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II. L'impact de la baisse des cours des hydrocarbures sur la sphère
réelle : PIB- population ? emploi/chômage et inflation
1.- L'évolution de la production intérieure brute (PIB) à prix courants En dollar courant la valeur du produit intérieur brut (PIB) de l'Algérie a plus que triplé en 10 ans, passant de 4.123,5 milliards de DA (54,8 md dollars) en 2000 à 14.481 milliards de DA en 2011 (198,8 md dollars) grâce notamment aux investissements publics consentis par l'Etat pour booster la croissance économique, selon l'Office national des statistiques (ONS). Le produit intérieur brut nominal de l'Algérie (PIB) s'est établi à 166 milliards de dollars (md usd) en 2016 contre 172,3 md usd en 2015, selon les prévisions du FMI dans son rapport sur les perspectives de croissance dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord/Afghanistan/Pakistan (MOANAP. Par tête d'habitant (PIB per capita), le PIB passe de 5474,3 US$ en 2014 à 4.132,6 US$ en 2015. Avec une croissance de 6,4% en 2015 par rapport à 2014, le secteur agricole renoue avec des performances, particulièrement après la forte décélération enregistrée en 2014, considérée comme la performance la plus basse des cinq dernières années. Le secteur des hydrocarbures enregistre une reprise d'activité certes timide, mais qui rompt avec le cycle dépressif dans lequel il était engagé depuis 2006. Mais, il est important de relever que la croissance désormais positive du secteur des hydrocarbures intervient dans un contexte de forte baisse des prix du pétrole et conduit ainsi à une baisse de la valeur ajoutée du secteur générée de près de 33% en 2015, après celles de 2014 (plus de 6%) et (plus de 10%) en 2013. Il faut relever que les taux de croissance de l'industrie sont encore très irréguliers et que la part de l'industrie dans le PIB ne représente que 5,4%. En 2015, la dynamique engagée dès 2012 semble avoir été rompue, puisque le secteur ne croit qu'à un taux de 4,9%. En effet, après la temporaire et relative pause effectuée en 2011 (5,2%) par le secteur du BTPH, ce dernier avait repris son dynamisme en 2012 avec un taux d'accroissement en termes réels de 8,6%. En 2014, ce taux était encore appréciable, mais moindre avec un taux de croissance des activités du BTPH par rapport à 2013 évalué à 6,9%. Les «services non marchands» sont dominés par les services des Administrations publiques et évoluent à un taux de croissance de 3,7% en 2015, inférieur à celui de 2014 (4,5%) et comparable à celui de 2013 (3,9%). En 2015, la Formation brute de capital fixe (FBCF) évolue en volume de 5,9% contre 6,4% en 2014, soit une légère décélération du rythme de croissance de la FBCF du fait essentiellement du recul des importations de biens d'équipements industriels dès 2014, même si en 2015 les importations de biens d'équipements connaissent en volume une croissance positive. La Formation Brute de Capital Fixe a pu être maintenue à un taux encore appréciable en 2015, du fait de la permanence d'un volume important des dépenses d'équipement de l'État. La FBCF, du fait de la contraction en valeurs courantes du PIB, représente en 2015 plus de 43% du PIB contre 36,8% du PIB en 2014 contre 34,2% du PIB en 2013. Ces ratios dénotent un effort d'investissement encore très important, soutenu pour l'essentiel par l'État et le secteur de l'énergie. Nous avons l'évolution du taux d'accroissement (%) du -PIB- sur la période allant de 2000 à 2015 : 2000 -- 3698 2001 -- 3754 2002 -- 4023 2003 -- 4700 2004 -- 5545 2005 -- 6930 2006 -- 7823 2007 -- 9352 2008 -- 11043 2009 -- 9968 2010 -- 11991 2011 -- 14588 2012 --16808 2013 -- 16650 2014 -- 17242 2015 -- 16591 milliards de dollars L'évolution des taux de croissance est la suivante en % : 2000 -- 4,1% -- 2001 -- 3,1% 2002 -- 5,8 -- 2003 -- 7,7 2004 -- 4,5 -- 2005 -- 6,4 2006 -- 1,5 -- 2007 -- 3,4 2008 -- 2,0 -- 2009 -- 1,0 2010 -- 3,3 -- 2011 -- 2,5 2012 -- 3,2 -- 2013 -- 2,5 2014 -- 3,7 -- 2015 -- 3,8% Source organe officiel statistiques ONS 2.