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Tuer Benghebrit, la ministre de l'Education. Voilà où nous en
sommes sous le règne du califat virtuel, annoncé, toléré et encouragé. Faut-il
laisser faire ? Oui, si on veut voir nos enfants, un jour, figurants d'un
désert sans fin, kalachnikovs en main, enturbannés
par la bêtise et les néo-moyen-âges. Jouant dans les clips des égorgements avec un drapeau noir et sinistre. Et si, aujourd'hui, il nous faut une preuve sur la remontée de l'islamisme en Algérie, la liberté dont il bénéficie et presque la bénédiction post-réconciliation dont il est l'enfant gâté, c'est bien la levée de barrage contre cette femme algérienne qui en témoigne. Son crime aura été de vouloir une école performante, libre, moderne, comme celle dont bénéficient les enfants de la nomenklatura, en Occident. Elle aura, contre elle et son projet de salut, les islamistes, les bêtes et méchants, les hystériques de l'identité devenue une alimentation générale et les hordes sales et fielleuses qui font commerce des «constantes» : ulémas assis et inutiles pour notre nation, journaux post-FIS qui opèrent encore avec le mode massacres et faux barrages, les prêcheurs lancés comme des égorgeurs d'opinions et les foules bêtes et stupides de notre système plébéien. «Un jour elle peut être tuée !» m'avait dit un ami. Et on y est. Menace de mort, insultes, campagnes et diffamations de la part de gens dont la seule possibilité de gagner un salaire est de se faire les «doubleurs» de Dieu ou des «constantes» pour accaparer nos croyances et de notre algérianité. Ne voilà-t-il pas ces syndicats qui au lieu de défendre des droits de travailleurs deviennent les propriétaires «légitimes» de notre histoire et de notre «identité», se faisant idéologues et avocats. Des ratés de l'évolution qui se positionnent en imams et des traîtres à la nation, néo-saoudiens de formations, devenus des donneurs de leçons en religion. Désormais le ton est donné : soit l?Algérie est à sauver, soit elle est à afghaniser par ces ténébreux arrières petits-fils du Fis, du GIA intellectuel, du Daech mental et de ce qu'a formé l'école comme néo-talibans capables de siffler l'hymne de leur pays pour applaudir celui d'une Palestine fantasmée durant un match amical. Cette armée a, aujourd'hui, la liberté de dire, menacer, parler, avoir des chaînes TV, des journaux, des leaders et impose son code et sa loi. Le FIS a gagné et les 200.000 morts des années 90 sont devenus des mégots de cigarettes, des restes dans une poubelle d'os, des cailloux. C'est, donc, aujourd'hui qu'il faut faire un choix : sauver Benghebrit et nos enfants ou laisser advenir le califat, l'Afghanistan national, le Daech triomphant. Mourir de voir nos enfants réduits à des ânonneurs de fatwas, des «récitateurs» bêtes et méchants, des intégristes de la mauvaise pensée pendant que le monde marche sur la lune, en fabrique ou en domestique dans les cieux. Il faut choisir ou subir. Se taire et se faire écraser et laisser revenir le temps des coupeurs de mains et des «lapideurs» de femmes. Ou protester et sauver cette femme, notre pays, l'école et nos enfants. Il ne s'agit-là ni d'un sigle, ni d'un slogan, mais de notre chair. Nous, nos enfants ne partent pas ailleurs pour étudier et cette école et la seule que nous avons pour leur donner la possibilité de vivre mieux que nous. Nous, nous n'avons pas un autre pays de rechange : ceux qui veulent partir qu'ils le fassent et ceux qui veulent nous imposer l'Arabie saoudite ou l'Afghanistan qu'ils y partent vivre et mutiler leurs avenirs. Nous, on est Algériens, on vit en Algérie et on défend notre histoire : libres depuis nos ancêtres et libres pour la fortune de nos enfants. Se taire, aujourd'hui, est un infanticide : ces néo-Gia de la pensée ont pris trop d'importance et bénéficient de trop de libertés et il faut que cela