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Le franchissement
de la fine ligne de démarcation entre une situation d'attente et celle du salut
ciblé, serait- il, définitivement impossible ?! Par
conséquent, serions-nous, alors, définitivement incapables de réussir cette
avancée qualitative, liée à un savoir-faire qui ne s'acquière que par
apprentissage très long et fait de couches successives, difficilement
cumulables, garanties par une immuable sédimentation. L'autonomisation des
groupes publics et de leurs filiales ainsi que le basculement des EPE
privatisables vers le secteur privé, mais dont le processus est à l'arrêt
actuellement, n'interviendraient qu'à ce prix.
L'objectif stratégique d'une économie diversifiée par l'industrie, serait atteint au bout de ce long et pénible cheminement. L'apport de l'agriculture et celui, plus éloigné, du tourisme, que nous avons exclu, dans notre approche, pourtant déterminant dans la diversification économique recherchée, fera, séparément, l'objet, par ailleurs, de traitements spécifiques qui viendra, dans un autre essai, compléter cet «Ijtihad». Ou, plutôt, serions-nous arrivés aux limites des potentialités managériales et intellectuelles acquises ou celles dont nous sommes, divinement, affectataires ? Les limites des modèles de développement dans les pays, que nous avons pris pour exemples comparatifs, constituent-elles des références explicatives de ce qui nous arrive dans ces domaines? A la différence, toutefois, que les limites relevées dans ces pays, sont mieux situées que celles que l'Algérie a atteintes. Le prix payé dans ces pays, néanmoins, fut une incohérence sociale, une dégradation des rapports sociaux et un développement déséquilibré entre régions géographiques d'un même pays, à très peu d'exceptions près. Devant ces limites, les pays concernés peinent à trouver de nouvelles forces pour se propulser dans d'autres élans et progresser vers d'autres niveaux de développement. Y aurait-il, fatalement, pour chaque pays, des niveaux des limites au développement, pré affectés, à ne pas franchir et où peu d'espace de liberté en matière de développement, est laissé à la volonté des Etats et des peuples ? Avons-nous, même dans le cadre de cette fantaisiste hypothèse, exploité tout l'espace de développement qui est affecté à l'Algérie? De la réponse à cette question, dépendraient les chances de sa réussite dans la construction d'une base industrielle, à même d'assurer une croissance économique diversifiée et auto-entretenue qu'elle s'est, stratégiquement fixée d'atteindre, dans les plans de développement des années 1967-1978 et 1999-2019 et au-delà où le secteur privé conduirait la dynamique de ce développement. C'est une image avec profondes rayures par rapport à la clarté des grandes ambitions affichées par l'Algérie dans sa haute vision dont les contours ont été reprécisés, en mieux, en 1999, dans la continuité, plus appropriée, de la vision définie et mise en œuvre entre 1967 et 1978, avant d'être avortée entre 1979 et 1988 et placée sous soins intensifs entre 1989 et 1998. Sans les bonnes avancées, que nous avons déjà rappelées, ci haut (à côté de la réconciliation nationale, de la reconquête de l'image de marque de l'Algérie dans le monde, du remboursement par anticipation de sa dette extérieure, de la constance de sa politique sociale, de la solution du problème de l'eau par la réception à ce jours de 37 barrages plus 9 en «pipe» et par la réalisation de quatorze stations de dessalement d'eau de mer et, de la réorganisation-modernisation de l'Armée Nationale Populaire), sans ces avancées, on serait, encore, au stade de la vision dans sa formulation politique, au sujet de la diversification économique. Les décalages furent, heureusement, plus que largement contrebalancés par les grandes réalisations dans le domaine des infrastructures économiques de bases, dans celui des infrastructures éducatives, d'enseignement, sanitaires, sportives, culturelles, de communications et de logement, ainsi que dans l'amélioration du bien-être, si critiquées soient-elles. Mais, injustement appréciées dans leur ensemble.(8) Cela constitue la question majeure de notre préoccupation, dans le cadre de la recherche des voies et moyens pour réussir la mutation plus large, vers des outils efficients de l'économie de marché. En l'occurrence, une base industrielle intégrée qui assurera la diversification économique vitale pour l'Algérie, comme l'ont réussie les pays que nous avons cités pour exemples comparatifs en développement économique et social. Pour le secteur privé industriel national, c'est une situation dont il aurait dû prendre conscience, en son temps, pour lui apporter, dans la foulée du mouvement indéniable de développement accompli, les correctifs et les rattrapages nécessaires. Malheureusement, par ignorance ou par accommodements rentiers, de différentes natures, l'on se complaisait, dans une autosatisfaction béate, présentant le secteur privé et, en particulier son tissu industriel, comme le garant immédiat de l'industrialisation, de la diversification économique, d'une production nationale se substituant raisonnablement aux importations et, enfin, de l'entame d'exportations en substitution progressive de celles des hydrocarbures. Alors que le Programme-Mère de développement de 1999, lui donne ce rôle à terme, dans le sens du très long terme. Cette complaisance s'accompagna, de surcroit, d'une réduction de l'étendue des performances distinctives des entreprises, au seul critère d'excédents d'exploitation cumulés ; critère, qui s'explique, en réalité, en bonne partie, plutôt, par la faible concurrence sur le marché et par la négligence, par voie de conséquence, du fondamental managérial de compétitivité ; pas avec l'étranger prioritairement. Situation que peut expliquer, du moins partiellement, le recours, de plus en plus fréquent, aux marchés publics de gré à gré. Le recours, également, aux simples commandes publiques que facilite le recours au fractionnement, «malhonnêtement intelligent», constitue, à cet