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«Personne dans le monde ne comprend la position d'Israël qui consiste à
affirmer que l'on peut négocier tout en reprenant les constructions dans les
colonies»
(un haut diplomate cité par l'AFP) Israël risque de payer un prix élevé à la suite de la reprise de la construction dans les colonies» poursuit le même responsable. C'est moins sûr. Israël maitrise parfaitement l'art des fausses négociations. Rappel: Barak Obama avait convoqué il y a deux mois Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas pour leur intimer l'ordre de trouver une solution à ce très vieux conflit moyen-oriental. D'emblée, le dirigeant israélien a rappelé successivement que le gel des colonisations sauvages avait été unilatéralement décrété par Tel-Aviv, mais qu'hélas ! ce moratoire touchait à sa fin. L'habile Netanyahou réduisait donc d'emblée la négociation avec Mahmoud Abbas à la seule suspension ou non de cette opération visant à élargir encore la population de 500 000 colons israéliens illégaux déjà présents en Cisjordanie, (en contradiction avec tout le droit international). Le tout pour conclure d'un air navré qu'en tant que Premier ministre, il serait prêt à trouver un compromis mais, Horreur ! Malheur ! la coalition politique qui le soutient était d'un tout autre avis. Pour enfoncer le clou, le chef de la diplomatie israélienne, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman a récemment réclamé depuis la tribune de l'ONU, une solution «en deux étapes», estimant que les «problèmes émotionnels» et le manque de confiance entre Israéliens et Palestiniens ne pourraient être résolus avant l'arrivée d'une nouvelle génération et qu'il faudrait un accord «intermédiaire à long terme, qui pourrait prendre quelques décennies». Bref ! La colonisation continue et on se revoit dans vingt ans ! Israël-Palestine : Deux pays ? L'an prochain ?? Pratiquant avec hardiesse le double langage, Benjamin Netanyahou a pris officiellement ses distances avec la déclaration de son numéro 2 et s'est même, selon l'agence Reuters, entretenu au téléphone avec le président français Nicolas Sarkozy et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. «Je crois de tout mon cœur que nous pourrons aboutir à un accord-cadre d'ici un an qui changera l'histoire au Proche-Orient», a-t-il conclut, la main sur le même cœur. Les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir peser, un peu, sur les errements extrémistes de l'actuel gouvernement israélien. Après son élection, Barak Obama avait prononcé des paroles nouvelles qui avaient entrouvert un léger espoir de solution au très vieux conflit israélo-palestinien, vite démenti par l'intransigeance de Tel Aviv. Intervenant, il ya une quinzaine, lors de la séance plénière des débats de la 65e assemblée générale de l'ONU, le président américain a réitéré son engagement au projet de l'existence de deux Etats, Israël et la Palestine, « vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, dans le cadre d'une paix globale entre Israël et tous ses voisins ». Dans ce sens, il a affirmé que si un accord n'était pas atteint, « les Palestiniens ne connaîtront jamais la fierté et la dignité inhérentes à une population qui a son propre Etat, et que les Israéliens ne connaîtront jamais la certitude et la sécurité » qui ne peuvent être assurées que par la coexistence avec des pays voisins souverains et stables. Abordant la question du moratoire du gel des colonies, Obama a été catégorique: «Nous pensons que le moratoire doit être prolongé ». Le président américain veut une véritable négociation : « Si nous le faisons, alors quand nous reviendrons ici l'année prochaine, nous pouvons avoir un accord qui conduira à doter l'ONU d'un nouveau membre qui sera un Etat de la Palestine indépendant et souverain vivant en paix avec Israël ». Des engagements forts. Hésitations américaines Toutefois, la détermination de Barak Obama laisse un peu perplexe, car peu suivi d'effets rapides et palpables. Certes, Israël est un état indépendant qui s'est doté démocratiquement d'une coalition