|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
L'Appel de
l'Absolu
Depuis plus de 1400 ans, la Oumma a son rendez-vous annuel du Hajj à la Mecque. C'est l'écho chaque année renouvelé du pèlerinage d'Abraham (Ibrahim), le père spirituel des trois monothéismes lorsque celui ci répondit à l'appel de son Seigneur et effectua les rituels perpétués aujourd'hui par le Hajj. Ce pèlerinage constitue en fait le plus grand rassemblement religieux mondial et il devait regrouper cette année quelque deux millions de croyants. Le Hajj, le cinquième pilier de l'Islam est en fait une épreuve tant spirituelle que physique effectué dans une contrée aride sous un soleil de plomb avec des températures de 42 degrés en mi-journée sans rémission la nuit. C'est dans ce décor apocalyptique qu'affluent des centaines de milliers de pèlerins venus de tous les coins du Monde et dont le flot augmente au fur et à mesure que l'on se rapproche de la date fatidique de la station de Arafat pour décroître progressivement les semaines suivantes. En effet, le Hajj commence vraiment le 9ème jour du mois de Dhou al-Hijja lorsque les pèlerins affluent dans la plaine entourant le Mont Arafat pour se diriger ensuite sur Mouzdalifa et puis de là à la Mosquée du Haram à la Mecque où ils effectuent le fameux Tawaf ou circumambulation de la Kaaba. Ils finissent ce Tawaf avec le Sa'y commémorant les allées et venues frénétiques de Hajar l'épouse d'Ibrahim entre les deux collines de Safa et de Marwa en quête désespérément d'eau pour son fils Ismail. et d'où jaillit par miracle la source Zemzem. Ce circuit entre les deux buttes répété sept fois et effectué par tous les pèlerins se fait de nos jours dans une galerie à trois niveaux et constitue quasiment le dernier rituel du Hajj. «Des Coins les plus Reculés...» En cette terre aride brûlée par un Soleil de plomb en plein milieu du désert Arabique ont conflués cette année encore des centaines de milliers de pèlerins de tous les recoins du globe atteignant son maximum le jour de la station de Arafat le 11 septembre. Il y avait ces foules venues des tréfonds d'Afrique et dont grâce sans doute à la visibilité de leur femmes aux amples vêtements aux couleurs vives semblaient rivaliser en nombre avec les non moins nombreux musulmans asiatiques: d'abord cet imposant flux de Bangladeshis reconnaissables souvent pour les hommes par leur longue barbe blanche à l'extrémité roussie par le henné, et ajouté à cela ces multitudes venues d'Inde et du Pakistan. Tous ces pèlerins du subcontinent indien formant un groupe ethnique relativement homogène sont eux mêmes en concurrence numéraire avec le flux non moins prodigieux de ceux d'Asie du Sud-Est, l'Indonésie en tête. Le contingent de Turks était aussi impressionnant en nombre; ethniquement les plus proches des Européens, ces derniers ainsi que ceux des deux Amériques faisaient office de parents pauvres du Hajj. Notons la présence cette année de pèlerins de Sierra Leone absents depuis deux ans due à l'épidémie d'Ebola. Le Monde Arabe et l'Iran les Grands Absents Il n'y a pas mieux que le Hajj pour réaliser que, contrairement aux clichés Occidentaux, les Arabes ne sont qu'une minorité de la population musulmane globale. Ils le seront encore plus cette année, victimes de la situation politique désastreuse que vit le Monde Arabe: quasiment pas de Syriens et bien peu d'Irakiens. Par contre des groupes de Kurdes irakiens d'Erbil et Sulaymânîyah étaient bien reconnaissables par leur tenue traditionnelle au pantalon bouffant et un petit drapeau du Kurdistan distinctif cousue sur leur veste. Très peu de Palestiniens si ce n'est un certain nombre de la diaspora et notamment du Liban avec une petite représentation de Cisjordanie avec cousu eux aussi sur leur vêtement un petit drapeau Palestinien frappé cette fois de la phrase «Droit au retour», et bien sûr aucun de Gaza hermétiquement fermé due au blocus Israélo-égyptien. La guerre fratricide au Yémen alimentée par la brutale intervention aérienne et terrestre des pays du Gulf menée par l'Arabie Saoudite, ainsi que l'expulsion massive il y a quelques années de millions de Yéménites résidant au Royaume a rendu leur présence extrêmement réduite au vue de leur population et de la proximité du Yémen de la Mecque. Le nombre de Libyens était de même réduit à la portion congrue. Par contre les Iraniens sont les grands absents du Hajj cette année pour des raisons bassement politiques. Depuis la rupture des