2008 a été un stimulant pour nous et nous sommes obligés de relever le défi de croître progressivement notre rendement pour tendre, pourquoi pas, vers celui des grands producteurs comme la France qui est actuellement de 70 q/ha/an ». L'on rappelle que durant cette année, les sociétés multinationales ont imposé la pression en cédant les céréales au compte-gouttes ce qui a fait passer le prix du quintal de 150 dollars à 1000 dollars en un mois.

Par ailleurs, notre interlocuteur n'a pas manqué de rappeler l'importante consommation annuelle par habitant qui est de 195 kg, une quantité considérée de très élevée et que seule l'amélioration de la production permet de garantir notre sécurité alimentaire. Par ailleurs, le directeur a abordé le volet du stockage des céréales pour lequel, affirme-t-il, rien n'a été investi pour son renforcement depuis 1988. Aussi, en prévision de la saturation des moyens actuels qui aura lieu, selon le directeur, dans une quinzaine d'années, il est prévu la réalisation de 39 silos pour une capacité totale de 15 millions de quintaux. Pour les 9 ports, des appels d'offres sont lancés pour la réalisation de nouveaux moyens de débarquement (embarquement) des céréales.

Localement, le directeur estime que la wilaya Tlemcen est une région privilégiée grâce à sa production céréalière qui la classe à la 5ème place au niveau national.

Aussi, elle bénéficie d'une capacité de stockage de 400.000 q et de 53 moissonneuses-batteuses. C'est donc à partir de la CCLS de Maghnia et dans une ambiance bon enfant que le directeur de l'OAIC achève sa tournée nationale de laquelle il tire un constat très positif relatif à l'avenir de la production céréalière.