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Suite et fin
Les conflits qui opposaient les puissances se réglaient directement par les armes, par la guerre. Mais, depuis l'avènement de l'«arme absolue», c'est-à-dire l'«arme nucléaire», et l'équilibre de la terreur ou la «destruction mutuelle assurée», interdit désormais tout conflit armé direct entre les grandes puissances. Ainsi se comprend pourquoi l'«islamisme» apparaît un «subterfuge» idoine pour régler leurs conflits dans la domination du monde. Sauf que les décideurs soviétiques ne savaient pas que, croyant se défendre de la subversion islamiste, et cherchant à installer de force un régime allié en Afghanistan, ont en fait « accéléré un processus inverse ». D'ailleurs, la chute du régime soviétique se précisait de plus en plus dans les années 1980. Une gérontocratie gouvernait l'URSS, d'abord par une fin de règne de Léonid Brejnev, vieillissant et malade, mort en plein exercice en 1982, remplacé par Iouri Andropov, mort lui aussi en plein exercice en 1984, remplacé par Konstantin Tchernenko, mort aussi en plein exercice en 1985. Ce que les dirigeants soviétiques appréhendaient s'est finalement réalisé. Non seulement les républiques musulmanes ont regagné leur indépendance mais l'Union soviétique s'est disloquée et a fini d'exister en 1991. LA CHUTE DU «MUR DE BERLIN» ET LA FIN DE L'URSS, UN PRODUIT DE L'HISTOIRE ? On peut même se poser des questions, au-delà de la triptyque historique, pourquoi le système soviétique basé sur l'idéologie communiste a atteint des limites dans la gouvernance mondiale. Quand Karl Marx prônait de renverser le capitalisme par le prolétariat, c'est-à-dire par la masse ouvrière comme cela fut en Russie tsariste ou le prolétariat rural, comme cela fut en Chine de Mao, ce prestigieux penseur n'a pensé que la prise de pouvoir par les travailleurs sur la classe riche. L'idée était de renverser le sommet par la base, par le peuple. Si ce renversement du sommet par la base a porté des fruits, il s'est ensuite dénaturé. Engels qui a parlé d'un concept marxiste de dépérissement de l'Etat est un concept certes judicieux non comme il l'a pensé, c'est-à-dire que la société communiste peut à la fin se gouverner sans application de lois coercitives, approche relevant d'une vision idéale, utopique sans prise de réalité de la nature humaine, mais parce que simplement ni Marx ni Engels n'ont pensé à instaurer des garde-fous dans l'exercice du pouvoir. Un contrepouvoir était nécessaire pour tout régime politique, dusse-t-il être prolétarien, pour contrôler et empêcher les dépassements qui sont néfaste à la direction politique d'un peuple. Néanmoins, nonobstant, cette absence de contre-pouvoir dans la dictature du prolétariat qui est défini comme un « pouvoir conquis par la lutte des classes » et qui fait de l'élite du prolétariat, par l'intermédiaire du parti unique, la classe dirigeante exerçant le pouvoir sur le peuple et qui n'est liée par aucune loi coercitive, engendre forcément des démesures, ne serait-ce que dans la formation d'une classe dominante dans le système, au-dessus des lois. Cependant une Nomenklatura constituée fait que ce pouvoir sans contre-pouvoir s'érige aussi « en contre-pouvoir à la société capitaliste occidentale ». Et c'est là « l'intérêt historique de la dictature prolétarienne » en Union soviétique, en Chine et dans les pays relevant de près ou de loin de cette idéologie, dans le concert des nations avec les pays de l'Ouest. Ce qui fait des dictatures communistes un moindre mal que s'ils n'existaient pas du tout, laissant le champ libre à l'Occident de dominer le monde. Mais avec la politique de détente entre les deux blocs Est et Ouest, l'essoufflement du système productif socialiste dans le monde, et le parasitisme de la Nomenklatura, c'est-à-dire l'« ascenseur social » réservée aux hommes triés sur le volet - système basé sur la cooptation et non sur les valeurs ?, c'est-à-dire l'ensemble des personnes privilégiées qui bénéficiaient voire détournaient