L'ampleur prise par le commerce informel dans la ville du vieux rocher,
et particulièrement ces derniers temps et d'une manière spectaculaire au niveau
de la rue Didouche Mourad, continue de susciter des réactions des riverains et
des citoyens en général qui déplorent le laisser-aller et la démission des
autorités. Ainsi la radio locale, Cirta FM, a consacré jeudi dernier à ce
phénomène une émission sur ses ondes, où plusieurs de ses aspects ont été
abordés. Y ont participé le directeur du Commerce de la wilaya, des
représentants de l'APC de Constantine, d'El-Khroub, ainsi que celui de l'union
des commerçants UGCAA.
Pour le responsable du secteur du commerce, M. Boulaarak, l'activité de
l'informel qui résulte d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, en
matière d'espace de commerce, vient d'être prise en charge par une instruction
commune des ministères du Commerce et de l'Intérieur, le 9 mars dernier. Celle-ci
recommande de procéder à l'aménagement d'espaces devant accueillir les
opérateurs du commerce informel. Dans ce cadre, il fera savoir que pour cette
opération il est prévu une enveloppe financière de quatre milliards de dinars
et ce, au titre des lois de finances 2011 et 2012. C'est dire que la démarche
ne procède plus du replâtrage, mais qu'elle sera encadrée et codifiée. Au
niveau local, il indiquera qu'une commission de wilaya, chargée du suivi et de
l'éradication du commerce informel, composée des services du commerce, qui
assurera le secrétariat, de l'urbanisme, des domaines, de la santé, de l'APC,
des organismes de sécurité sociale, de ceux des agences d'emploi, de l'UGCAA,
etc., s'est déjà attelée à la tâche dès son installation le 20 mars dernier. «Et
déjà, 31 sites ont été répertoriés et retenus pour des aménagements au niveau
de la wilaya, dont 11 pour la seule commune de Constantine et nous n'attendons
que l'affectation des sommes d'argent nécessaires pour lancer les travaux en
question», précisera-t-il. Mais le travail de la commission a également
concerné le recensement des opérateurs informels ainsi que les sites les
abritant, et ce, en prévision de l'octroi d'une autorisation provisoire
d'activer. Cette autorisation administrative sera délivrée par l'APC et
accompagnée d'une exemption en matière d'impôts pour deux ans. Il s'agira aussi
pour plus tard de fixer et d'organiser ces marchés selon les besoins des
citoyens. Ils seront hebdomadaires et itinérants ou quotidiens et fixes. Les
interventions par téléphone des citoyens ont consisté en des dénonciations du
laisser-aller et du laxisme des autorités concernant l'envahissement
spectaculaire de la rue Didouche Mourad, où la circulation est devenue
impossible, disent-ils, pour les piétons comme pour les voitures, du fait de
l'occupation même de la chaussée. Alors que celles des jeunes informels étaient
plutôt mitigées. Si certains montraient des dispositions à accepter toute
insertion dans un cadre légal, d'autres par contre avertissent qu'ils n'accepteront
pas n'importe quel «recasement», il faut, disent-ils, que les endroits
d'affectation soient bien situés du point de vue clientèle. Enfin les
commerçants légaux, qui se sont exprimés à l'antenne, se sont déclarés dépités
et en colère contre la situation, mais se disent confiants dans les démarches
entreprises pour dégager une solution, non sans «lorgner» sur une possibilité
d'exemption d'impôts et taxes pour les compenser des pertes et manques à gagner
durant cette période.