relations diplomatiques par l'Arabie Saoudite avec l'Iran suite à la mise à sac de leur ambassade à Téhéran par des manifestants protestant l'exécution du dignitaire Chiite Nimr el-Nimr, les négociations entre les deux pays ont achoppé semble t-il sur deux points: la compensation financière pour les quelque 464 victimes Iraniennes de la catastrophe de Mina durant le précédent Hajj, et la délivrance des visas. Rappelons que cette catastrophe, la plus meurtrière des 30 dernières années résultait de la collision entre deux flux de pèlerins venant de directions opposées, avec les deux voies de dégagement bloquées semble t-il due à une visite de princes royaux. Elle a été mise par les autorités saoudiennes sur le dos du comportement des pèlerins, notamment les «pèlerins africains», et ils s'en tiennent à «un acte de Dieu». Sur le premier point, l'Arabie Saoudite n'a toujours pas publié le rapport sur ce grave accident qui a fait plus de 2431 victimes suivant le décompte par pays et s'en tient toujours au chiffre de 769 victimes. Quant à celui de la délivrance des visas, les autorités de Riyad ont exigé que leur délivrance se fasse au niveau des représentations consulaires des pays du Gulf, ce que bien évidemment Téhéran n'a pas accepté. Ainsi, ce sont quelques 100.000 pèlerins Iraniens qui n'ont pas fait le déplacement cette année. Parlons un peu des pèlerins de contrées qui ont constitué à un moment ou à un autre l'actualité. Commençons par la communauté Musulmane Cham du Cambodge qui avait quasiment été exterminée durant le régime de Pol Pot et dont nous avons croisé un certain nombre. Il ya avait aussi des pèlerins de Thaïlande et de Birmanie malgré la sévère répression de leurs gouvernements à leur encontre, ainsi qu'un nombre appréciable de pèlerins des pays de la Route de la Soie d'Asie Centrale, tels que le Kyrgyzstan, le Kazakhstan, Tadjikistan et l'Azerbaïdjan. Clairement visibles et bien représentés étaient les Musulmans du Sinkiang (Xinjiang), et au vue de la récente répression sévère des autorités chinoises à leur égard, nous ne nous attendions pas à en voir en si grand nombre. Les pèlerins Maghrébins par contre étaient mieux. On semblait buter sur un d'entre eux à chaque pas que l'on faisait, à moins que cela soit dû à un effet de sélection. La stabilité relative de leur région semblerait être une explication pour cette présence massive et facilement identifiable par leurs habits et leur parler arabe assez éloigné des parlers du Moyen Orient et Egyptien. Il est aussi remarquable qu'il est assez difficile de distinguer un Marocain d'un Algérien ou d'un Tunisien, ce qui est un argument fort pour un intégration Maghrébine pour peu que les dirigeants de ces pays fassent un effort sincère... De plus, leur parler est bien marqué par des mots et expressions françaises (Quelques autres critères plus fins, sans vouloir verser dans du commérage: Si c'est des phrases entières en français c'est un Algérien. Si un pèlerin est en pantacourt c'est un Tunisien. Si sa femme porte une djellaba à capuche c'est un Marocain...). Les pèlerins des pays du Golf et d'Arabie Saoudite sont arrivés par contre le dernier jour avant le début du Hajj et ont été les premiers à repartir. Leur petit nombre relativement a fait qu'ils étaient difficiles à repérer. Le Hajj, une École de Patience et d'Endurance Le«Hadji» ou postulant Hajj, en plus d'accomplir les différents rituels liés au pèlerinage, se doit d'être exemplaire dans son comportement avec autrui durant tout son séjour. Or la pression qu'il subit au contact de ces foules de pèlerins avec leurs propres habitudes, langues, capacité de résistance, sans compter que certains rituels sont véritablement des courses contre la montre, font de cet idéal d'exemplarité un objectif difficile à atteindre en pratique. Ajouté à cela, la promiscuité que les Hadjis sont confrontés dans les immenses camps de tentes à Arafat mais surtout à Mina où il resteront trois jours, transforme le Hajj en une véritable école de patience et de fortitude. Un autre facteur psychologique qui joue un rôle non négligeable est que nos Hadjis, des sexagénaires et plus pour la plupart, sont habitués à ce stage de leur vie à être choyés voire adulés par leur famille et leurs enfants et petits enfants. Or ils se retrouvent dans ces camps dans une situation où tout le monde est égal; il n'a pas de fils pour lui amener ses souliers ou sa petite fille pour lui préparer un café ou autre petit