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Les
moudjahidine de la wilaya d'Aïn-Temouchent ont choisi
la date du 22 janvier 2017, la veille du cinquième anniversaire de sa mort pour
rendre hommage à Belhadj Bouchaib disparu en 2012.
Mr Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, profitera de sa visite dans la wilaya pour présider l'entame de la journée qui se tiendra au centre universitaire éponyme. Tous les compagnons encore vivants de Si Ahmed sont attendus à cette rencontre, la seconde du genre et non la première comme a été mentionné dans les invitations de la direction des Moudjahidine qui semble oublier que la Fondation Emir Abdelkader d'Aïn-Temouchent a organisé le 29 mai 2010 un colloque national sur la vie et le parcours de ce grand militant, en présence de nombreux invités venus des quatre coins du pays. Il était le cinquième survivant du groupe des 22. Après la mort de Méchati, il ne reste plus que trois à contempler d'un œil désabusé le spectacle d'une Algérie en transes. A l'occasion du 60ème anniversaire, du déclenchement de la révolution, en 2014, les autorités d'Aïn-Temouchent ont procédé au baptême du centre universitaire au fronton duquel apparaît désormais le nom de Belhadj Bouchaib. Une reconnaissance à la mesure des sacrifices de l'homme, de l'infatigable militant qu'il fut. Sa dernière apparition en public, avant sa disparition, remonte aux funérailles de l'épouse du président Ahmed Ben Bella, son compagnon de lutte. Ahmed Bouchaib a tenu, malgré une épuisante maladie, à faire le déplacement jusqu'à la capitale pour présenter ses condoléances. La section de la fondation Emir Abdelkader d'Aïn-Temouchent, sa ville natale, avait décidé, bien avant que le mal qui l'affaiblissait ne le cloue au lit, de lui consacrer une journée hommage. Des commissions étaient à pied d'œuvre lorsque des nouvelles peu rassurantes sur son état de santé nous sont parvenues. La section a décidé de poursuivre son travail car chacun d'entre nous caressait l'espoir qu'Ahmed Bouchaib allait vite se remettre. L'initiative visait au départ à marquer du sceau de la reconnaissance et de la communion et non du recueillement, au cas où le moudjahid Bouchaib avait fait le déplacement -s'appuyant encore sur quelques forces qui lui eussent permis de venir à Aïn-Témouchent- partager avec ses amis et ses compagnons encore vivants- une fête célébrée en son honneur le 29 mai 2010 à la bibliothèque Malek Bennabi. Les membres de la Fondation voulaient de la sorte rompre avec les célébrations post-mortem en associant l'homme à l'évocation de son propre destin afin qu'il en savoure toute la quintessence émotionnelle au crépuscule d'une vie bien remplie. Mais le sort en a décidé autrement. L'hommage eut lieu sans lui. Fortement diminué, il luttera comme à son habitude avec courage contre un mal qui finira par l'emporter. L'adversaire ce n'était plus les Allemands, ni le colonisateur français ou les censeurs d'une Algérie subitement vengeresse après le départ de Ben Bella mais son propre corps qui céda à l'usure du temps jusqu'à l'ultime soupir. Né le 13 juillet 1918 à Ain Témouchent. Belhadj Bouchaib est l'aîné d'une fratrie composée d'un frère et deux sœurs. Après avoir obtenu son certificat d'études, il quitte l'école pour aider son père «El maâlem Said », un des premiers bouchers arabes de la ville. A cette période, il entre aux scouts musulmans algériens (SMA) sous la férule de l'Etoile Nord-Africaine. Facteur intérimaire à la poste d'Ain Témouchent, il adhère au P. P. A. fondé en 1937 et grâce au Journal «El Ouma» créé par l'ENA qu'il lit régulièrement, il prend conscience des inégalités sociales qui vont l'amener à s'impliquer dans la lutte pour l'indépendance nationale. Il fait déjà partie de l'équipe de l'USMT (L'union sportive musulmane d'Ain Témouchent) créée en 1933. Aux côtés des premiers militants du parti local, parmi lesquels Ait Zaouche Maamar, Belkeddar M'hamed, Si Aek Breik, Temimi Mohamed, Belghomari Boualem, Djelloul Briki, Mesli Mohamed, KADI Hanifi, Benfodda Kouider et d'autres cadres, auprès desquels le jeune Bouchaib fera son apprentissage avant d'être incorporé en 1938 au titre de la conscription obligatoire dans un régiment à Lorient en France. Il se frotte alors aux autonomistes bretons dont les revendications se rapprochent des idéaux défendus par le PPA. En mai 1940 il est affecté au front hollandais pour contrer la percée allemande. Il est fait prisonnier et subit quelques brimades. Les Allemands, dans