- Impact sur le niveau d'emploi Le fondement de toute politique socio-économique est de satisfaire les besoins d'une population et constitue le facteur clef. La population algérienne connaît un accroissement constant, passant de 12,6 millions d'habitants en 1966 à 41,2 millions au 01 janvier 2017 et atteindra 50 millions à l'horizon 2030. En 2016, la population active a atteint les 12,117 millions de personnes contre 12,092 millions en avril 2016, sachant que la population active est l'ensemble des personnes en âge de travailler et disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi ou qu'elles soient en chômage. La population active féminine a atteint 2.392.000, et constitue 19,7% de l'ensemble de la population active. La part de la population âgée de moins de cinq ans continue sa progression, passant de 11,6% à 11,7% entre 2014 et 2015. La part de la population âgée de moins de 15 ans poursuit également sa progression puisqu'elle passe de 28,4% à 28,8% durant la même période. Le volume de la population féminine en âge de procréer (15-49 ans) a atteint 10,8 millions de femmes. Evolution de la population algérienne (source ONS) 1966 -- 12,9 -- 1970 -- 13,30 1980 --..18,66 -- 1990 -- 25,02 2000 -- 30,41 -- 2005 -- 32,90 2010 -- 35,97 -- 2013 -- 39,21 2015 -- 39,96 -- 2016 -- 40,04 2016 -- 41,2 millions d'habitants La population active est la suivante (source ONS) 1990 était de 6,27 millions en 1995 --., 7,94 millions, --2001 --, 8,56 2003 -- 8,76 -- 2004 --, 9,47 2005 --, 9,49, -- 2006 -- 10,11, 2008 -- 10,31, -- 2009 -- 10,54, 2010 -- 10,81, -- 2011 -- 10,66, 2012 -- 11,42 -- 2013 -- 11,93 2016 -- 12, 117, millions Le chômage est souvent défini conventionnellement. Et ceci pour deux raisons : parce que le concept est, sur le plan pratique, relativement flou (ambigu) et parce que, de plus, il se prête à de multiples interprétations. La réalité du chômage est complexe : les types de chômeurs sont nombreux, les frontières entre l'emploi et le non-emploi floues, les statuts des actifs employés fort divers. En fait, les notions d'emploi, d'inactivité et de chômage ne sont pas disjointes mais elles se chevauchent. Selon le Bureau international du travail (BIT), est chômeur tout individu qui remplit les critères suivants : «être sans travail». Ce critère est très restrictif pour le BIT car une personne qui exerce, même pour une période très courte, une activité est exclue du chômage au sens du BIT; être disponible pour travailler et rechercher effectivement un emploi. Le chômage est la situation d'une personne qui, souhaitant travailler et ayant la capacité de le faire (âge notamment), se trouve sans emploi malgré ses recherches. L'absence d'emploi peut résulter d'une entrée dans la vie active, du désir de retrouver un emploi après une période d'inactivité, d'un licenciement, d'une démission volontaire ou d'un désir de changer d'activité. Selon l'Organisation internationale du travail, le chômage est la situation de la main-d'œuvre disponible à travailler qui est à la recherche d'un emploi mais ne réussit pas à en trouver. Du point de vue économique le chômage est interprété comme la résultante d'un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché du travail. Selon l'ONS, en 2016, la population en chômage au sens du BIT, est estimée à 1.272.000 personnes, le taux de chômage a atteint 10,5% au niveau national. La population occupée a été estimée à 10,845 millions de personnes en septembre 2016. La population au chômage a ainsi atteint 1,272 million de personnes composée de 792.000 hommes et de 479.000 femmes. Par sexe, le chômage est plus élevée chez les femmes (20,%) que chez les hommes (8,1%). Quant au taux de chômage des jeunes entre 16 et 24 ans, il se situe à 26,7%. Le salariat constitue la forme d'emploi dominante et touche en moyenne sept occupés sur dix (69,7%). Cette part reste nettement plus importante auprès des femmes, puisqu'elle atteint 77,5% contre 68,0% auprès des hommes. Nous assistons à une quasi-stagnation du volume de l'auto emploi (les employeurs et les indépendants) par rapport à la même période 2015, un recul du volume des salariés permanents, une progression significative des salariés non permanents. La structure de l'emploi, selon le secteur d'activité, fait ressortir que le secteur