gouvernementale, dans le cas pour le moins extrémiste. Certes, la population israélienne dans sa majorité, semble peu convaincue des bénéfices partagés d'une vraie paix au Proche-Orient. Certes, l'opinion publique américaine manifeste toujours une vraie méfiance vis-à-vis du monde musulman. Mais l'ensemble des observateurs notent que la fin du conflit israélo-palestinien est à la fois la condition et la 1ère étape d'un apaisement et d'un rééquilibrage général dans l'ensemble moyen-oriental. D'innombrables résolutions de l'ONU vont dans le même sens, inappliquées du fait du seul veto américain. On imagine peu que la nouvelle position de l'exécutif américain soit purement verbale. Malmené en Irak, en posture difficile en Afghanistan, au point mort sur le dossier iranien, on voit mal Washington qui souhaite rééquilibrer sa politique très contestée dans la vaste zone qui va du Proche-Orient à l'Asie centrale, retoqué par son fidèle mais tout petit allié israélien. D'autant, qu'en pleine crise économique et financière, la note des armadas guerrières envoyées en Somalie, en Irak, en Afghanistan, coute extrêmement chère pour des résultats plus que médiocres, voire purement négatifs. Pour le seul conflit irakien, les économistes Joseph Stiglitz (Prix Nobel 2000) et Linda Bilmes, professeur à Harvard, estimaient dans une conférence de presse avant une audition au Congrès fin septembre, que le coût du conflit estimé par eux à 2000 milliards de dollars en 2006 en janvier 2006 était passé à 3000 milliards deux ans plus tard, pour s'échelonner dans un enveloppe située entre 4 000 et 6 000 milliards de dollars, notamment au regards des suites humaines et médicales de l'énorme traumatisme infligé aux participants (militaires américains) à cette guerre. Dans ce contexte, les Etats-Unis ne manquent pas de moyens de pression diplomatiques, militaires et financiers pour amener à plus de raison l'intransigeance de l'actuelle coalition au pouvoir en Israël, la plus à droite de toute l'existence de ce pays. Il multiplie également les réassurances à destination du gouvernement israélien. En échange du gel de la colonisation, Obama aurait ainsi garanti à Tel-Aviv, la permanence de la présence de militaires israéliens dans la Vallée du Jourdain, y compris après la création d'un très éventuel état palestinien. En réponse à ces sollicitations, peu de résultats. Il se tiendra demain, vendredi, une réunion au sein de l'exécutif israélien majoritairement hostile à tout « compromis », où Netanyahou présenterait « courageusement » une proposition d'un report de deux mois de la reprise des colonisations. 60 jours de répit. Dérisoire ! France : manifestations imposantes et jugement hilarant Bigre ! En France, tous les quinze jours dorénavant, d'importants cortèges se déroulent contre la réforme des retraites, dans plus de 230 villes. Elles n'ébranlent aucunement la détermination gouvernementale, malgré le fait que 71% des Français soutiennent les manifestants. La réforme menée par le très affaibli Eric Woerth, se poursuit au Sénat. Le pouvoir qui répète à l'infini que la « mobilisation décélère », voit néanmoins dans les rangs de sa propre majorité, naître interrogations, gêne et toussotements. Dame ! Les électeurs sont très mécontents? A force de surdité et de raideur, Nicolas Sarkozy risque de se retrouver dans une alternative en forme d'impasse : soit, quitte à en payer le coût électoral, refuser toute ouverture à des syndicats qui, sous la menace de perdre la face, risque de radicaliser le mouvement. Soit, faire des compromis sous la pression en risquant lui-même, à son tour, de perdre la face. Cornélien. Dans cette situation un peu ubuesque où les politiques économiques, financières et sociales sont rudement mises en cause, on apprend qu'un tribunal pris de folie vient de condamner Jérôme Kerviel. Ce trader boursier, flambeur très excessif mais il était un simple salarié au service dévoué de la banque Société générale, elle-même prise de folie spéculative. Il vient d'écoper de la plus longue et lourde peine prononcée par un tribunal français : 3 ans de