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Dans un entretien publié par New African, l'ancien
Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, chargé par le président
Nicolas Sarkozy du volet économique des relations algéro-françaises,
évoque longuement la manière dont sont menées les négociations avec les
partenaires algériens.
Une sorte d'illustration de l'efficacité d'une approche modeste ciblant des objectifs précis et concrets. Désigné après un accord préalable entre les gouvernements algérien et français sur la nécessité de faire avancer quelques grands dossiers, Raffarin n'est donc pas en charge de l'ensemble des relations françaises. Il a une «mission limitée dans le temps» et «limitée quant à ses sujets». Une douzaine de dossiers sur lesquels les deux parties veulent faire des «avancées» et ont le «désir d'aboutir». Jean-Pierre Raffarin situe les attentes du gouvernement algérien en direction des partenaires français : «Créer, ensemble, des filières économiques industrielles qui créent des emplois». «Il s'agit d'un travail d'appui, à moyen terme, à la structuration de l'économie de ce pays afin qu'elle soit en mesure de faire face à ses défis économiques, à l'ère post-pétrole». Sur l'un des dossiers, l'industrie pharmaceutique, la coopération est «tout à fait positive et pertinente» et a «enregistré des progrès significatifs ces derniers mois». Actuellement, indique M. Raffarin, l'effort se concentre sur trois dossiers : l'industrie automobile, la cimenterie et la pétrochimie. Pour le premier cas, il note qu'un «travail est en cours» avec Renault pour étudier la «mise en place d'une industrie algérienne de l'automobile». Pour le secteur du ciment, il relève que Lafarge, déjà présent en Algérie, ne peut qu'être intéressé par le développement de la filière. De même pour la pétrochimie où Total est prêt à participer activement. «Voici trois cas de figure qui ne sont pas des exemples de contrats de court terme, mais qui contribuent aux efforts de structuration de l'économie, générateurs d'emplois en Algérie sur une grande échelle». Dernière mission en mai Cette douzaine de dossiers devrait aboutir à la création de 20.000 emplois pérennes directs et trois à quatre fois plus d'emplois indirects. Il reste que les dossiers concernent, côté français, des entreprises privées et l'Etat ne peut pas avoir un rôle qui dépasse celui d'incitateur. Il revient aux partenaires de se mettre d'accord, indique Raffarin, en se disant «confiant sur les dossiers de la pétrochimie et du ciment». L'automobile, par contre «est un sujet plus complexe. Les négociations sont entrées maintenant dans une phase active». M. Raffarin explique longuement comment les deux parties ont défini les dossiers prioritaires et le travail accompli avec son alter ego, Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie. «J'apprécie beaucoup de travailler avec lui. Il a, à la fois, la grande expérience d'un haut fonctionnaire, et en même temps, le souci de traiter les dossiers en profondeur». Il a expliqué que sa visite en février dernier avec les trois industriels porteurs de projets, Lafarge, Total et Renault, était destinée à rapprocher les vues des partenaires. Une dernière mission est programmée pour le mois de mai pour procéder avec «les autorités algériennes, à l'évaluation de chacun des dossiers et au lancement d'une nouvelle coopération avec les PME». Ce sera à l'occasion de la tenue du Forum algéro-français de partenariat, qui devrait permettre une rencontre entre les PME des deux pays. «Le dossier PME sera un prolongement de ma mission. L'ensemble de cette mission aura été mené en six mois, ce qui est assez rapide». Des «difficultés à surmonter» M. Raffarin ne veut pas parler de «blocages» mais de «difficultés à surmonter». Il y a, explique-t-il, ce qui relève des Etats et ce qui relève des entreprises. Au niveau des Etats, la «bonne volonté est patente des deux côtés», tandis que les entreprises ont leur «stratégie propre». Mais, ajoute-t-il, «nous souhaitons convaincre, faire en sorte que les entreprises intègrent dans leur stratégie les préoccupations plus larges, à plus long terme, qui sont celles des autorités algériennes». Comment se fait ce travail, M. Raffarin l'explique : «Les réunions avec Mohamed Benmeradi se font en présence de tous les partenaires intéressés. Il y a les grandes directions de l'Etat, les grandes entreprises partenaires françaises et algériennes. Nos discussions sont très complètes et, au fond, on constate que les débats portent sur les mêmes sujets. D'abord, la réalisation de projets à moyen et à long terme, ni superficiels ni opportunistes, mais structurants, allant vers une stratégie de développement. C'est important. Ce qui intéresse les entreprises, c'est naturellement de gagner des marchés, mais elles doivent comprendre que la rentabilité n'est pas uniquement à court terme. C'est le cœur de nos discussions». Invité à donner une estimation des investissements, Raffarin a donné le chiffre de 5 milliards d'euros pour la pétrochimie. Renouveler l'accord de 2007 «Il s'agit là d'une stratégie de moyen terme, car ces investissements en amont et en aval prendront du temps. Mais dans le même temps, l'échéance est à court terme puisque ce projet a fait l'objet d'un accord avec le président Bouteflika en 2007, à l'occasion de la visite d'Etat du président Sarkozy, et que cet accord doit être renouvelé au mois de juillet». Il a indiqué que le travail de rédaction d'un nouvel accord opérationnel pour l'occasion était engagé. «Concernant l'industrie automobile ou les cimenteries, les investissements représentent plusieurs centaines de millions d'euros sur des périodes de deux à cinq ans. Des décisions rapides permettraient de créer sans tarder des milliers d'emplois, ne serait-ce que pour la construction d'usines ou l'embauche des futurs ouvriers, techniciens ou cadres». Dans cette esquisse de «bilan», Raffarin souligne que l'un des atouts de sa mission est «qu'elle n'a pas vocation à traiter tous les problèmes ; elle est concentrée sur le domaine économique, sur une douzaine de dossiers très concrets». |
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