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Pendant les révolutions, il y a les contre-révolutions. L'actualité
mondiale occupée par le cas libyen ou les développements du Yémen, oublie trop
vite le cas des pays où la Révolution n'a pas réussi encore à se faire entendre
et où les régimes en place deviennent plus féroces, plus sournois. Sous couvert
de « réformes » et de commissions, des dictatures comme celle de Bachar El
Assad et des Roitelets comme au Bahreïn ont lancé de vastes opérations
policières contres les têtes de files des opposants. Pas ceux connus qui
peuvent faire du bruit et attirer les médias, mais les gens humbles et
anonymes, ceux qui sont « fichés », identifiés, photographiés dans les marches
et les sit-in. Les polices politiques non démantelées redoublent de méchanceté
quand elles sont blessées par l'insolence d'une révolte. C'est connu. Le
dictateur du coin devient plus paranoïaque, laisse faire la main de fer plus
souvent et sa crainte se transforme en punitions collectives contre certains.
En Syrie toujours, les arrestations nocturnes, les disparitions et les enlèvements sont légion et les médias en parlent à peine, forcés de se concentrer sur des cas majeurs dans la région. Les organisations des droits de l'homme tirent la sonnette d'alarme mais dans une gare vide. C'est aussi le cas au Bahreïn où d'autres ONG ne cessent de dénoncer des cas de disparitions. Dans quelques mois, si le vent baisse, on aura droit à quelques dizaines de procès pour « espionnage », haute trahison ou atteinte à la fameuse sécurité de l'Etat pour bien domestiquer la plèbe et punir les envies de liberté. Là où elles ne sont pas vaincues, les Moukhabarates reprennent du service, de la force et de la jeunesse. A ce drame, s'ajoute celui de l'impunité: dans les pays arabes où la dictature n'est pas tombée, l'impunité est de règle. Les procès contre les opposants seront nombreux, ceux contre les policiers assassins, les tireurs à balles réelles et les donneurs d'ordres pour les massacres seront rares ou bénéficieront de l'effet d'oubli assuré par les lentes commissions d'enquête. On a cru faire le portait de dictateur classique par la photo du Général du moment, du «fils» ou du faux civil choisi par son collège d'employeurs et c'est faux. Les dictatures dans le monde arabes révèlent surtout l'incroyable gangrène des «services» retournés contre les peuples, leur façon de dominer le réel au point de choisir le Président et l'élu et l'indicateur d'entreprise et de quartier. Ces gens-là sont les plus difficiles à chasser car bénéficiant de cette monstrueuse équation: un énorme pouvoir conjugué à une proportionnelle impunité. On croit donc que les révolutions coûtent des vies et c'est vrai. On ne oublie que quand elles ne réussissent pas, cela coûte plus. La Syrie l'illustre avec l'inhumanité de ces pays arabes colonisés par leurs « Services » au point où le peuple est forcé d'être un indicateur contre sa propre personne. Pauvres Syriens de nos cœurs ! nous connaissons votre drame. |
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