le cadre du travail obligatoire, le placent dans une ferme sous la surveillance de vigiles. Il y restera trois mois en captivité avant d'être transféré à Saumur à proximité d'une zone non occupée. De là, il réussira à s'évader une semaine après son arrivée en prenant de gros risques. Au retour de cette aventure il est muté à la première Division blindée composée aux trois quarts d'Algériens. Il débarque avec la 2ème vague d'assaillants à Saint-Tropez puis combat au front des Vosges. Blessé par un éclat d'obus, il est médaillé de la Croix de Guerre. II sera rapatrié sur l'Algérie et affecté au 6ème régiment des tirailleurs basé à Tlemcen. Puis à Maghnia où il fit la connaissance de Ahmed Ben Bella. Démobilisé en décembre 1945, Bouchaib rentre chez lui à Ain Témouchent où il apprend que son frère est en détention suite aux manifestations de mai 1945. Un évènement douloureux qui a vu des milliers d'Algériens tomber sous les balles de la soldatesque coloniale. Ahmed Bouchaib qui vient de combattre le nazisme est révolté par les promesses non tenues des Français d'autant qu'il trouve la plupart de ses camarades du PPA dans les geôles. L'ancien soldat reprendra ses activités politiques dans la clandestinité. Il réintègre la formation de football de l'USMT et en fait un foyer de propagande nationaliste à l'instar de la medersa locale ou active une autre partie de l'élite locale dont Riah Othmane, Ouriachi Ahmed, Marni Sandid Mohamed, Seddik Boumedienne, Kloucha, Zaoui, Bendali, Djeriou, Khedim, Boudieb, Riahi et vers le milieu des années 40 les cheikhs Berrichi si Kaddour, si Breick, Si Tahar El Affifi, Si Lakhdar Kebbati, Omar Hamani, Hamrouche Mahmoud, Rabah Gouaimia et Bedjaoui Mohamed. Le PPA opte pour le système de la troïka : pas plus de trios militants dans une même cellule. Il est aux côtés de Ait Zaouche, le chef et Briki Djelloul. Il se présente aux élections municipales de 1947 sur la liste MTLD à Ain Témouchent et siège avec Ziani Chérif, Kaci Bacha, Aitzaouche Maamar, Belkeddar Mohamed, Filali Boumediene, Riah Othmane, Belabed Kacem, Berrabah Baghdadi, Benzerga Mohamed, Brahim Kaddour, Belkheir Moussa, Soudani Kuider, Maamar Mohamed. Le frère Bouchaib est désigné 2ème adjoint du maire socialiste SFIO Pierre Audouard. Le MTLD remporte 18 sièges et la coalition France Combattante 26 sièges. Durant son mandat il préside la commission des travaux publics et s'occupe des affaires indigènes tout en œuvrant à l'implantation du parti. L'attaque de la poste d'Oran Le 1er congrès national du parti PPA tenu en février 1947 décida de la création d'une troupe de choc, ce sera l'O.S. (l'organisation spéciale). Trois voies sont retenues : l'action politique clandestine, la vie politique publique et la préparation militaire à l'action armée. L'O.S. devait régler elle-même ses problèmes y compris financiers et trouver des armes. Un état-major dirigé par Belouizdad Mohamed fut constitué avec Ben Bella pour l'Oranie. Les membres de l'O.S. recrutés parmi le noyau dur du MTLD étaient soumis à un règlement intérieur draconien adopté par la suite par le FLN. Ben Bella, à bout de patience et ne voyant pas venir l'argent promis par la direction du MTLD, en butte à des querelles intestines, décide d'organiser un hold-up pour alimenter les caisses de l'O.S. Ce sera l'affaire de la poste d'Oran. Ben Bella a déjà un complice à l'intérieur de l'institution en la personne de Bakhti Nemiche employé des PTT. Le 02 mars 1949 le commando guidé par Belhadj Bouchaib passe à l'action après avoir, la veille au soir, volé un taxi et assommé son chauffeur. Mais l'état technique du véhicule qui devait servir au transport des activistes, donna quelques signes d'inquiétude. Bouchaib ne voulant pas prendre de risques décide d'annuler l'opération. Il retourne à Alger pour rendre compte à Ben Bella des problèmes rencontrés. Ce dernier approuve le report de l'attaque de la Grande Poste d'Oran et propose à Bouchaib de modifier la composante du commando. Ait Ahmed se joint directement au groupe. C'est lui qui sera chargé pour ce second coup de piéger un médecin français propriétaire d'une traction neuve et de la récupérer pour les besoins de la cause. Cependant, il manque un élément pour compléter le groupe. Belhadj Bouchaib part alors à Ain Témouchent chercher Bouyaya Mohamed, garçon boucher qu'il connaît bien. Le commando, cette fois-ci mieux constitué, peut passer à l'assaut à l'heure prévue en ce matin du 05 avril 1949. Conduit par Belhadj Bouchaib il est