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Le ministère du
Commerce a lancé le 26 avril dernier en présence de plusieurs ministres, du
patron du FCE et du secrétaire général de l'UGTA, la campagne nationale :
«Consommons algérien».
C'est là une théorie classique de l'éminent économiste anglais Keynes pour tirer l'offre à partir de la demande. Avant de se lancer dans ce sujet inquiétant où notre économie accuse un retard considérable, il est nécessaire de souligner que cette volonté patriotique des pouvoirs publics apparaît peu adaptée à cette théorie pour sortir de la dépendance du commerce extérieur. Autrement dit, cela ne sera pas suffisant pour insuffler à l'économie nationale une dynamique de production dans la mesure où il s'agit d'une problématique en décalage avec les réalités économiques de nos entreprises. Oui, cette campagne de sensibilisation à caractère commercial est malheureusement contrariée par des mesures relevant particulièrement d'une économie de rente et d'une économie dirigée que l'on voudrait imposer à ce titre car, à notre humble avis, cette initiative devrait néanmoins joindre nos entreprises à un plan de communication commerciale pour déclencher une campagne publicitaire assurant une cohérence totale dans cette vieille recette « made in Bladi », en conséquence ne repose certainement pas sur des objectifs économiques et commerciales mais beaucoup plus sur des impératifs de nature politique. En effet, sans vouloir anticiper sur la vision des pouvoirs publics, nous tentons à travers cette modeste contribution de l'idée que nous voulons développer ici, pour débattre du moins en partie de l'état actuel de l'économie algérienne dans un contexte caractérisé par une désindustrialisation que rien ne semble a priori pouvoir répondre à tirer l'offre vers le haut, face à un enjeu aussi considérable qu'il est absolument vital que nous produisions les bons choix économiques les plus étudiés pour notre économie politique quasi-inexistante qui a accumulé des échecs et l'économie du pays souffre énormément d'une dynamique de la production et de technologie ou encore de la qualité de l'esprit d'entreprise ou de management longtemps entravé par une économie de rente où nous avons pris un grand retard. L'urgence est bien au contraire dans une seconde révolution industrielle pour construction d'une économie privée centrée qui pourrait contribuer à la transformation de nos matières premières pour plus d'intégration et moins d'importations. En effet, nous avions cru trop vite dans la manne des pétrodollars pour nous rapprocher des pays développés qui a été un frein psychologique à la diversification de notre économie et aux technologies pour sortir le pays de la forte dépendance économique qui se pose aujourd'hui d'une gravité exceptionnelle dans la mesure où l'économie nationale reste caractérisée par la persistance de déséquilibres structurels profonds qui se manifestent globalement par des décalages entre la demande sociale et les capacités installées de l'offre qui sera plus forte et pressante encore à l'avenir compte tenu de l'absence d'une économie politique ( micro-économique) et l'absence de la planification qui ont rendu assez obscures les politiques des gouvernements pour maintenir l'ordre socioéconomique. Laissant apparaître un tableau de bord de l'économie algérienne avec les indicateurs suivants : notre pays est structurellement importateur notamment, l'apparition de pas moins de 50.000 importateurs, ce chiffre est un exemple de l'anarchie qui caractérisait l'activité commerciale du pays dans la mesure où l'économie informelle représente aujourd'hui près de 45% du Pib. Un climat social particulièrement en crise, pression grandissante des besoins sociaux, subventions directes et indirectes représentent près de 30% du Pib, les importations un peu plus de 70 % de nos besoins, les exportations hors hydrocarbures ne dépassent guère les 2%, le taux d'intégration s'établit à moins de 20% dans nos entreprises, une monnaie fortement dévaluée sur le marché avec un cours de change 160DA pour 1euro, le financement de l'économie dont 90% des crédits proviennent des banques publiques dont l'actionnaire unique est l'Etat. Il ressort par ailleurs une économie exagérément centrée à près de 90% sur le commerce et les services ; pression grandissante des besoins sociaux ; une faible bancarisation où l'utilisation du chèque est très faiblement répandue et près de 45% de la masse monétaire est dans les circuits du marché de l'informel ; une démographie et un marché du travail en augmentation constante et plus poussée vers nos villes dont le taux d'urbanisation s'établit aujourd'hui à près de 65% qu'il n'est pas possible d'éviter à moyen terme. Véhiculent également un écart cruel entre l'offre et la demande, plus cruelle encore la fiscalité ordinaire et l'exportation hors hydrocarbures qui posent de sérieux problèmes et suscitent des inquiétudes en matière de consolidation et de perspectives budgétaires dont la richesse est aujourd'hui essentiellement constituée de pétrodollars. Donc, difficile défi à relever dans ce cas de situation qui est d'une actualité brûlante pour notre économie qui soulève en effet, d'une part, que l'activité économique en Algérie n'est pas entièrement dirigée par les lois et les concepts économiques de marché, le secteur public économique qui reste toujours sous perfusion, et enfin, une administration fortement fermée sur elle-même bloque l'initiative et l'esprit d'entreprise. Alors que, potentiellement, l'Algérie peut devenir le premier pays industriel d'Afrique. Ainsi, notre état d'esprit est toujours l'Etat qui édifie l'économie qui peut faire en sorte que nos entreprises n'aient pas de place dans le monde du commerce. D'autre part, il s'agit d'une question cruciale qui se pose avec acuité sur le rôle et la place stratégique de l'entreprise dans la vie économique et sociale qui part de l'hypothèse de l'existence de l'offre, liée à l'amélioration de la qualité et à la maîtrise des coûts et prix de revient des produits fabriqués localement en regardant vers l'extérieur pour justement faire face à la concurrence des produits importés à l'heure de la mondialisation du commerce sans frontières, seul moyen pour répondre aux lois du marché qui sont l'offre et la demande. Cependant, pour