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![]() ![]() ![]() ![]() Il y a bel et bien pénurie de médicaments. Elle atteint même des seuils
critiques actuellement. Ces pénuries sont pourtant aisément évitables. La
rupture des médicaments vient souvent du fait que les besoins ont mal été
évalués. Dans notre pays, nous disposons d'un ensemble de mécanismes qui
permettent d'anticiper les ruptures et donc de prévoir les besoins en
médicaments de la population. La collecte et le traitement de l'information
liée à la consommation des médicaments en Algérie sont les éléments clés si
l'on souhaite effectivement parer à ces ruptures de produits vitaux. Or, cette
information existe. Plus de 8 600 officines conventionnées, réparties à travers
les 48 wilayas du pays, transmettent régulièrement ces informations capitales
au niveau des caisses de sécurité sociale depuis le lancement du
conventionnement avec les organismes de sécurité sociale, c'est-à-dire depuis
plus de 8 années. On est donc avec un stock de huit années d'informations d'une
valeur inestimable qui, si elles venaient à être non seulement traitées mais
aussi partagées avec les responsables en charge de la santé, contribueraient, entre
autres, à la réduction des pénuries de médicaments de manière efficace. Les
programmes arrêtés par le ministère de la Santé y trouveraient un intérêt certain et une
quantification précise. Un médicament, bien qu'accessible dans une officine sur
20, signifie qu'il a un taux de rupture de 95%. De même, les programmes sont
élaborés en tenant compte de l'ensemble des spécialités relatives à une
dénomination commune internationale (DCI). Si donc une spécialité venait à
manquer, l'accessibilité en deviendrait perturbée. Les épidémiologistes comme
les économistes de la santé regrettent que, dans un pays comme le nôtre, nous
ne disposons pas d'informations permettant d'élaborer des stratégies sanitaires
et économiques fiables et efficaces, qui permettraient un meilleur accès aux
soins de la population. En matière de gestion des stocks, l'utilisation de ces
informations devient stratégique. Surtout lorsqu'il s'agit de stocks nationaux
prévus pour satisfaire les besoins de la population en matière de produits
pharmaceutiques. Si l'on souhaite donc mettre un terme à un problème qui risque
d'être dramatique pour la santé de la population, on gagnerait certainement
beaucoup en s'intéressant de près à ces informations et en les traitant dans le
sens de la prévision des besoins.
Une exploitation restreinte des données Actuellement, cette information est exploitée dans un cadre restreint de comptabilité afin de régler les factures des officinaux qui ont fait l'avance des frais aux assurés sociaux. Le ministre du Travail, suite aux différents rapports rédigés par le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) sur l'apport réel en termes de sécurité sanitaire et de maîtrise des dépenses, a annoncé le lancement du code à barre sur les vignettes des médicaments. Mais son département, la direction Générale de la sécurité sociale, semble rencontrer des difficultés dans le lancement de cette opération qui accuse un retard de deux années. Une opération qui, selon les spécialistes en charge de la normalisation et de la codification des produits, ne demande guère tout ce temps. L'avènement du code à barre sur les vignettes des médicaments serait lui aussi un autre atout pour maîtriser les prévisions exactes des besoins de n'importe quelle wilaya du pays. Cet outil, fort performant, permet une traçabilité des opérations et un traitement rapide et précis de l'information. Nous devons garder à l'esprit, dans un contexte où les médicaments peuvent à tout moment présenter un risque pour la santé, que seul un tel système permettra d'identifier les consommateurs à alerter. Une solution fort simple et à portée de main reste malheureusement inexploitée, tandis que des malades continuent de souffrir du manque de médicaments. * Pharmacien Rédacteur en chef au «Courrier du Pharmacien» |
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