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Le 19 mars 2003, les Etats-Unis et leur coalition de volontaires ont envahi l'Irak et le monde entier est témoin de la destruction de ce pays. Six semaines après, Bush laissait croire que la mission était accomplie. Il continue aujourd'hui à le faire croire essayant de laisser une impression de victoire. Un quart d'heure lui aura suffi pour faire son bilan de fin de mandat dégageant une impression forte, pleine de dynamisme, de générosité au détriment d'un sondage accablant et d'une économie aux abois. «Seul, l'aveugle voit dans les ténèbres». Qu'a-t-il laissé derrière lui et quelle image laisse-t-il aujourd'hui de son pays et de sa propre démocratie? On est, aujourd'hui, bien loin des motifs de guerre et de ses promesses de construire une démocratie viable, d'un Irak stable, d'un Moyen-Orient démocratique et qui établirait une paix durable entre Israël et la Palestine. Une guerre préméditée, manifestement initiée au détriment du droit international qui constitue un acte d'agression. On se souvient de l'exposé de Colin Power, au Conseil de sécurité, essayant de le convaincre de la détention par l'Irak d'armes de destruction massive: des simulations au moyen d'images truquées à coups de pixels, par-ci, par-là. L'inspecteur de l'ONU, Hans Blix a écrit ses mémoires en 2004: «Irak, des armes introuvables». Il a montré que les accusations anglo-américaines des ADM étaient sans fondements. Les Etats-Unis ont ignoré l'ONU ouvrant la voie aux abus et aucun lien n'a pu être établi avec Al Qaïda. On a inventé «l'axe du mal» pour délivrer du mal. Aujourd'hui, on voit bien où en est le centre. Ainsi, la guerre fut déclenchée sur la base d'aucune preuve et on a tué sur la base de suppositions, des appréhensions, des intentions, des semblants de vérité avec une incapacité de remettre en cause quoi que ce soit, amplifiant le problème, à coups de peur, pour la survie de l'Amérique comme si l'Irak, la Corée ou l'Iran constituait une menace pour le peuple américain. Mais derrière ça se cachaient des évidences: une volonté d'assurer la sécurité d'Israël, de contrôler le pétrole et d'affaiblir l'OPEP, une volonté d'humilier les Arabes et de dominer le monde. Bush a voulu bâtir la sécurité mondiale sur du faux; c'est ce qui a laissé dire que les Etats-Unis constituent «la plus grave menace pour la paix mondiale même chez les alliés de longue date» comme l'écrivent Joseph Stiglitz et Linda J. Bilmes (2). Et pour son peuple, la tromperie a commencé par le congrès qui l'a cru sur parole et a voté la guerre sans que personne n'y puisse rien: ni opposition, ni un bloc quelconque. Et puis, il y a eu la guerre avec un sauvagerie sans précédent et le mépris des conventions internationales. Voilà un peuple qui n'était pas sorti des misères et l'on s'acharne sur lui. Résultats: un peuple sur le tapis, un million de morts, deux millions de réfugiés, dispersés et deux millions de déplacés à l'intérieur. Parmi les bavures, on compte les descentes de nuit suivies de razzias systématiques: Joshua Key témoigne sur les 200 perquisitions de maisons, portes sautées à la dynamite: «nous n'avons pas trouvé de signes d'activité terroriste, nous n'avons découvert que des civils dont nous avons ruiné la vie ou que nous avons tués simplement parce qu'ils avaient croisé notre chemin. Certains d'entre nous ne les avaient même pas respectés dans leur mort». Il y a eu ensuite le pillage de trésors inestimables du musée de Bagdad (4): 3.000 pièces archéologiques non retrouvées. Cinq siècles d'histoire et d'archéologie! Un autre crime contre l'Humanité. Bush, pourtant prévenu, a laissé faire. Peut-être sont-elles entre les mains de quelques mafiosi de collectionneurs aux USA et ailleurs? Un autre haut fait d'armes: la torture que la plus grande démocratie a tenté d'instituer, balayant des siècles d'histoire. Elle a été tantôt niée, tantôt sous-traitée et enfin avouée par des officiers à la retraite. Il faut attendre que ces soldats vieillissent pour lire leurs récits ou entendre leurs témoignages. Ils raconteront un jour à leurs enfants le mal qu'on leur a appris à faire et qu'on leur a fait faire, ils calmeront leur conscience sur les crimes commis en reportant tout ça sur les mensonges de Bush et sur l'obéissance de leurs chefs. Ces tortionnaires ne parlent jamais, sauf à un certain âge, quand ce qui reste de leur conscience délie l'encre et la langue pour étaler les atrocités. Cette guerre coûterait 3.000 milliards de dollars (2): c'est ce qu'estiment les plus éminents économistes aux USA qui ont décortiqué les coûts directs et indirects. Et comme la guerre est financée pour une partie sur des emprunts, une partie de la facture sera laissée à la génération future. Qu'est-ce qu'on ferait de bien avec trois mille milliards de dollars! Bush part en toute impunité, en toute conscience, faisant croire qu'il a fait du bien; il part sans avoir rien régler sinon d'avoir semé la haine et la terreur dans la région. Il part laissant du sang derrière lui. Israël qui «ne s'est jamais senti aussi sécurisé», en sort le seul gagnant. Méprisant les résolutions de l'ONU, il défie aujourd'hui tout le monde et particulièrement le droit international; il a désormais, les mains libres pour frapper où que ce soit et quoi qu'on fasse et qu'on dise. Après avoir tenté et intenté au Sud du Liban où il a essuyé une «triha», il s'en prend sauvagement à la bande de Ghaza, aux civils, aux enfants, aux organisations internationales, aux journalistes, n'hésitant pas à utiliser les armes de destruction massive. Une lâcheté jamais égalée. Avec la bénédiction de Bush. Ainsi le faux a atteint la plus grande démocratie; il a conduit au crime. Qu'est-ce que c'est que ces démocraties qui tuent les enfants? Qu'est-ce qui reste des valeurs léguées? Qu'est-ce que c'est que ces démocraties qui sont incapables de se redresser en cours de mandat? Le 21ème siècle inaugure-t-il une nouvelle espèce d'hommes politiques? L'histoire, la nôtre bien sûr, retiendra que Bush est un criminel de guerre comme Sharon et Ehud Olmert. 1-: Hans Blix, a écrit ses mémoires en 2004: «Irak, des armes introuvables» 2-: Joseph Stiglitz et Linda J. Bilmes: 3.000 milliards de dollars, le coût de la guerre en Irak. 3-: Joshua Key «Putain de guerre» chez Albin Michel 2007 4-: Philippe Flandrin «Le pillage de l'Irak» ed Du Rocher 2004. |
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