service. N'ayant pour la plupart jamais vécu avant le Hajj une vie en communauté telle que durant le service militaire ou en cité universitaire, ils vont parfois se retrouver en conflit avec ses compagnons de chambre ou de tente. La situation de promiscuité telle qu'à Mina exacerbe ces velléités de conflit et peut transformer une étincelle en déflagration. Imaginer en effet une situation ou le minuscule matelas du Hadji se trouve à 1 cm de celui de son voisin, ou le retardataire au camp ne trouvera pas de place parce que l'agence de voyage (Tel que le Touring Club dans notre cas) aura un déficit de 50 lits pour un camp de plus de 1000 personnes et avec dix cabines sanitaires seulement et un service de catering du Muttawaf déficient. Ajoutons toutefois que ces conflits sont minoritaires et la fraternité spontanée des Hadjis unis dans cette expérience spirituelle collective unique permet de les résoudre fraternellement. L'expérience du Hajj est en effet tout cela à la fois: une expérience spirituelle unique ou des millions d'âmes communient ensemble réaffirmant leur foi au Dieu d'Abraham, Jésus et Mohamed, soumis comme nous venons de l'exposer à des conditions climatiques hors norme et de promiscuité sociale inhabituelle. Il est aussi comme nous élaborerons maintenant une expérience physique éprouvante. Les Travaux d'Hercule du Hajji En effet, durant toute la période du pèlerinage, il est demandé aux Hadjis un effort physique exténuant qui, malgré leur âge avancé, ils s'acquitteront avec succès. Il y a d'abord ces allers et venues entre la Mosquée Sacrée -le Haram- et l'hôtel ou ils résident qui correspond à une distance de 1 à 2km en général, et cela pour chacune des cinq prières quotidiennes. Bien sûr, le déplacement à la Mosquée Sacrée n'est pas obligatoire vu que toute la zone l'entourant fait partie du Haram Mecquois, mais la majorité des pèlerins vont tout de même faire le déplacement. Il y a aussi le Tawaf et ses sept circuits autour de la Kaaba qui se fera, suivant la densité de la foule, à des distances diverses donnant un parcours total entre 2 et 5 km. Puis le Sa'i, les sept déambulations entre les collines de Safa et Marwa distantes de quelque 450m soit donc un peu plus de 3km à parcourir et ce à pieds nus sur un sol de marbre. Durant les trois jours à Mina, c'est aussi 3 km à pied parcourus quotidiennement pour se rendre aux Jamarat, ces stèles dédicacées à la lapidation. Mais l'épreuve la plus exténuante est certainement le retour de Mina. Ce sont en effet des cohortes de centaines de milliers de pèlerins qui quittent la plaine de Mina et reviennent sur la Mecque le dernier jour du Hajj, la plupart à pied, pour accomplir le Tawaf et le Sa'i. En effet les moyens de transport étant limités et les taxis demandant des sommes exorbitantes, c'est à pied qu'ils font le trajet. Le spectacle de ces foules de troisième âge et pour beaucoup d'entre eux se guidant pathétiquement la main dans la main, parcourant sous un Soleil de plomb quelque 8 km est impressionnant. Aucun de ces pèlerins j'imagine n'aurait pensé qu'il aurait été capable d'un tel exploit si on lui avait posé la question avant le voyage. En fait chaque Hadji en plus du titre, devrait se voir attribuer un certificat d'aptitude physique. Un Hajj sous Haute Surveillance Les autorités saoudiennes ont pris cette année des mesures de sécurité exceptionnelles à la Mecque, au vu de la menace terroriste, ou une présence policière et militaire des plus ostentatoire était de mise: en plus de la fouille des sacs à tous les points d'entrée de la Grande Mosquée du Haram, des escouades de soldats étaient positionnées un peu partout et prêtes à intervenir. Plus de 5000 caméras ont été installées dans la zone de la Mecque sur un rayon d'environ 10 kilomètres. Quant à Mina, des mesures de sécurité très poussées avaient été mises en place pour éviter les endémiques catastrophes dont celle majeure du Hajj 2015, La plus notoire de ces mesures étant la séparation physique totale des flux de pèlerins allant et revenant de la lapidation. L'autre grande mesure consistait en la régulation du flot de pèlerins, d'abord en étalant la période jusqu'à l'aube au lieu de la restreindre jusqu'au coucher du Soleil comme c' était la pratique depuis l'époque du Prophète, ensuite en répartissant les visites en multiples tranches horaires suivant les nationalités. Le résultat est qu'aucun incident même mineur ne fut signalé cette année. Espérons que