et accaparaient à leur profit les avantages matériels et les postes de direction du système politique. Et par ce processus de distribution par cooptation, crée une masse clientéliste, ne pouvant qu'à la longue créer une déliquescence du système. Une situation qui rappelle une cour du roi, et ce contre quoi la plèbe s'est insurgée après usure. On comprend qu'une telle situation qui dégrade un système politique ne peut que le ruiner avec le temps. Les trois forces historiques sus-énoncés qui ont « travaillé » ensemble, intégraient cette déliquescence du système soviétique arrivé à une situation de non retour. Le système s'effondrait et avec lui le KGB, le gardien du temple, un nouveau monde émergeait, une nouvelle histoire s'annonçait? L'ALGERIE PEUT-ELLE PRENDRE DE L'HISTOIRE ? Sujet qui n'est pas développé mais pourra être développé dans une prochaine analyse. Cependant, les éléments de réponse donnés dans cette analyse sont suffisamment éclairants pour que l'Algérie en prenne acte, qu'elle s'en inspire pour le bien de la nation. Mais d'emblée, on peut dire avec regret que l'Algérie ne fera pas exception. Ce qui nous fait dire qu'il faut que l'histoire algérienne se fasse. Ce n'est pas une fatalité, mais la nature humaine étant ce qu'elle est, il revient aux forces historiques de remédier à l'ordre politique et économique. Et qui doit s'inscrire dans un dépassement de ce qui se passe aujourd'hui. L'avenir de l'Algérie est donc « programmé » au même titre que celui des autres nations. Et l'Algérie doit évoluer, elle a encore des possibilités, mais ce qu'elle doit retenir, c'est qu'« être une puissance régionale » ne signifie nullement qu'elle est à l'abri des bouleversements à venir. A voir ce qui s'est passé pour la superpuissance soviétique. Bien, au contraire, plus un pays est puissant ou relativement puissant, plus il se ferme aux autres puissances en s'érigeant en système politique autarcique qui se suffit à lui-même par son seul statut de pays monoexportateur. Plus un système politique est inégalitaire, plus il n'offre pas d'avenir aux générations montantes. Plus il se retrouve déstabilisé économiquement à chaque chute durable du prix du pétrole, malgré les embellies qu'il retire des conjonctures économiques pétrolières. Et ces traits caractérisent l'Algérie. Et le danger potentiel n'est même pas l'islamisme, ni même la crise pétrolière - à voir seulement la Tunisie qui n'a pas de pétrole et s'en sort démocratiquement bien ? mais dans l'action même du système politique autarcique. Le système doit à défaut de changer évoluer pour une meilleure prise de conscience des enjeux qui se jouent aujourd'hui dans l'histoire présente et à venir dans le monde. La crise pétrolière peut même avoir un effet salvateur parce qu'elle amène une remise en cause des certitudes du pouvoir dans le sens de sortir de cette euphorie tout au plus provisoire de cette richesse artificielle qu'octroie le commerce des hydrocarbures. Une remise en cause du système politique et économique nous fait dire que « cette programmation a commencé pour l'Algérie » eu égard à l'évolution politique tumultueuse tant intérieure qu'extérieure. Cette évolution n'est pas particulière à la seule Algérie mais concerne l'ensemble des pays arabo-musulmans. L'Iran et l'Arabie saoudite ont commencé la mue de leurs systèmes politiques. Bien que timidement et malgré la forte opposition des forces conservatrices au sein de leurs États. Et ceci est un signal fort pour le système politique algérien. Et l'internaute qui m'a interpellé (1) sur l'Algérie, il a tout à fait raison de s'interroger. « Pourquoi un pays aussi vaste et immense avec les meilleures terres du Maghreb n'arrive pas à nourrir sa population ? Pourquoi un pays disposant de potentialités immenses n'exporte quasiment rien que des hydrocarbures 98% ? Pourquoi le pays n'arrive pas à passer d'une économie de rente à une économie moderne ? » Et cet internaute termine en énonçant : « Devant la crise énorme qui se projette du fait de l'effondrement