cesse. Si certains se sentent faibles devant cette racaille qui tuent enfants et martyrs, nous non. On est forts et c'est parce que nous le devons à nos enfants. Etre un ancêtre cela se mérite Nous n'avons pas à revenir au cauchemar des années 90, ni aux hurleurs des mosquées, ni à leurs menaces : il faut que cela cesse et il faut soutenir cette femme. Nous n'avons pas à baisser les yeux car nous, nous n'avons tué personne et nous n'appelons au meurtre de personne, chez nous ou dans le monde. Notre foi est meilleure. Nous respectons le désir, le rire, le bonheur, la liberté et la fierté. Contrairement à ces gens qui ne savent qu'interdire, maudire, menacer, insulter et pourchasser. Ils sont une menace et nous sommes les habitants de ce pays. Quand retentit son hymne ou que flotte son drapeau, on se lève pour les saluer, contrairement aux traîtres barbus qui restent assis puis viennent, aujourd'hui, nous parler de «matières d'identité» et d'arabité et d'islamité. Nous cherchons à être utiles pour la richesse de cette terre et non à y provoquer des guerres pour une jupe, une chanson ou un film. Nous sommes sains, Algériens, fiers et forts, pas islamistes, pas vendus aux Arabies imaginaires, pas traîtres et pas haineux des joies que nous ont souhaité nos martyrs. Ils sont morts pour qu'on soit heureux et pas soumis à une nouvelle colonisation. Le cas de Benghebrit nous concerne tous. Il est nous. Il est l'avenir de nos enfants : si nous laissons faire, on sera maudits. Ils feront de nos enfants leurs égorgeurs futurs et ce pays disparaîtra entre une fatwa et une hystérie. La réconciliation n'est pas la soumission L'école doit être libérée de la talibanisation, des appels à la haine, des dénis de soi et de son histoire et de cet avenir sombre que lui proposent les daech assis des islamistes et autres fatwaman et leurs journaux. Elle doit être libérée de la futilisation par les faux débats et les hystériques de l'ancêtre pur, la langue pure et la souche pure. L'avenir est tracé par le savoir, la science, la raison et la foi, pas par la fatwa, les avis stupides et les appels à la haine de l'Autre. Nous sommes donc tombés si bas, aux yeux de nos ancêtres, pour qu'un simple barbu et une horde d'aliénés de la fausse racine et du fantasme d ?l'identité, viennent nous imposer leurs avis et leurs cris ? On a donc chassé les colons pour se faire écraser par des vocations de chameliers ? Nous avons attendu la libération tant de siècles pour abdiquer devant des oisifs qui trouvent salaires en se faisant passer pour Dieu ou ses représentants uniques ? Aujourd'hui ces gens attaquent Benghebrit parce que son projet de moderniser notre école pour construire nos futures élites, les gênent. Pourquoi ? Parce que l'école islamiste est ce qui va construire l'armée des futures islamistes qui leur permettra de prendre le pouvoir. Leur but est la domination, la colonisation de l'Algérie, le meurtre. Ils ne peuvent pas recruter dans le présent, ils le font dans l'avenir. C'est la même stratégie pour les islamistes partout : infester l'école pour devenir plus nombreux et construire leur émirat. C'est pourquoi ils ne se sentent concernés ni par l'échec économique, la corruption, le classement de nos universités, le savoir, les réformes d'administration, le fisc ou l'écologie. Non rien que l'école pour se garantir l'avenir qui leur manque. Là où nous, nous espérons une école pour maîtriser le monde, s'enrichir, créer et inventer, mériter de meilleurs classements, faire face aux concurrences et parler toute les langues du monde et surtout celle de la réussite. Devrons-nous vivre hallucinés au point d'accepter que l'on égorge nos enfants pour sauver nous moutons ? L'Islam n'a pas besoin des islamistes et l'école n'a pas besoin des talibans. Mais Mme Benghebrit a besoin de nous, tous. |
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