des services marchands et non marchands absorbe 61% de la main-d'œuvre totale, suivi par le BTP (17,5%), l'industrie (13,5%) et enfin l'agriculture (8%). La ventilation, selon le secteur juridique, fait ressortir que le secteur privé absorbe 59,8% de l'emploi total, avec un volume de 6.490.000, soit une augmentation de 158.000 par rapport à avril 2016. D'importantes disparités sont observées selon le sexe ; l'emploi féminin se concentre essentiellement dans le secteur public (62,1% de l'emploi féminin total). Le chômage affecte essentiellement les femmes dont le taux de chômage est passé de 16,5% à 20% durant cette période, alors que le taux de chômage des hommes a connu un recul d'un dixième de point (0,1) au cours de cette même période. Des disparités significatives sont observées selon l'âge, le niveau d'instruction et le diplôme obtenu. Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) atteint 26,7%. L'évolution du taux de chômage selon le diplôme fait ressortir que l'augmentation enregistrée a touché les diplômés universitaires d'une manière assez prononcée. Le taux de chômage auprès des personnes sans qualification a connu une régression puisqu'il a baissé de 8,3% à 7,7% entre avril et septembre 2016. Quant à celui des diplômés universitaires, il s'est établi de 13,2% à 17,7%. Par ailleurs, la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu fait ressortir que 570.000 chômeurs n'ont aucun diplôme, soit 44,9% de l'ensemble de la population en chômage. Les diplômés de la formation professionnelle en constituent 27%, alors que les diplômés de l'enseignement supérieur en forment 28,2% (soit une progression du poids des universitaires de 5,6 points comparativement à av. 2016 et un accroissement en volume de 88.000 diplômés en plus par rapport à cette même période). D'autre part, la population définie comme celle qui se situe dans le «halo» du chômage a atteint, en septembre 2016, un volume de 797.000 personnes et les femmes en constituent 54,6%. Les moins de 30 ans constituent 51,8% de cette population, alors que 76,8% sont âgés de moins de 40 ans. Cette population est caractérisée par son faible niveau d'instruction ; 68,8% n'ont aucun diplôme, alors que 61,3% n'ont pas dépassé le cycle des études moyennes. Mais le fait le plus important de l'enquête est que la part des chômeurs qui accepte des emplois inférieurs à leurs aptitudes professionnelles est de 71,6%, ne correspondant pas à leur profil pour 68,4%, des emplois pénibles pour 28,7% et des emplois mal rémunérés pour 73,1%. Taux de chômage en % de la population active (source ONS) 2000 -- 29,7 -- 2001 -- 27,3 2002 -- 25,9 -- 2003 -- 23,7 2004 -- .17,7 -- .2005 -- 15,3 2006 -- 12,4 -- 2007 -- 11,8 2008 -- 11,3 -- 2009 -- 10,2 2010 -- 10,0 -- 2011 -- 9,8 2012 -- 11,00 -- 2013 -- 9,8 2014 -- 10,60 -- 2015(septembre) -- 11,2 2016(septembre) -- 10,5% 3.- l'impact sur le niveau de l'inflation L'inflation renforce la défiance vis-à-vis du dinar algérien où le cours officiel administré se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle qui traduit le cours du marché dépassant 185/8190 dinars un euro en avril 2017. L'analyse objective de l'inflation doit relier le processus d'accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales afin de protéger les plus démunis, mais en évitant un nivellement par le bas. -2000 : 2% -- -2001 et 2002 : 3,0% -2003 : 3,5% -- -2004 : 3,1% -2005 1,9% -- -2006 : 3,0% -2007 : 3,5% -- -2008 : 4,5% -2009, 5,7% -- -2010 : 5,0% -2011, 4,5%, -- -2012 : 8,9%, -2013, 3,3%, -- -2014 : 2,9%, - 2015, 4,8% -- -décembre 2016 : 6,4%. 4.