formé de Khidder Med, le chauffeur, Haddad Omar dit « yeux bleus», Souidani Boudjemaa, Liourguioui Med, Bénaoum Benzerga et Bouyaya Med. Quant à Ait Ahmed, il veille au grain en tant que superviseur. Premier accroc, le guichetier français tente de résister et crie au secours. Il est vite neutralisé d'un coup de crosse sur la tête donné par Bouchaib mais ces appels ont alerté les badauds à l'extérieur. C'est la panique près des cafés «l'Aiglon» et «le Vallauris». L'argent est rapidement jeté dans le sac. Khidder ne se fait pas prier pour mettre le moteur en marche ; il ouvre les portières par lesquelles s'engouffrent les braqueurs et s'éclipse en trombe en direction de la rampe Vallès pour remonter par la Maison Bastos. Mission accomplie avec une audace inouïe. Souidani est chargé de déposer l'argent en lieu sûr. Déguisé en femme, il sort muni d'un panier en osier contenant le butin soit 3.070.000.000 centimes (une fortune à l'époque). La femme qui l'accompagne pour faire diversion, également habillée en «haïk», n'est autre que la courageuse épouse de Hammou Boutlélis, membre du réseau, elle aussi impliquée dans l'opération pour faire diversion. Le groupe, pour échapper aux recherches, décide de se disperser. La police croit à un coup du milieu du banditisme ; l'O.S. agissant dans la clandestinité n'est pas encore connue des services de renseignements. La somme détournée servira à acheter des armes pour le déclenchement de la révolution. Le temps de la clandestinité En mai 1950 la gendarmerie notifie à Bouchaib un mandat d'arrêt émis par le juge d'instruction d'Oran dans lequel il est précisé qu'il est aussi le capitaine de l'équipe musulmane de l'USM Témouchent «inculpé pour avoir dans la nuit du 1er au 2 mars 1950 à Oran, à l'aide de violence et en faisant usage d'une arme, frauduleusement soustrait une voiture automobile?». Le mandat ajoute que Bouchaib Belhadj a déjà fait l'objet d'une précédente inculpation en date du 16 juillet 1949 (affaire liée à l'attaque de la poste d'Oran). Dans le rapport il est cité sous le nom de «si Aek» militant clandestin du PPA / MTLD. Après le démantèlement de l'O.S. en mars 1950 il est condamné, trois mois après, par contumace aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal des forces armées d'Oran qui prononça la même peine contre Ben Bella, Ait Ahmed, Boudjema Souidani, Med Khider, Amar Haddad, Meskine Fellouh et Bénaoum. Les autres membres du groupe, en l'occurrence Rabah Lourguioui, Benzerga et Hammou Boutlélis écoperont respectivement de 20,10 et 08 années de réclusion. Durant la même période couvait la crise entre Messali et le comité central. Nous sommes le 2 décembre 1950 et tandis que du côté d'Alger, Bouchaib, en compagnie des rescapés de l'O.S. appelés les «lourds» tentait d'échapper aux recherches des services français, à Ain Témouchent, le nouveau maire, le Dr Servières, fait voter une proposition d'expulsion contre l'élu du MTLD pour ses absences répétées depuis le 30 juin 1949, soit 18 réunions du conseil. Deux autres membres, Ait Zaouche, le chef de section du MTLD, et Mesli Med sont, eux, maintenus malgré leur détention préventive depuis le 29 avril 1950. Le 30 mars 1951 le préfet d'Oran signe un arrêté de déchéance du mandat de Bouchaib. Les 25 et 26 avril de la même année Mesli et Ait Zaouche seront à leur tour expulsés. Bouchaib active déjà dans la région de Blida où il se cache jusqu'au mois de février 1954. Entre-temps á Ain Temouchent, la maison familiale située á l'époque sur l'actuel site des HLM de l'Avenue du 1er-Mai est complètement démolie par l'armée française et les parents transférés à Sidi Said dans une mansarde. Ahmed Bouchaib, recherché, travaille alors comme ouvrier du côté de Boudouaou et Soumaa. Il reste près d'une année à Talaa Hamma, une «dechra» gisant au pied du Mont Chréa. Il maintient le contact avec Souidani Boudjema mais tombe malade. C'est un militant de Montpensier près de Blida qui le prendra en charge chez lui. Là il rencontre Ben Bella et Mahsas qui viennent de s'évader de la prison de Blida. L'alerte passée, il rejoint Souidani à Bouinem. Les deux compagnons se savent isolés car le Parti veut nier l'existence de l'O.S. afin d'éviter la dissolution et parle d'un complot. Seul Boudiaf, «Si Tayeb», accepte de leur rendre visite. Il les informe de la situation de crise au sein du PPA/MTLD en insistant sur la nécessité de se regrouper pour déclencher la lutte armée. A suivre... |
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