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Qui sauvera les dinandiers ?

par A. El Abci

Le métier traditionnel du travail du cuivre, spécialité et habileté des artisans de la «ville des ponts», se meurt, selon plusieurs des dinandiers interrogés sur cette activité qui est leur gagne-pain.

Le métier périclite et est en voie de disparition, tant le nombre de professionnels de cet artisanat d'art, rencontrant des difficultés sans nom, ont été amenés à mettre la clé sous le paillasson et changer de métier. Selon nos interlocuteurs, c'est surtout le prix trop élevé de la matière première, le cuivre en l'occurrence, qui se négocie actuellement à 800 dinars le kilogramme, un niveau hors de portée des dinandiers, qui constitue la principale cause des faillites en cascade dans le secteur. Et en plus du prix prohibitif, le produit est rare.

 D'un autre côté les rares artisans qui peuvent acheter à ce prix, font face au problème de la commercialisation du produit, dont le prix, par la force des choses, devient assez élevé et ainsi «invendable», le pouvoir d'achat étant lui aussi en baisse. Un des maîtres artisans-dinandiers, bien connu sur la place, M. Mazouzi, nous fait la confidence que «plusieurs membres de sa famille qui sont du métier, ont fini par tourner le dos à la dinanderie». Et de préciser que «bien sûr, c'est à leur corps défendant et la mort dans l'âme qu'ils se sont résolus à cette extrémité». Ceux qui tiennent mordicus et malgré tout à cette activité, ont dû verser dans l'informel pour s'en sortir.

A ce propos, et selon le président de la chambre des arts et métiers (CAM) de Constantine, Nouredine Ghaddab, «le nombre des dinandiers dans la ville s'élève à 300, dont 100 activent dans la légalité, avec registre d'artisan et adresse de domiciliation du magasin de vente. Le reste, c'est-à-dire 200 dinandiers, active dans l'informel, et ce, pour plusieurs raisons.

Notre interlocuteur cite notamment l'absence de local qui constitue l'autre plaie dont souffre le métier et qui entrave son envol». Le président de la CAM, dira que cependant, les problèmes et entraves rencontrés par cette activité sont en train d'être levés au fur et à mesure, dira-t-il, à l'instar des possibilités du système de production local (SPL), dont l'objectif est la promotion de la dinanderie. «Il s'agit en quelque sorte, d'un système consistant à encourager les regroupement des artisans concernés dans une espèce de «touisa», c'est-à-dire une structure de solidarité qui vise des achats groupés du cuivre, dans le but d'agir sur la baisse des prix».

Par ailleurs et toujours à l'échelon local, le même responsable, souligne une promesse du wali, lors d'une entrevue et qui concerne un projet de «quartier des dinandiers», dont la réalisation est largement entamée et qui sera une surprise pour le secteur, mais sans en révéler cependant, le site». Enfin, il évoquera aussi «l'exonération à vie d'impôts et taxes de l'artisanat d'art, dont fait partie la dinanderie, décidée dernièrement par le gouvernement». Mesure qui entrera en application cette année.