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La «Honte», c'est le slogan générique de la manifestation des Belges qui
a rassemblé 40.000 marcheurs à Bruxelles. Sept mois que les vainqueurs des
élections législatives négocient la formation d'un gouvernement, sans aboutir.
Le peuple belge perd patience.
Les Belges sont, eux aussi, excédés par la surenchère des partis politiques qui ont gagné les dernières élections législatives du 13 juin 2010 et qui, faute d'accord pour la formation d'un nouveau gouvernement, plongent le pays dans une grave crise institutionnelle qui s'éternise. Pour la première fois de son histoire, le fameux «compromis» belge ne fonctionne pas. Les quatre partis flamands et les trois autres francophones engagés dans la négociation butent sur une réforme des institutions qui cache, dans les faits, la gestion financière du pays. Non pas que la Belgique manque de moyens financiers, loin de là, mais parce qu'un parti nationaliste flamand, la N-VA (Nouvelle alliance flamande), arrivé en tête des législatives en région flamande avec 27 % des voix, revendique plus d'autonomie régionale et l'affaiblissement de celle de la région de Bruxelles-capitale. Son argument principal : la fin des transferts financiers, apparents, de la Flandre vers la région wallonne francophone et Bruxelles. Les moyens d'y arriver : la régionalisation de la fiscalité, en particulier l'impôt sur les personnes physiques (IPP). Les partis francophones voient dans cette stratégie la volonté des nationalistes flamands de dépouiller l'Etat fédéral de ses moyens et pouvoirs et de briser la solidarité sociale entre les Belges. Sept mois que le peuple belge observe, patiente et espère la mise en place d'un nouveau gouvernement. Rien n'y fait. Et c'est donc en toute raison qu'il est sorti, ce dimanche 23 janvier, pour sommer les sept partis politiques de mettre fin à ce «cirque» qui ne l'amuse plus. Près de 40.000 manifestants à Bruxelles (chiffre final de la police) ont scandé des slogans hostiles aux nationalistes flamands et aux politiques d'une manière générale. Cet appel à manifester sous le slogan générique de «Honte» est parti d'une initiative citoyenne de cinq jeunes étudiants (4 flamands et un francophone) lancée sur «Facebook», le réseau social sur Internet, voilà quelques jours seulement. Et pour la première fois, les leaders politiques belges ont été absents de la manifestation. Pendant que jeunes et moins jeunes occupaient la rue, les politiques ergotaient sur les plateaux de télévision, se rejetant les uns sur les autres la responsabilité de l'échec des négociations. Hier, championne du «compromis» politique, la Belgique risque de sombrer dans le communautarisme et la violence politique. Chose pour le moins surprenante, la Belgique a reçu les félicitations de l'Europe pour sa présidence tournante de l'UE durant le dernier semestre de 2010, présidence assurée par son gouvernement actuel dit «en affaires courantes». Chose encore étrange, c'est un belge, Herman Van Rompuy, qui assure la présidence du Conseil européen (plus haute instance politique de l'UE) sans difficultés majeures. C'est dire que ce ne sont pas les compétences politiques qui manquent au pays, mais bien les calculs des partis politiques engagés dans la formation d'un gouvernement fédéral. Par ailleurs, les manifestants de dimanche n'ont pas tort de défiler avec la banderole «Honte». D'abord pour dire leur mépris aux nationalistes flamands de vouloir casser le système social belge (sécurité sociale, allocations sociales, allocations familiales?), ensuite à l'image qu'offre la Belgique au reste du monde avec les sept partis négociateurs. Image qui a vu les agences internationales de notation financière augmenter le risque belge, alors que le pays se porte très bien par rapport à bien de ses partenaires européens. Près de 985 milliards d'euros en épargne privée pour les 10 millions de belges en 2010 ! Une situation «surréaliste» en ces moments de crise internationale. Pour ne pas faillir à sa réputation de pays de cocagne, les manifestants de dimanche ont bien accueilli la proposition de personnalités humoristes belges de qualifier, en comparaison avec la révolution de «jasmin» tunisienne, de révolution belge «des moules et frites» ou encore, pour les hommes, de ne plus se raser la barbe jusqu'à l'annonce d'un nouveau gouvernement. |
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