prison ferme et 4, 9 milliards d'amendes ! Rassurez-vous, son employeur n'a pas été poursuivi : c'est lui qui avait porté plainte ! Simple rouage, ce jeune homme de 33 ans, mégalo mais qui n'a pas détourné un euro et qui ne dispose d'aucune fortune personnelle, est devenu la victime expiatrice de la grande dérive bancaire. Si jamais il retrouve un jour un job, au moins avec un revenu annuel moyen de 50 000 euros, c'est-à-dire, la rémunération d'un cadre (très) supérieur français, il lui faudra la bagatelle de 100 000 ans de salariat, pour régler sa dette. Un juge a tranché cela. Hilarant ! Mexique / Maghreb : l'argent des immigrés ! Dans une collection de publications spécialisées sur le Maghreb, Flore Gruber, une chercheuse de l'Ifri, institut géopolitique, s'est livré à une étonnante comparaison entre le Mexique et le Maghreb sur le sujet des migrations , des transferts financiers et des effets sur le développement des pays d'origine. Sans rentrer dans le détail de cette étude exhaustive, le parallèle établi entre les quatre pays que sont le Mexique et l'ensemble Maroc-Algérie-Tunisie, surprend mais ne manque pas d'à-propos. Le Mexique comme le Maghreb entretiennent des relations heurtés mais historiques avec leur voisin du Nord, les Etats-Unis et l'Europe principalement la France. Les Etats-Unis qui comptent aujourd'hui 20% d'hispanophones (principalement d'origine mexicaine) a également établi ses frontières actuelles sur des terres mexicaines (Californie, Texas..). La France a conquis l'Algérie en 1830, la Tunisie en 1881, le Maroc en 1912. Le flux migratoire maghrébin vers l'Europe et principalement concentré vers la France a véritablement démarré aux lendemains de la 1ère guerre mondiale et s'est fortement accru après les indépendances des trois pays. Aujourd'hui, le Maghreb qui représente 8,4% de la population du continent africain, pèse 21,4% de l'immigration de ce continent vers l'Europe. De même, le Mexique avec 20% de la population de l'Amérique latine représente 32,3% de l'immigration totale de ce continent. Ces transferts importants de populations ont été favorisés par la proximité géographique mais également par une politique de laisser-faire, voire d'encouragement (« à l'exception peut-être de l'Algérie » note Flore Grubert) par des pays préoccupés par les dysfonctionnements de leur propre marché du travail. Cette immigration a favorisé l'intensité des flux commerciaux et d'investissement, débouchant sur des accords-cadres tels que l'Alena en Amérique ou les différents dispositifs euro-méditerranéens. Les transferts financiers de l'immigration vers les pays d'origine ont également connu ces dernières années des progressions significatives. De 1980 à 2005, ils ont été multipliés par 25 dans le cas du Mexique et plus modestement par 6 dans le cas du Maghreb. Quel est le montant de l'argent des immigrés ? Il monte. De 100 dollars en moyenne par tête et par an en 2000 pour les quatre pays, il représente aujourd'hui un transfert moyen de 250 dollars par immigré mexicain, 200 dollars par immigré marocain, 170 dollars dans le cas des tunisiens et seulement 57 dollars dans le cas des Algériens ! L'Ifri étudie également les autres retombées sur le développement même des pays d'origine en notant, au Mexique comme au Maghreb, la capacité accrue des immigrants de retour dans leur pays d'origine à créer leurs propres entreprises, soulignant la perspective « d'une dynamique transnationale de développement ». L'offre de main d'œuvre non qualifiée aux Etats-Unis comme en Europe attire une immigration souvent illégale mais l'on assiste aujourd'hui à une offre de main d'œuvre qualifiée (ingénieurs, médecins, infirmières..) qui prive de compétences les pays concernés. Seconde évolution, l'immigration temporaire tend dans les deux cas à se transformer en migration d'installation dans les pays d'accueil. Ce qui rappelons-le est positif pour la démographie des pays concernés et en pleine polémique française sur les retraites, favorable à l'équilibre de leurs comptes sociaux ! |
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