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L'inquiétude
légitime des Algériens quant à la prise en charge de leur santé dans leur pays
a constamment été la source première de soucis majeurs, soucis d'une société
historiquement traumatisée par une situation sanitaire nationale aussi bien
dramatique que tragique.
Par un gros grain de malchance, l'apparition de cette pandémie globale a replongé les Algériens dans une plus pesante incertitude relative à la précarité dangereuse d'un système de santé réputé comme étant nul ou bien quasi inexistant. L'imagination et la mémoire collective algérienne est déjà en train d'entrevoir avec grande crainte l'incapacité des acteurs sanitaires à pouvoir s'abstraire de leurs responsabilitésdevant ce risque pandémique émergent et durable. En effet, cette situation exceptionnelle de pandémie apporte un constat supplémentaire malheureux sur un système de santé publique normativement reconnu foncièrement défaillant et qui réfute le préalable de tout discours politiquement malhonnête. Si l'actualité internationale de pandémie a redonné la priorité à la restructuration immédiate des systèmes de santé et la recomposition de paysages sanitaires proactifs, et si cette préoccupation urgente qui doit interpeller les pouvoirs publics reste sans effet mobilisateur, il est indispensable que ces pouvoirs prennent conscience qu'une partie importante de l'équilibre social de la nation dépend d'un système de santé national à caractère humain. La recomposition sporadique et insuffisante de certains tissus sanitaires souvent portée au premier plan des pics médiatiques par des préoccupations populaires géographiquement localisées ou par des épisodes sanitaires conjoncturelles ont parfois permis de faussement réassurer les populaces mais ne peuvent servir indéfiniment de faux semblants. Selon les dernières données disponibles, l'Algérie présente un taux d'équipements de 2,4 lits pour 1000 habitants et occupe, à ce titre, une position médiocre. On peut également estimer qu'en 2025 la valeur devrait osciller autour de 1,42 pour 1000. Les taux d'équipements régionaux laissent également apparaître de fortes disparités surtout lorsque corrigés par des données démographiques et nombre de praticiens. Il faut rappeler à nos décideurs que la mission de priorité nationale d'établir une démocratie sanitaire et sortir la santé publique de sa souffrance maladive chronique, relève de la compétence ultime et exclusifde l'Etat et ne pourrait en aucun cas de figure souffrir encore plus d'être complaisamment confiée à un secteur privé en majorité génétiquement «trabendiste». Ne pas pouvoir pleinement garantir, assumer et correctement assurer ses missions de service de santé publique, risque d'infliger à l'Etat une raison supplémentaire d'impopularité, de dénigrement de droits humains de base, allant au déni de légitimité et contestation de la nature des pouvoirs publics. L'Algérie devrait essayer d'émuler certains pays Arabes émergents- que nos décideurs aiment souvent visiter pour des raisons occultes - et devrait signer des contrats de partenariats d'accompagnement avec des institutions de renommée internationale aux fins de pouvoir réaligner nos hôpitaux et structures sanitaires publiques aux normes internationales de qualité que reflètent ces pôles d'excellence. Rétablir la confiance citoyenne dans des structures sanitaires nouvellement accréditées à l'international réduirait bien de déficits budgétaires dus aux soins et passe droits illégaux réservés à la nomenklatura. Ici, une parenthèse s'impose pour faire justice aux praticiens de la santé, il faudrait bien s'entendre que tout médecin (public vs. prive) devrait avoir le droit de recommander le traitement médicamenteux juge le plus efficace (local vs. importe), et que le patientdevrait avoir également le choixd'accepter ou refuser (local vs. importe) au vu de ses capacités financières, comme il devrait avoir le choix d'accéder et de se soigner dans des structures publiques ou privées locales ou étrangères. Un système de santé publique étatique est incontournable, néanmoins il est grand temps aussi de diversifier et d'autoriser une concurrence sanitaire saine et loyale via l'investissement étranger direct et mixte dans le secteur des soins hospitaliers et assurances santé, et rétablir aussi l'importation du médicament pour permettre au citoyen d'être enfin libre et indépendant dans ses choix et décisions de santé au vu du constat durable et flagrant d'impuissance de l'Etat à corriger les carences sanitaires et graves ruptures des moyens thérapeutiques indispensables à la santé de nos concitoyens. De toute évidence, en une telle situation, la sécurité sociale est affranchie et via la carte Chifane couvrirait que les médicaments produits localement, les assurances privées locales et étrangères couvriraient les médicaments importés et soins hospitaliers privés. Une telle mesure réduirait le déficit budgétaire lié aux dépenses de santé, ceci en associant l'investissement étranger, en réduisant les investissements en soins à l'étranger et tourisme sanitaire, en éliminant les interventions de médecins étrangers non déclarés dans des cliniques privées avides de gains illicites, et en en éliminant l'importation clandestine du médicament. Il serait également impératif de n'employer que des pharmaciens et assistants pharmaciens attitrés dans nos pharmacies, et développer ainsi la collaboration médecin-pharmacien en conseil médical. Pour conclure, l'absence de vision politique globale en matière de santé publique ne pourra être compensée par le seul principe d'autorité et de satisfaction gouvernementale en collant ici et là quelques raccommodages sur un système en voie d'implosion. Bien sûr, on peut actuellement se targuer au-devant de certaines monarchies du Golf, d'avoir la plus grande Mosquée du monde, mais n'aurait-il été plus pertinentd'utiliser nos fameuses ?arlésiennes' de réserves en devises pourles égaler d'abord en structures sanitaires de pointe. *Dr.Professeur aux universités |
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