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Jeune joueur au CDJ Oran, Benzellat, barré par les vedettes de l'époque, s'est tourné très tôt vers l'arbitrage. C'était la seule voie pour vivre sa passion du football. Pour un jeune de sa trempe, l'ascension a été rapide, et nous avons retrouvé trace de plusieurs matches importants qu'il a dirigés en 1938. Déjà, son itinéraire sortait de l'ordinaire, puisque la logique de l'époque voulait que les arbitres se recrutent dans le «corps» des anciens joueurs. Percer en ce temps-là n'était pas facile. Les Benzellat, Mokhtari, Ziani, Bendjadi, pour la seule ville d'Oran, avaient tous le niveau requis et étaient au-dessus de tout soupçon. A son apogée, la presse sportive, subjuguée, le surnomma «le sifflet qui parle», allusion aux sons stridents, marque personnelle d'une autorité indiscutable. Jamais ses décisions n'ont été contestées, même sur les terrains dits défavorables, en raison du contexte de cette époque. Bien au contraire, toutes les équipes étaient enchantées par sa présence car, avec lui, les rencontres se déroulaient normalement, dans le strict respect des lois du jeu. Un jour, à Mostaganem, Boulanger, président de l'IS Mostaganem, en dépit de l'élimination de son club en coupe d'Afrique du Nord face au GC Mascara, l'a félicité pour sa prestation, ajoutant : «Je vous demande de venir souvent nous arbitrer, même si nous devons perdre à chaque fois !». Benzellat, c'est encore cet arbitre qui, pour son examen fédéral à Montpellier (France), a obtenu la note maximum. Ce qui a fait dire à Hadj Ghalem : «Il aurait pu diriger une finale de Coupe de France. Et si cela ne s'est pas réalisé, c'est certainement pour un «problème de protocole». Formateur Lorsqu'on écrira que Benzellat Kouider a certainement été remarquable, ce n'est pas verser dans l'idéalisme. Nous l'avons connu comme arbitre et comme formateur à la LOFA. Afin de reproduire le plus fidèlement possible sa carrière, nous avons sollicité plusieurs personnes qui l'ont côtoyé de près. La conclusion saute aux yeux. Benzellat aura été exceptionnel comme père, comme arbitre et enfin comme formateur. Le recoupement des témoignages est sidérant. Que ce soit Hadj Ghalem, qui a vécu de nombreuses saisons à ses côtés en tant qu'arbitre, ou Fenoun, le vif inter de l'USMO, ou Kechache, son collègue de travail pendant de nombreuses années, ou Bendrama qui, de France, a fait état de son admiration, ou Aboukebir Boubekeur à l'étonnante mémoire, les témoignages sont unanimes. Il était l'un des rares arbitres en activité à donner des cours à ses collègues plus jeunes et inexpérimentés. A cette époque, il y avait d'excellents instructeurs comme Orfi, Benbassal, Mas et Esclapes. «Benzellat assurait son cours sans livre ni documentation», témoignera Hadj Ghalem, qui formait avec Ziani le tandem de juges de touche. Nous avons eu la chance d'assister, à titre d'observateur, à quelques séances. On peut vous assurer que son cours était suivi avec attention car il avait une grande facilité d'élocution. Il a dispensé son savoir avec amour et passion, et sa satisfaction fut de voir ses élèves atteindre le niveau international tels Hansal, Lacarne, Bendjahène, Sandid et Bounaga. Derrière le formateur, l'éducateur n'était jamais loin. Hadj Ghalem se souvient d'un discours moralisant où Benzellat a dit à peu près ceci : «Vous êtes arbitre durant les 90 minutes, mais également le reste du temps, même dans la rue. Car, on vous juge sur votre comportement de tous les jours. En conséquence, vous ne devez pas faire quelque chose qui soit en contradiction avec l'arbitrage». Apparemment, le message a été reçu cinq sur cinq. Benzellat a quitté ce monde trop tôt, mais heureux et satisfait de son oeuvre. Témoignages Kechache Lahouari (ancien joueur USMO et collègue): «Benzellat était notre chef de service. Il était sévère mais juste. Un dimanche matin, nous avions pris le café ensemble. L'après-midi, au stade Montréal (Bouakeul), pour une faute que j'ai commise sur un adversaire du CALO, il m'a expulsé. Ce n'était plus le collègue mais l'arbitre impartial que j'avais en face de moi. Un tel homme est inoubliable». Vibrant hommage de Mohamed Hansal: «Benzellat Kouider était mon maître. Il m'a beaucoup aidé pour atteindre le top niveau. Avec lui, c'était la moralité et la rigueur. La salle où il donnait les cours était pour nous comme une université. Il était avec Hadj Ghalem l'un des meilleurs formateurs. En somme, il nous a transmis le flambeau. Il est décédé le 30 avril 1978, la veille de ma première finale de coupe d'Algérie CMB-USKA. Malgré ma peine, j'ai tout fait pour lui rendre hommage». Félicitations Avant le coup d'envoi d'un match au stade Paul André (trois Frères Amarouche de Sidi-Bel-Abbès), Benzellat a refusé que des chaises soit disposées à l'intérieur du terrain près du grillage. C'était pour recevoir une importante délégation, avec à sa tête un général français. Certains témoins assurent qu'il s'agissait du général Georges Catroux, qui fut gouverneur d'Algérie dans la décennie 40). Gros émoi des organisateurs, qui durent se plier aux injonctions de Benzellat en installant leurs invités dans les tribunes. Après la fin du match, le général s'est dirigé vers les vestiaires des arbitres. «M. Benzellat, je vous félicite d'abord pour votre prestation, et davantage encore pour votre décision quant à l'accès du terrain. Je suis entièrement d'accord car, comme vous, je suis un homme de discipline !». Après le départ du général, Benzellat dira à ses deux juges de touche : «Le terrain c'est pour nous, pas pour eux !». |
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