Le tribunal
criminel d'Oran a rouvert, hier, le dossier du crime dont fut victime un
fonctionnaire de la wilaya d'Oran, en juin 2008, et dont le corps mutilé et
carbonisé fut retrouvé dans un dépôt d'ordures près de la localité d'El-Braya.
C'était quasiment un remake du procès du 22 février 2010 auquel a assisté,
hier, le parterre. A cette différence près qu'il y a eu permutation de rôles
entre les deux co-auteurs de l'assassinat : K.A, «l'étudiant en chimie»,
comparaissait cette fois-ci en tant qu'accusé et B.Y, «le copain de la
victime», en tant que témoin. Au premier procès, où le tribunal avait proclamé
B.Y coupable de l'assassinat du fonctionnaire de wilaya et l'avait condamné à
la peine capitale, son co-auteur K.A, lui, ne pouvait être jugé du fait que la
Cour suprême n'avait pas encore statué sur son pourvoi en cassation formulé au
cours de la procédure. Il a été donc entendu comme témoin à titre de simple
renseignement, sans avoir eu à lever la main droite, cela s'entend. Son recours
tranché, son tour est venu donc pour répondre des actes qui lui étaient
reprochés. A la barre, il a été essoré de questions, pas forcément toujours
pertinentes. Une fois encore, il y a eu des «non-dits» dans cette affaire, des
choses que le tribunal voulait taire, par pudeur surtout. Retour en arrière. Le
17 mai 2008. Informée sur la disparition du fonctionnaire résident au bloc 7 de
la Cité Lescure, la police inspecte le domicile du concerné. L'appartement, un
F3, se trouvait dans un désordre indescriptible. Sol, murs et plafond étaient
quasiment teintés de sang. Quelques appareils électroménagers manquaient. Des
prélèvements des traces de sang seront analysés. Ça correspond au groupe de
sang du propriétaire des lieux. Une avancée pour les enquêteurs, mais à ce
stade il manque beaucoup de pièces pour reconstituer le puzzle. La même
journée, le cadavre d'un homme, totalement brûlé, a été découvert sous un amas
d'ordures dans une décharge sauvage sur la route entre El-Braya et Oued Tlélat.
Les analyses d'autopsie démontreront que
c'était la dépouille du fonctionnaire disparu. Selon les faits consignés, le
crime a été perpétré par B.Y et K.A, alors étudiant en chimie à l'USTO, dans la
nuit du 15 mai 2008. Ceux-ci étaient, ce soir-là, invités par la victime pour
un dîner chez-elle. Selon la version de B.Y, c'est son copain l'étudiant qui a
égorgé la victime dans la chambre à coucher après que celle-ci, ait tenté
d'avoir des rapports sexuels avec lui sous la contrainte. Mais il y a un autre
mobile avancé : le vol. Les mis en cause auraient échafaudé ce plan criminel
pour s'emparer de la «petite fortune» de la victime, une épargne de 20 ans de
travail plus les recettes gagnées de son activité secondaire comme organisateur
de la tradition folklorique dite «neguefates» à l'occasion des fêtes de noce.
Le P.G a requis la réclusion à perpétuité contre K.A. De retour de la chambre
des délibérés, le président a fait savoir que le tribunal a répondu par «oui»,
à la majorité, aux questions sur la culpabilité de K.A, qui a été condamné à la
réclusion criminelle à perpétuité.