désormais, le rituel de la lapidation ne débouchera plus jamais sur la perte de vies humaines. Par contre, contrairement à la mesure phare annoncée dans différents média, il n'y avait pas de bracelet électronique pour chaque Hadji, mais un simple bracelet en plastique portant mention de l'hôtel et de l'opérateur touristique en charge et donc de la nationalité. Gardien des Lieux Saints L'Arabie Saoudite mérite-t-elle la charge honorifique de Gardienne des Lieux Saints comme elle s'est autoproclamée? On est en droit de se poser cette question à la suite de la catastrophe de Mina l'année dernière et leur irresponsable gestion médiatique de l'après Mina quand un an après aucun rapport ne fut établi sur ses causes, ni une réfutation convaincante présentée sur la raison la plus plausible de ce terrible évènement, notamment une visite princière ce jour là avec les voies de dégagement fermées. Sans compter l'absurde décompte saoudien des victimes qui s'en tient toujours au tiers du nombre recensé par les différents pays. Mais en fait, au delà de Mina, il y d'autres aspects plus importants qui doivent être pris en compte pour répondre de manière sereine à cette question. Que dire de la distribution des quotas par pays qui fait l'objet de négociations bilatérales dont sans nul doute la «qualité» des relations d'Etat à Etat joue un rôle non négligeable. Ceci apparaît clairement sur les cartes de répartitions de pèlerins par pays malgré la règle retenue de 1000 pèlerins par million d'habitants. D'ailleurs, il est dit que la modération de certaines réactions officielles à la tragédie de Mina (dont celle de l'Algérie de manière flagrante) vient justement de cette inquiétude à se voir rétrograder dans les quotas nationaux. Un organisme régulateur supra national serait bienvenu pour éviter ces favoritismes. Comme est inadmissible la réplique virulente du Grand Mufti d'Arabie Saoudite qualifiant les Chiites de non-musulmans suite à l'attaque verbale de l'Ayatollah Khamenei fustigeant la dynastie Saoudienne. Certes la violence des propos du Guide Suprême Iranien frustré par la non participation Iranienne au Hajj, et traitant la dynastie d' Ibn Saud de branche maudite était inappropriée à la veille du Hajj, mais que le pays hôte à travers sa plus haute autorité religieuse réponde à une attaque essentiellement politique en déclarant infidèles des millions de Musulmans est irresponsable et une faute majeure. Pertinent serait ce questionnement sur la gestion des lieux saints et sur la politique foncière catastrophique du Haram par les Saoudiens menée unilatéralement et sans concertation aucune avec les autres pays Musulmans. Ainsi les extensions successives de la Mosquée Sacrée sont menées sans tenir compte de la spécificité historique et géographique des lieux et la destruction systématique de toute la mémoire historique de la Mecque. Ainsi la maison de Khadidja, la première épouse du Prophète, ainsi qu'une multitude de lieux communs qui avaient traversé des siècles d'histoire ont été rasés sans ménagement et sans laisser aucune trace dans ces extensions de béton, inspirées par leur idéologie wahhabite. Toute l'assiette adjacente au Haram a été aplanie à coup d'explosifs et de bulldozer pour laisser place à d'énormes tours le dominant et le défigurant. Même la topographie des lieux a été mise à mal: le nivelage de tout le paysage pour faire place à ces grattes ciels de béton et de verre a dans un certain sens modifié la géographie de la Mecque que le Coran décrit comme une contrée vallonnée. Ainsi ceinturant le Haram et à sa proximité immédiate se trouve une chaîne d'hôtels de luxe à plusieurs millions de dollars la nuit (Hilton, Hyatt Regency, Marriott,...) et des dizaines d'autres sont en construction, édifiés en rasant des dizaines de collines et des voisinages entiers. Comme si le nanti se doit grâce à son statut d'être à quelques centaines de mètres seulement du Haram tandis que le commun des Hadjis se trouve logé à au moins un kilomètre de là. Ici le béton et l'argent semblent être les maître mots. Tout ceci est bien aux antipodes de l'esprit de l'Islam dont d'ailleurs une supplication célèbre est que «Dieu nous ressuscite le Jour du Jugement parmi les pauvres», tant l'opulence est une non valeur en Islam. Et aussi pourquoi donc les prêches de vendredi et de l'Aïd devraient être exclusivement conduites par des Saoudiens, et surtout lorsque elles se mutent comme cette année en attaques insistantes