effet, une autre forme de contournement des règles de la concurrence et une autre forme d'étouffement de la compétitivité, pourtant vitale à l'efficience économique, que le contrôle n'arrive pas toujours à appréhender. La formule de gré à gré n'est pas, en elle-même, systématiquement condamnable, dans la mesure où la disponibilité d'un référentiel de prix relativement crédible, est régulièrement assurée et actualisé. Ceci permet d'éviter d'alourdir les dépenses publiques et de disqualifier, par conséquent, les entreprises privées, en matière de compétitivité sur le marché algérien et, demain, sur les marchés extérieurs ; la préférence nationale consacrée par la législation algérienne étant, par ailleurs, une mesure entendue. D'autant qu'elle est largement pratiquée dans d'autres économies, les plus développées et les plus libérales. Les déceptions furent grandes, à ce sujet, quand les moyens de paiements extérieurs du pays se sont profondément rétrécis, corrélativement avec la chute des cours de pétrole à compter de juin 2014. CAD, le secteur privé industriel n'a pu réussir, trois décennies durant (1986-2016), la substitution aux importations, à un niveau raisonnable, comme miroité par « l'endossement » par l'Algérie, des réformes économiques qui lui furent « administrées » par les IFI durant les années 1990. L'élégance du langage de bienséance, de circonstance festive ou protocolaire, tenu par les pouvoirs publics aux patronats, aux syndicats et aux associations d'opérateurs économiques privés, ne doit, nullement, sacrifier l'obligation de leur tenir, avec grande rigueur, un langage de vérité sur la réalité du secteur privé. Telle que nous venons de la circonscrire Autrement, ceci équivaudrait à une complicité «officielle» qui viendrait confirmer, faussement, les opérateurs privés dans leur illusion de grande performance. A l'occasion de la tenue de l'université d'été du Forum des Chefs d'Entreprises (FCE), le 18 octobre 2017, à Alger, aucun des opérateurs présents n'annonça sa disponibilité d'exportation à quantité et échéance précises. D'autres opérateurs, par contre, reconnurent qu'ils étaient, jusqu'à l'heure actuelle, bien «bernés», en moyens de paiements extérieurs, par la Banque d'Algérie, et qu'il était temps de se mettre à l'export. L'enthousiasme sincère des tout jeunes opérateurs, produits récents de l'ANSEJ, présents au Forum, n'était pas suffisant pour cacher l'inquiétude, quant à la désillusion qui en transparaissait. Le désenchantement, quant à la facilité de pénétration des marchés africains, est, également, une réalité. En se rendant à l'évidence, les opérateurs ont pris, finalement, conscience de la grande complexité de sa faisabilité : l'indisponibilité en quantité et en qualité des produits compétitifs exportables, le défaut de savoir faire en markéting international et de préparation à l'export, les barrières innombrables dans les marchés extérieurs, dont nous avons effleuré, ci-dessus, les éléments d'approche. L'échappatoire comparative avec d'autres pays, vite trouvée par des opérateurs comme pour échapper à cette réalité du secteur privé,, ne constitue, dans le fond et dans la forme, qu'un référentiel invraisemblable, surfait et sur médiatisé, s'apparentant à une forme de charme géopolitique sans assise vérifiable. Les renvois répétitifs, par les autorités algériennes, de l'application de nombreuses dispositions de l'accord d'association avec l'Union Européenne et le retardement de l'adhésion de notre pays à l'OMC, n'ont pu être mis à profit par nos entreprises pour dégager des excédents exportables ; sachant, à cet effet, que la «soumission» totale aux règles pures et dures de la compétitivité, n'admet pas de faille. Cette auto-flagellation est voulue comme une interpellation des pouvoirs publics, des banques, des opérateurs économiques privés et de leurs organisations patronales, syndicales et associatives, pour agir, plutôt, en direction d'une restructuration profonde et salutaire du secteur privé national, en général, et de son sous secteur industriel en particulier. Ceci est de nature à lui donner les dimensions requises, en partenariat, en complémentarité et en compétition avec le secteur public national et avec les opérateurs étrangers de référence. La perspective de relayer le secteur public, selon une visibilité suffisante, aurait dû être amorcée il y a longtemps, si, toutefois, la culture du gain facile et rapide et du retour sur investissement à court terme, n'avait pas été privilégiée. Le langage tenu lors de l'université d'été du FCE n'était pas tendre de part et d'autre. Il traduit, on ne peut mieux, le sérieux des problèmes que nous avons essayé de situer ci-dessus. Puisse cette franchise de langage constituer le début salutaire d'une prise de conscience d'un état des lieux à changer fondamentalement. C'est la démarche inévitable pour combattre l'illusion et la suffisance qui collent, fortement, à notre secteur privé industriel, essentiellement, dans sa majorité. Puisse le PPP progressif, de consensus qui s'annonce, constituer l'avènement d'une ère de renouveau et de l'émergence de forts effets d'entrainement industriels et de sous traitance d'intégration. Quant au secteur privé étranger dit « IDE», l'illusion à son égard, pourra-t-elle être battue en brèche par la mise en œuvre du seul nouveau code des investissements et par la levée, déjà effective, de l'essentiel des dispositions, mises à l'index, de la loi de finances complémentaire de 2009 ? La nouvelle révision annoncée du code des investissements qui, pourtant, vient tout juste d'être amendé, gagnerait, à l'occasion, à se «débarrasser», une fois pour toutes, de toutes les frilosités suspectes de contre productivité et de peu d'attractivité des investisseurs nationaux et étrangers. Note 8- Infrastructures économiques, éducatives, sanitaires, sportives, culturelles, logements, de bien-être. Réalisées entre 1999 et 2017, comme suit: (Tableau - voir journal version papier) *Economiste, ancien ministre |
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