des prix du pétrole, pourquoi les dirigeants semblent démunis (pas de plan de rechange sauf une réduction drastique des dépenses qui serait catastrophique pour la population) ? L'effondrement économique de l'Algérie serait catastrophique non seulement pour sa propre population mais aussi pour ses voisins et dans une certaine mesure pour l'Europe » En effet, l'effondrement économique de l'Algérie serait catastrophique pour l'Algérie comme pour ses voisins immédiats. Mais force de dire que si effondrement il y aura, il entre aussi dans une nouvelle gestation historique d'un nouveau système politique et socioéconomique à venir. Tout système politique défaillant s'autocorrige par les forces historiques qui le traversent. Comme ce qui s'est passé pour ses voisins et pas forcément dans la violence. Ceci étant, en dépassant le cadre de l'Algérie, et en revenant au concept que l'humanité est « programmée » par les crises politiques et économiques et les guerres. Et comme on l'a déjà énoncée, les crises politiques et économiques et les guerres façonnent réellement l'humanité. Et cette affirmation de l'« herméneutisme historique programmant l'humanité » peut ne pas être acceptée par l'homme critique, et c'est juste à raison. Car si les hommes pensaient que l'humanité n'est pas « programmée » par un ordre supérieur sur le monde, l'Histoire humaine ne perdrait pas « sa raison cachée », c'est-à-dire cet herméneutisme qui la rend si complexe. Et cette inconnaissance permettrait à l'homme d'agir sans chercher à savoir ce pourquoi il agit, ce qui serait suffisant pour l'homme de mener son existence terrestre. Or, en y croyant, en acceptant cet herméneutisme programmant, l'Histoire ne serait alors pas totalement fermée, aurait moins de sens caché. L'histoire se découvrirait du moins en partie à l'homme, et c'est là l'intérêt de savoir l'herméneutisme historique ou la connaissance de la raison hégélienne dans l'Histoire. Ce qui serait une forme nouvelle d'exister, de savoir en partie ce pourquoi on existe. Et faire sien ce mouvement des contingences (3) qui dépasse les hommes. Ce serait un nouveau départ pour l'homme nouveau s'il arrivait à « historiciser son histoire ». En comprenant mieux son existence et, en « agissant dans le sens historique, il se pacifierait plus avec lui-même ». Moins de souffrances pour l'humanité. D'autant plus, qu'aucun siècle ne ressemble à l'autre. L'humanité est en perpétuelle gestation, en perpétuelle renaissance, chaque génération revit le monde autrement que la génération qui a précédé. Et c'est sur ce point que se termine cette analyse, en espérant qu'elle ait apporté à l'homme une nouvelle vision du monde, « qu'elle ait répondu au moins partiellement à l'internaute qui a réagi au précédent article ». (1) Enfin, un dernier point et celui-ci est radical. L'homme, dès sa naissance, naît pour ensuite mourir. Sait-il quand il doit mourir ? Peut-il reculer le jour de sa mort ? Sait-il pourquoi il doit mourir ? Et l'humanité n'est-elle pas appelée à mourir ? N'est-elle pas appelée à changer, à se régénérer totalement ? Aucun être humain ne peut changer son destin ! Et cela est déjà unanimement parlant que l'homme existant « pour l'existence et la mort » est déjà une « programmation humaine en soi ». L'homme et donc l'humanité sont « programmés dans leur être ». En énonçant cette « terrible destinée de l'homme », elle est terrible parce que l'homme ne veut pas mourir, il veut toujours vivre, mais il ne le peut pas, précisément pour que l'homme se rapproche de lui-même. Pour qu'il sache que tout est éphémère, que la beauté, la laideur, la richesse, la célébrité, la pauvreté, la maladie, la mort, ne sont que des états transitoires qui doivent l'inciter à réfléchir. A prendre conscience de son état d'infériorité devant les événements du monde. A rechercher cette humilité devant le grandir. Bien qu'il soit tout petit dans sa pensée devant ce formidable univers, il est grand quand il est humble. |
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