-L'impact sur le niveau des revenus (source ONS) La masse salariale à prix courants a évolué ainsi de 2001 à 2015 -2001, 970 milliards de dinars, --- 2002, 1 048 milliards de dinars -2003, 1 138 milliards de dinars, --- 2004, 1278 milliards de dinars, -2005, 1 364 milliards de dinars, --- 2006, 1 498 milliards de dinars, -200, 1 722 milliards de dinars, --- 2008, 2 134 milliards de dinars, -2009, 2 355 milliards de dinars, --- 2010, 2 907 milliards de dinars, -2011, 3 863 milliards de dinars, --- 2012 de 4 287 milliards de dinars, -2013, 4391 milliards de dinars, --- 2014, 4 674 milliards de dinars, -2015, 4 928 milliards de dinars. Quant aux revenus des indépendants, ils s'accroissent à travers le temps. -2001 - 1 148 milliards de dinars, -2002 - 1 206 milliards de dinars, - 2003 -1 356 milliards de dinars, -2004 - 1 527 milliards de dinars, -2005 - 1 673 milliards de dinars -2006 - 1 862 milliards de dinars, -2007 - 2017 milliards de dinars, -2008 - 2 340 milliards de dinars, -2009 -2 743 milliards de dinars, -2010 - 3 049 milliards de dinars, -2011 3 487 milliards de dinars, -2012 - 40 07 milliards de dinars, - 2013 - 4 569 milliards de dinars, -2014 - 4 955 milliards de dinars, -2015 - 5 293 milliards de dinars. Par structure économique pour les salaires nous avons par grandes périodes, le secteur économique représente en 2001, 47,5% de la masse salariale, en 2005, 47,8%, en 2010 39,8% et en 2015 36,5% montrant une dé-salarisation de l'économie. L'administration représente en 2001 46,7%, en 2005, 46,5%, en 2010 56,0% et en 2015 59,3% montrant la fonctionnarisation de l'économie. Quant à la masse salariale dans l'agriculture, elle représente 5,0% en 2001, 5,7% en 2005, 4,3% en 2010 et en 2015 4,2%. Quant aux indépendants, la structure des revenus est la suivante : le secteur économique représente 67,2%, en 2005, 68,2%, en 2010, 69,7% et en 2015 66,1%. Les affaires immobilières représentent en 2001, 30,6%, 29,7% en 2005, 28,9% en 2010 et en 2015, 32,4%. L'agriculture dominée par la sphère informelle représente 2,2% en 2001, 2,1% en 2005, 1,4% en 2010 et en 2015, 1,5%. 5.-Qu'en est-il du revenu par tête d'habitant ? Selon l'ONS, fin 2015, le salaire net moyen mensuel a été de 37.800 DA, sachant que le salaire net moyen est composé du salaire brut diminué des différentes retenues (IRG, sécurité sociale et retraite), avec des écarts des salaires selon la qualification et les secteurs d'activité assez élevés dans les activités liées aux hydrocarbures et les banques par rapport à la moyenne nationale. C'est que le revenu par tête d'habitant autant que le PNN par tête d'habitant est un taux global qui voile la concentration du revenu national. Sans les subventions, mal ciblées et mal gérées, le plus pauvre bénéficiant autant que le riche, et facilitant le trafic aux frontières, l'Algérie étant un des plus gros importateurs au monde de céréales, grâce aux hydrocarbures, le taux d'inflation serait beaucoup plus élevé que le taux officiel. La perception de l'inflation est différente d'un ménage qui perçoit le SNMG environ 200 euros consacrant plus de 70% de son modeste revenu aux produits de première nécessité que celui qui perçoit 10.000 euros ou plus net par mois. L'inflation accélère la concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière au détriment des profits productifs et des revenus fixes avec la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG (200-250 euros par mois alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation ? La cellule familiale, avec la crise du logement (mêmes charges) et la sphère informelle jouent comme soupape de sécurité temporairement. Pour se prémunir contre cette dépréciation qui engendre inéluctablement l'inflation, et donc la détérioration du dinar algérien, l'Algérien ne place pas seulement ses actifs dans le foncier, l'immobilier ou l'or, mais une partie de l'épargne est placée dans les devises. C'est un choix de sécurité dans un pays où l'évolution des prix pétroliers est décisive. -2001, 136 892 DA,-- -2002, 114 235 DA, -2003, 164 918 DA, -- -2004, 189 998 DA, -2005, 229 805 DA, -- - 2006, 253 924 DA, -2007, 274 310 DA, -- -2008, 319 265 DA, -2009, 282 636 DA, -- -2010, 333 302 DA, -2011, 397 323 DA, -- -2012, 432 289 DA, -2013, 434 764 DA, -- -2014, 440 828 DA, -2015, 415 180 DA. Nous aurons le ratio masse salariale sur le PIB suivant : 2001 -- 22,94% 2005 -- 18,03% 2010 -- 25,97% 2011 -- 26,48% 2012 -- 26,44% 2013 -- 26,53% 2014 -- 27,11% 2015 -- 2970% Alors que le revenu des indépendants par rapport au PIB est passé de 27,15% en 2001 à 22,12% en 2005, 27,24% en 2010 à 31,90% en 2015 A suivre * Professeur des Universités, expert international |
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