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La France est «prête à engager le contact à tout moment» et une opération
militaire pour libérer les otages enlevés au nord Niger par l'AQMI n'est pas à
«l'ordre du jour». Contrairement à ce que pouvait suggérer le déploiement de 80
membres de forces spéciales françaises à Niamey, l'heure est au réalisme du
côté des autorités françaises.
Et le réalisme commande, pour l'instant, d'attendre un signe de la part des ravisseurs. Paris multiplie les signaux que le message d'avertissement de l'AQMI contre une «nouvelle action stupide» a été entendu. C'est le chef d'état-major des armées français, l'amiral Edouard Guillaud, qui a donné le «ton» en soulignant que le gouvernement français était prêt à engager le contact à «tout moment, la seule difficulté que nous ayons c'est que comme d'habitude dans ce genre d'affaire, ce sont les preneurs d'otage qui sont les maîtres du temps». Le président Nicolas Sarkozy a beau avoir implicitement critiqué, il y a quelques semaines, le gouvernement espagnol pour avoir opté pour le paiement de rançon et la libération de détenus, l'Etat français affiche sa disponibilité à négocier. Ce qui se négocie dans ce genre d'affaire se limite à l'argent et à l'exigence de libération de détenus. Des exigences qui sortiraient de ce cadre seraient impossibles à satisfaire et signifieraient clairement que l'AQMI n'est pas dans l'optique de la négociation. Comment les «demandes légitimes », pour reprendre la formule de l'AQMI, seront transmises à la France ? Rançons: «pas de leçons de morale?» Comme pour les précédentes opérations, des intermédiaires qui prennent une «commission» sur la rançon vont probablement servir de relais entre les deux parties. La nature des demandes formulées par les ravisseurs déterminera s'ils sont dans l'optique de la négociation ou dans celle de la pure confrontation avec la France. En dépit du déploiement de 80 membres des forces spéciales, les autorités françaises multiplient les signaux de leur disponibilité à négocier. Elles ont à ce sujet l'appui franc des médias français, à l'image du journal Le Monde qui estime qu'il n'y a pas «de leçons de morale à donner» en cas de versement de rançons. Selon le quotidien français, les «pays qui ont affiché les positions les plus fermes - pas de négociation avec les terroristes - ont tous, un jour ou l'autre, «payé» eux aussi, d'une façon ou d'une autre». Le chef des armées françaises a nuancé le propos de Sarkozy selon lequel le paiement de rançons n'est pas une stratégie durable: «tout est fonction des circonstances». Le ministre de la Défense, Hervé Morin, avait de son côté indiqué que la France attendait de « pouvoir entrer en contact avec Al-Qaïda». Alors que l'Algérie, fortement réservée à une intrusion de forces étrangères à la région et franchement hostile au paiement de rançons, ne s'est pas exprimée officiellement depuis l'enlèvement des employés d'Areva, le ministre français de la Défense a relevé, jeudi, qu'il y a une «coopération en matière de renseignement avec nos amis algériens». Ils sont «extrêmement mobilisés dans la lutte contre le terrorisme», a-t-il déclaré. La mystérieuse femme kamikaze et la «source algérienne» L'affirmation n'à pas de quoi surprendre. L'existence de contentieux entre les deux pays ne semble pas en effet avoir eu d'incidence sur la coopération sécuritaire. Axel Poniatowski, président de la Commission des affaires étrangères à l'Assemblée français, évoque une « relation stabilisée (...): cela ne se détériore plus mais il reste des obstacles (?). Ce qui est très réel, c'est qu'il existe un véritable intérêt commun à coopérer activement dans la lutte anti-Aqmi», dit M. Poniatowski. Au passage, l'AFP semble clairement considérer que la politique économique «protectionniste» de l'Algérie cible particulièrement les entreprises françaises. Une autre curiosité «algéro-française» se rapporte au renseignement, venu d'Alger selon les médias français, au sujet d'une femme kamikaze qui auraient eu l'intention de commettre un attentat à Paris. Alors que des Français incrédules y ont vu une manœuvre insidieuse de dramatisation à la veille de la grande grève contre la réforme des retraites, l'AFP évoquait une «source proche du dossier» selon laquelle la mise en garde serait venue d'Alger. La grève passée, avec une grande bataille de chiffres entre le gouvernement et les syndicats, Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale française, a déclaré à Libération: «C'est une information que nous avons eue mais qui, aujourd'hui, sans rentrer dans les détails opérationnels, paraît peu crédible». Bien entendu, cette imputation d'une information «peu crédible» à des sources algériennes est une aubaine pour certains médias français qui évoquent un «jeu trouble» de l'Algérie. Le silence, pas toujours d'or, des responsables algériens, permet ces spéculations. |
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