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« La communauté internationale fait semblant de ne rien voir et de ne
rien entendre. Ghaza est une véritable prison, c'est un camp de concentration à
ciel ouvert. Il faut lever le siège sur Ghaza pour permettre au peuple
palestinien d'exercer son droit à mener une vie normale».
Cette déclaration pleine d'engagement émane de Lakhdar Brahimi, diplomate algérien et conseiller du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui s'exprimait hier sur les ondes de la radio chaîne 3. M. Brahimi était à Alger pour prendre part au forum dédié au soutien des détenus palestiniens. Près de 10.000 prisonniers palestiniens ne sont pas reconnus comme des détenus de guerre ou politiques. M. Brahimi a déploré «l'attitude du monde arabe qui a abandonné les Palestiniens, mais aussi la communauté internationale qui applique la politique des deux poids deux mesures en versant des larmes de crocodile et en faisant tout pour ignorer le sort des Palestiniens. Il y a une mauvaise volonté politique d'obliger Israël à respecter les lois internationales». Et de plaider que «l'urgence est de régler le problème palestinien. Si les pays arabes bougeaient un peu plus, le sort des Palestiniens serait beaucoup mieux que ce qu'il est aujourd'hui», a déploré ce diplomate. Et d'ajouter que «le président Obama a baissé les bras et donne l'impression d'avoir été vaincu par Israël et les forces qui soutiennent cet Etat. Il faut une résistance non pas militaire, mais il faut trouver les moyens appropriés, dont notamment le boycott d'Israël par le monde arabe et la communauté internationale», suggère-t-il. Interrogé sur la situation en Côte d'Ivoire, M. Brahimi a estimé que «des dérapages sont à craindre dans ce pays. La question est de savoir si cette crise durera ou pas. Il y a déjà eu des morts. Il faut espérer qu'il n'y ait pas un bain de sang ». «Tout le monde espérait, poursuit-il, que ce scrutin présidentiel allait faire sortir ce pays de l'impasse politique qui dure depuis dix ans. Malheureusement, ces élections ont au contraire accentué la crise. Il faut s'attendre à ce qu'il y ait des morts et des dégâts ». Et de prévenir: «Si la crise dure, elle risque d'affecter toute la région, d'autant plus que la situation est complexe car exacerbée par les problèmes ethniques et religieux. Le Burkina Faso est très lié à la Côte d'Ivoire. Il y a des liens aussi avec la Guinée, le Sénégal, le Liberia, avec tous les risques de contagion que cela implique», a-t-il analysé. Il estime que les problèmes en Afrique de l'Ouest ont pour origine la guerre civile au Liberia, avant de provoquer un effet de contagion qui s'est propagé aux autres pays. «Avec la crise en Côte d'Ivoire, on craint une contagion inévitable», a-t-il dit. «Le président sortant, Laurent Gbagbo, refuse de quitter le pouvoir. La communauté internationale est unanime à attester que les résultats étaient en faveur d'Alassane Ouattara. Il existe suffisamment de moyens pour faire des pressions. Le Conseil de sécurité de l'ONU peut imposer des sanctions, pour peu que la communauté internationale ait la volonté nécessaire », a-t-il plaidé. Interrogé sur la crise au Soudan, Lakhdar Brahimi a estimé que le référendum prévu depuis plus de cinq ans, pour être programmé début janvier 2011, aboutira sûrement à l'indépendance du Sud. Et d'ajouter : «Ni le Sud ni le Nord ne sont préparés aux conséquences de cette dramatique scission. Le Sud n'est pas prêt à s'organiser en Etat et le Nord n'est pas préparé à ce divorce», a-t-il déploré. «Le prochain Etat du Sud a des frontières avec beaucoup de pays. Il y a beaucoup de réfugiés, ce qui risque d'aggraver les conflits frontaliers», a-t-il expliqué. Pour ce diplomate, le Sud et le Nord n'ont rien fait pour encourager le Sud à rester uni au pays. Brahimi prédit «un début d'indépendance chaotique au sud du Soudan». L'argent du pétrole n'a pas servi à réaliser un développement conséquent », a-t-il regretté. Et d'estimer que la stabilité nécessite beaucoup de temps car les conflits internes au Soudan risquent de traverser les frontières avec beaucoup de pays voisins. Autre crainte du diplomate : «Le litige qui naîtrait autour des eaux du Nil. Des inquiétudes, dit-il, qui sont particulièrement appréhendées par les Egyptiens». |
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