|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
« Quiconque flatte ses maîtres les trahit. » Massillon
En Allemagne, 31% des députés sont des femmes. Ces dernières sont-elles génétiquement plus intelligentes que les Algériennes? Bien sûr que non, sinon ce serait la réhabilitation des thèses nazies sur la supériorité d'une race sur les autres ou l'infériorité. Et c'est bien le sinistre E. Zemmour fan rance de ces thèses qui déclame sans risquer une avalanche de procès que «les Arabes et les Noirs sont les plus grands trafiquants». Si l'Allemagne arrive à ce pourcentage de la représentation populaire, pourquoi pas l'Algérie? Cette dernière dirait un dirigeant de la majorité actuelle «n'est pas l'Allemagne»! Celle-ci est donc mieux lotie! Cependant l'argument d'ordre bien entendu supposé uniquement politique ne tient pas. Les partis de la majorité peuvent très facilement trouver lors d'élections communales ou législatives 33,18% de femmes qui ont des tonnes de vrais diplômes, de l'expérience, du charisme, une grande facilité d'élocution, un physique pas du tout repoussant et les faire élire comme ils le font pour des hommes. Et du coup l'opinion étrangère aurait le bec cloué pour longtemps, comme «les ennemis», «les jaloux du pays» et «les pays étrangers» que la puissance algérienne et la place incontournable qu'elle a pour les dossiers de la Palestine, du nucléaire iranien et israélien et pour le dynamisme et la productivité des médias adhérents à l'union africaine de radio et TV. Mais il semblerait que le nombre insignifiant féminin de maires, de parlementaires, de dirigeants de la sphère économique, médiatique et politique ne découle même pas d'une démarche politique. Le système à la remorque de l'intégrisme, des courants archaïques et réactionnaires, des farouches tenants de «la virilité» est partisan de la femme cachée. Cette part honteuse, maudite de l'humanité est mieux à la maison même si les éventuelles candidates peuvent avoir, comme des hommes virils, moustachus et/ou barbus, l'échine souple, le «oui sidi» en bandoulière, le doigt levé même en dormant et hijab repassé la veille de l'Aïd. Cette APN, très virile est illégitime nous dit un parti qui y siège. Elle est antidémocratique et béni-oui-oui nous dit un autre qui y siège. Paradoxal? Non, peut-être qu'à chacun sa mission et les femmes sont bien au domicile pour faire des gosses et le couscous. L'APN si décriée, si critiquée est néanmoins innocente. Ses tics et ses tocs sont programmés depuis sa naissance, sur la durée, comme celle des pays arabes et africains. A part l'Afrique du Sud. On exige avec beaucoup de naïveté que la majorité à l'APN et au Sénat se conduise autrement que ses homologues en Egypte, au Congo, en Angola, au Mali, en Arabie Saoudite et au Koweït. Ces pays et d'autres sont les modèles indépassables qui font baver de jalousie les électeurs anglais, allemands, français et canadiens. Mais on y siège. Le Brésil peut avoir une femme présidente et aucun parlementaire, pour ça, ne risque une embolie. Les Allemands ont une femme chef du pays qui n'est ni l'Algérie, le Bénin ou la Jordanie. Les mâles à Berlin n'en font pas une maladie. Les parlementaires dont certains (les sénateurs) ne sont pas définitivement acceptés par M. Bouteflika, voteraient-ils pour avoir une femme présidente de l'APN, de l'APC d'Alger ou de Sonatrach? Voteraient-ils une loi interdisant la persécution des non-musulmans et des non-jeûneurs? Jamais de la vie alors que le druidisme est reconnu comme religion en G.B. Oui, on sait que l'Algérie n'est pas l'Angleterre où les hommes ont perdu leur nif et leur virilité depuis le jour où ils ont accepté que le roi soit une reine. Dans un pays qui n'est pas le Danemark pourri de Shakespeare, ni l'Australie et encore moins l'Angleterre, les dirigeants véritables et les figurants en Algérie ne veulent surtout pas se démarquer d'un centimètre des régimes arabes et africains. Essayer de se rapprocher des plus grandes démocraties des pays mécréants, c'est vouloir s'éloigner à grande vitesse des thèses salafistes, de Ghazali, de Karadhaoui, du clergé local qui ont des visions très claires et précises de la relation femme et politique, gouvernants/gouvernés et sur les libertés assimilées sans rouge au front au kofr, inscrites juste pour décorer. L'APN, du moins certains de ses membres ont fait preuve d'un courage, d'une témérité incroyables. Ils ont posé des questions sur la chaîne unique et son fonctionnement pour ce qui est de son programme le plus minoritaire, comme il l'est dans les plus grandes chaînes généralistes. Il y a des chaînes d'information continue dont la reine mère (pour les Algériens) est Al Djazira. L'événement sans aucune importance et sans effet aucun sur le paysage audiovisuel qui est bon dernier au Maghreb, a cependant occupé quelques espaces dans les journaux privés. Toutes les classes sociales, tous les courants politiques, tous les Algériens ont une curieuse relation avec la TV. Comme une famille démunie mais très nombreuse qui ne possède qu'une chèvre en fin de vie, les Algériens veulent chacun dans sa frustration paraître à la TV. Les membres de la «famille» X ou Y, les partis grands et petits, les membres de l'exécutif, les occupants des bancs du Parlement, les walis, les DG des entreprises publiques, les directions des organisations de masse, le clergé, tous veulent téter l'ENTV. Hélas, la seule chèvre en fin de vie ne peut satisfaire tant de désirs, de caprices, de courtisans, d'opposants, de charlatans, etc. Les uns veulent avec le lait de cette chèvre faire du fromage, les autres du lait caillé, d'autres encore du lait bouilli ou du l'ben, etc. Le pauvre animal desséché, surclassé par du beau bétail tombé du ciel est mort et aucun parlementaire ne s'en est aperçu. Le Parlement a posé les mauvaises questions, pas à la bonne personne, pour que chacun le soir venu, les premières dix minutes du JT compte ses apparitions, celles de son camp et ensuite rapidement s'en aller voir le monde, des gouvernances, des manifestations, des fêtes, des décors magnifiques, des stades fabuleux, des millions de visiteurs dans les musées, des TGV futuristes, des films, des opéras, etc. Quant à la pauvre chèvre ENTV, les critiques, les opposants, les concurrents dans toutes les langues ont et auront longtemps de quoi s'occuper. Le temps que les parlementaires lisent le cahier des charges (toujours en vigueur) de l'ENTV et se demandent si dans les démocraties les TV publiques et privées sont régulées par l'exécutif ou par un conseil indépendant, seul habilité à recevoir les plaintes et réclamations des partis, des syndicats et de la société à travers la presse et la justice dans certains cas fixés par la loi. Les députés veulent juste leur part du lait d'une chèvre qui ne peut plus rien donner et qui est surclassée depuis longtemps par de belles génisses, arrogantes, dominatrices, libres, insolentes, talentueuses qui font l'opinion mondiale, sont présentes partout dans le monde et se paient régulièrement leur président, leurs partis, leur parlement, leur gouvernement par l'humour, les guignols, les dessins et caricatures. C'est le prix de leur crédibilité chez elles et chez nous. |
|