justifier cette théorie, tout d'abord adapter nos entreprises au nouveau contexte économique induit par la nouvelle économie mondiale et notamment à notre adhésion future à l'OMC, avec l'ouverture du commerce international et des marchés financiers et de l'investissement direct étranger (IDE), à inscrire au cœur de l'entreprise algérienne. Et par ailleurs, il faut bien reconnaître qu'il n'est pas normal dans une économie de marché que l'Etat intervient à la place de l'entreprise qui n'est pas un critère à appliquer dans notre stratégie d'adaptation aux exigences d'une mondialisation de l'économie algérienne et par conséquent qu'il n'est pas nécessaire que l'Etat possède encore les moyens de production et qu'une telle initiative exige des pouvoirs publics au préalable de libérer l'entreprise et l'investisseur et par conséquent permettant à nos entreprises de se réinventer elles-mêmes pour une meilleure stratégie d'exploitation de leurs capacités de production installées et axer leur stratégie sur le marché national et international sur la base des performances, la compétitivité et l'innovation, et dans tout ça le succès repose sur les compétences avec un esprit scientifique capable de développer la grande croissance et résoudre les problèmes posés par la concurrence internationale en prévision de l'adhésion future de l'Algérie à l'OMC. Autrement dit, établir de véritables paramètres qui plaident « l'économie c'est l'entreprise et le marché c'est l'entreprise ». C'est là où se manifestent effectivement les bases d'une économie politique pour justement réussir une bonne politique économique et sociale pour que l'Etat sorte de son rôle actuel l'Etat providence et de gestionnaire pour s'orienter vers la régulation et le contrôle fonctionnel des marchés, car les entreprises sont les acteurs directs du marché. Pour cela, nous devons plaider pour des entreprises autonomes et stratèges, et l'Etat régulateur sur la base de règles et lois du marché encadrant notamment la concurrence, la compétitivité, l'offre et la demande qui ne peut reposer que sur des bases solides d'une structure industrielle à forte valeur ajoutée technologique. A ce propos justement, la contribution actuelle très faible de la production et de la productivité de nos entreprises à répondre aux besoins et contraintes induits par les mutations qui affectent la stabilité sociale en matière d'emplois et de pouvoir d'achat où notre modèle de consommation reste fortement dépendant de l'extérieur et soutenu par la rente pétro-gazière quand on sait que l'envergure des importations qui a pris, au cours de ces deux dernières décennies, des proportions inquiétantes alors que l'Algérie étant un des pays les plus dotés en pôles universitaire, en industrie et en agriculture. Il faut développer pour chaque secteur une stratégie spécifique et adaptée aux règles et mécanismes de l'économie de marché dont l'objectif est d'accroître et promouvoir en priorité l'offre où notamment les secteurs public et privé seraient complémentaires et se doivent d'être cependant gérés selon les normes modernes et tenus d'être compétitifs. Nous avons donc besoin de corriger les règles du jeu pour un gouvernement des entreprises fort et moderne et une meilleure gouvernance économique pour que nos entreprises accélèrent leur croissance, à savoir procéder à des réformes complémentaires ou du moins de mesures correctives d'expression d'économie politique pour une approche nouvelle du rôle de l'Etat dans l'économie nationale pour promouvoir une économie hors hydrocarbures dont notamment : l'organisation, l'orientation stratégique et la régulation économique plus dynamique aux normes et éthiques internationales qui pourraient éventuellement nous intégrer dans la nouvelle économie et les évolutions mondiales. En effet, aujourd'hui nous sommes à l'heure de la mondialisation et la globalisation, les rapports se tiennent largement sur les questions économiques, commerciales et financières qui intéressent l'entreprise. Donc, réfléchir en terme international est indispensable en cette ère de compétition impitoyable dont notamment le droit économique occupe aujourd'hui une place de choix dans l'amélioration du climat des affaires et de la qualité de l'entreprise. C'est dire la capacité de développer l'offre afin que l'entreprise retrouve désormais sa vitalité et sa raison d'être de manière de s'oxygéner dans la grande croissance et à lui éviter autant que possible les blocages bureaucratiques pour répondre aux exigences économiques de l'heure. Ce rôle est décisif dans la structure de l'économie nationale pour restaurer rapidement la croissance et l'investissement productif en mettant en avant surtout les entreprises industrielles et les compétences. A ce propos justement, un pays développé n'est que le reflet fidèle de la puissance économique et technologique de l'entreprise qui constitue la bonne gouvernance économique et sociale. Dans ce nouveau contexte, notre souhait est que le rôle de l'entreprise dans la vie économique et sociale devient la première clé de notre politique économique pour une nouvelle dynamique de développement national et le maillon fort des politiques publiques pour la création des richesses, d'emploi durable et même pour renforcer le budget de l'Etat en matière de fiscalité ordinaire et de balance des paiements en devises fortes qui constituent la contrepartie du rôle et des efforts de l'Etat. Il est bien évident que le gouvernement est appelé à relever ces défis par la nécessité d'une stratégie d'entreprise ouverte en amont et en aval pour développer les exportations hors hydrocarbures. Il va ouvrir la voie permettant de lever les blocages qui continuent d'entraver l'initiative et l'action économique en Algérie pour redresser la compétitivité pour une meilleure intégration de nos entreprises dans les règles et les mécanismes de l'économie de marché dans un contexte mondial ouvert pour en finir avec une économie subventionnée via la dépense publique. A plus juste raison, lorsque l'on considère que seules les exportations hors hydrocarbures qui peuvent soutenir la croissance, l'emploi et le pouvoir d'achat. * Financier et auteur de deux ouvrages: Comptabilité des sociétés et Gouvernance des entreprises |
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