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L'INTERMINABLE COMEDIE DES NEGOCIATIONS

par K. Selim

Les «dirigeants de Ramallah» ont accueilli l'émissaire américain George Mitchell venu les presser d'entrer dans des négociations directes avec Israël. Pour la forme, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a demandé des «clarifications» sur la colonisation juive et sur Jérusalem-Est.

 Est-ce vraiment nécessaire de demander des clarifications à M. Obama, soucieux de préparer les élections du mid-term et qui n'a pas hésité à qualifier Netanyahu «d'homme de paix», prêt à prendre des «risques pour la paix» ? Sans omettre de le féliciter pour avoir «allégé» le blocus de la bande de Gaza. Barack Obama n'est pas loin de reprendre la propagande israélienne grotesque sur les étals bien achalandés de Gaza.

 On a du mal à voir quelles clarifications attendre d'une administration qui a des soucis électoraux, et donc doit ménager le lobby qu'il ne faut jamais nommer? Barack Obama a trop discouru dans les mois passés et il a cédé lamentablement à chaque fois devant les exigences du lobby israélien. Il n'exigera plus rien de Netanyahu. Il demande tout simplement aux dirigeants de Ramallah de participer à entretenir la fiction de l'existence d'un processus de négociations.

 Cela fait quinze ans que les dirigeants de Ramallah «négocient» et on ne compte plus les territoires palestiniens avalés par la métastase colonisatrice au cours de cette période. Il est certes difficile d'attendre de la caste des éternels négociateurs palestiniens qu'ils usent du mot «bullshit» (ânerie), comme Azmi Bishara pour parler des négociations. Mais on peut souhaiter qu'ils écoutent le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, qui a pudiquement constaté que les discussions indirectes, lancées début mai sous l'égide des Etats-Unis, n'ont abouti à «aucun progrès» en raison de «la défiance et du manque de crédibilité» des Israéliens.

 Les choses sont en effet limpides et rendent incompréhensibles les demandes de «clarifications» de l'Autorité de Ramallah. Pour la colonisation, des journaux israéliens ont constaté que la destruction de trois maisons de Palestiniens à Jérusalem est un signal que le «gel» est terminé. Les Américains se sont contentés d'exprimer leur «préoccupation» et, injure supplémentaire, ils ont demandé «à chacune des parties d'éviter des actions qui peuvent diminuer la confiance».

 Comment ne pas utiliser, comme Azmi Bichara, cette grossièreté américaine qui incarne parfaitement et authentiquement la politique des Etats-Unis en direction des Arabes en général et des Palestiniens en particulier ?

 Il n'y a sans doute que les dirigeants de Ramallah qui cherchent à se convaincre que Barack Obama aura le courage d'exercer une quelconque pression sur Israël. Le président américain a bien exigé, il y a des mois, un arrêt des colonies? Il ne le mentionne même plus. Si Obama, comme toute la classe politique d'un géant asservi, éprouve une sainte terreur vis-à-vis de l'AIPAC, il n'a pas peur de s'attirer le mécontentement des Arabes «modérés». Alors, de quelles «clarifications» est-il question ?

 La Maison-Blanche veut que Mahmoud Abbas continue de jouer son rôle dans la farce des négociations. Le président Abbas est très bien placé, depuis Oslo au moins, pour savoir que plus personne n'y accorde du crédit. Au moment où Mitchell est venu presser Abbas de reprendre les négociations, des discussions ont eu lieu entre le Fatah et le Hamas à Beyrouth. Et c'est bien dans la capitale libanaise que se déroule l'acte politique le plus significatif.

 Dans la comédie de la négociation, les dirigeants de Ramallah ont reçu un rôle dans une pièce écrite par les Israéliens et mise en scène par les Américains. Lorsqu'ils décideront que la pantalonnade a trop duré, ils cesseront de jouer les utilités. Les négociateurs du vide pourront alors enfin se convaincre que le Hamas est peut-être un adversaire mais certainement pas l'ennemi.