contre l'Iran même si ce pays n'est jamais cité nommément? La Makkah Clock Royal Tower: l'absurde dans la démesure L'épitomé de ce mercantilisme et ce manque d'esthétisme et du sens de l'histoire est cette obscène horloge géante, la Makkah Clock Royal Tower suspendue au dessus de la Mosquée Sacrée se voulant être une sorte de super Big Ben conçue surement avec la farfelue idée d'établir un méridien de la Mecque, ne pouvant venir que d'esprits simplets et complexés. Faite dans la démesure, haute de 600 mètres et visible dans un rayon de 30km, elle héberge un luxueux hôtel cinq étoiles et un gigantesque centre commercial multi-étages. Elle est dans un certain sens, un tribut à la mesure de la petitesse d'esprit et du manque de raffinement architectural. Comme si faire construire un monument de béton par des firmes étrangères au prix de 15 milliards de dollars allait compenser le retard scientifique et technique de la Oumma. Le méridien de Greenwich s'est imposé comme méridien d'origine non pas parce que l'Observatoire portant son nom est imposant - il est plutôt chétif aux standards actuels et même de l'époque ou il fut érigé- mais bien parce que le rayonnement scientifique et politique de la Grande Bretagne le désignant pour jouer ce rôle lors d'une conférence internationale convenue pour fixer le méridien d'origine. Et puis comment qualifier autrement que de culte maladif de la personnalité qui leur font nommer toutes les entrées de la Mosquée du Haram et les différentes extensions de noms de rois et princes Saoudiens? Le côté économique du Hajj est aussi un aspect non négligeable de la question. Le Hajj et aussi la Omra pèse en effet plusieurs dizaines de milliards de dollars et est la deuxième source de revenue après le pétrole. Et s'il est vrai que les investissements pour édifier et entretenir l'infrastructure liée au Hajj avec son réseau d'autoroutes et ses structures d'accueil sont faramineuses, le bénéfice économique compense bien plus que toutes ces dépenses. A noter aussi l'absence de structure étatique de contrôle des prix. Ainsi une tarif d'une course par taxi peut se voir décupler lors de l'aller ou du retour retour des pèlerins de Mina. Même les compagnies de bus pratiquent des prix allant du simple au triple suivant la «criticalité» du service pour les pèlerins. Cette attitude spéculative que l'on retrouve, mais à un degré moindre chez les marchands de la Mecque, relève d'une vision capitaliste sauvage qu'on pourrait presque appeler un droit à l'arnaque. Ce comportement est moralement répréhensif surtout quand on réalise que ceux qui se font abuser sont des pèlerins venant pour la plupart de pays pauvres et qui ont souvent économiser toute leur vie pour s'offrir le Hajj. Pour toutes ces raisons, le Hajj qui est un patrimoine commun de la Oumma devrait être géré collectivement et non par une entité nationale. Si les aspects organisationnels et logistiques du Hajj pour des raisons évidentes ne peuvent être qu'entre les mains des Saoudiens, tout ce qui touche à l'aménagement, l'extension et même la sécurité des lieux saints devrait se faire à travers un organisme supra national qui s'assurera que cela se fasse de manière harmonieuse et respectueuse des valeurs de l'Islam, et notamment que le côté mercantile ne soit jamais une priorité. L'Immense Générosité du Peuple Saoudien Nous finirons sur cette note qui se veut un tribut à l'élan de générosité des Saoudiens dans leur ensemble, tant à Médine qu'à la Mecque envers les «invités du Tout Généreux» comme sont appelés les pèlerins, et ce malgré tout ce qui est critiquable dans le mode de gouvernement archaïque et parasitaire du Royaume. Tout ce que nous avons vu témoigne de la bonté du citoyen saoudien et son sens aigu de la responsabilité en tant qu'habitant du pays abritant les lieux sacrés de l'Islam. D'ou la myriade d'associations caritatives liées au Hajj déployées sur le terrain, distribuant toutes sortes de services à titre gracieux y compris des centaines de milliers de repas aux Hadjis. Ajouté à cela un réseau de bénévoles, étudiants ou simples citoyens pour les aides multiformes. Cette générosité fait honneur au peuple Saoudien et participe à créer ce gigantesque esprit de fraternité humaine qui transcende les races et les origines sociales et que le Hajj exemplifie à merveille. * Professeur au Département de Physique - Université Mentouri, Constantine - Vice President, Arab Union for Astronomy and Space Sciences |
|