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Quel jugement peut-on porter sur la prestation des sélections africaines
en Coupe du monde ? Les résultats d'eux-mêmes prouvent qu'il reste un long
chemin à parcourir aux sélections d'Afrique pour rivaliser avec les Européens
ou les Sud Américains. Les raisons ? Elles sont multiples. Instabilité des
staffs techniques, ingérence des autorités politiques car il y va de leurs
intérêts et manque de constance. Avec des joueurs talentueux, les Africains
possèdent pourtant les atouts nécessaires pour réussir au plus haut niveau,
c'est une évidence. Cependant, il faut s'interroger alors sur l'attitude et le
comportement des joueurs. Sont-ils vraiment prêts à tout donner pour leurs
équipes nationales ? Que signifie pour eux le fait d'être appelés en équipe
nationale ? Ont-ils la volonté de se surpasser en équipe nationale ou
préfèrent-ils privilégier leurs carrières en clubs? Ce sont là les questions
qui méritent des réponses et qui pourraient, peut-être, justifier le fiasco de
ces équipes ayant participé à ce Mondial 2010, organisé pour la première fois
en Afrique où seul le Ghana est resté en course. L'heure est à présent aux
regrets, mais ceci doit leur permettre d'établir un constat objectif afin de
déterminer les causes de l'échec d'un football africain où certaines stars
n'ont pas confirmé leur statut.
Cameroun: le géant aux pieds d'argile Le Cameroun, fort de ses six participations en Coupe du monde, aura été la grande déception africaine de ce tournoi. On est bien loin de ce Cameroun qui a défrayé la chronique en atteignant le seuil des quarts de finale du Mondial 1990. En effet, depuis des années les ?'Lions Indomptables» alternent coups d'éclat et contre-performances, la cuvée 2010 ne semblant pas échapper à cette règle d'imprévisibilité qui commence à devenir inquiétante pour le football camerounais. Le ratage de la CAN 2010 où le Cameroun a échoué aux quarts de finale après un premier tour qui avait déjà révélé de grandes insuffisances, était l'une des prémices de ce déclin. Le Guen, arrivé en juillet 2009, a qualifié le Cameroun au Mondial 2010, alors qu'il était au bord de l'élimination, mais cette réussite n'a pas été suffisante car il a été critiqué par ceux qui n'avaient pas tari d'éloges sur lui. Comme quoi, le Cameroun est souvent victime de son environnement immédiat, des problèmes d'indiscipline et également de la valse des sélectionneurs qui ne favorisent pas la cohésion de l'équipe. Mais une question s'impose: Le Guen, qui n'avait entraîné que des clubs, a-t-il eu le temps pour définir une ossature et régler la cruciale question des vieux sur le déclin ? Côte d'Ivoire: manque de cohésion La Côte d'Ivoire sur laquelle reposait beaucoup d'espoirs, a été éliminée dès le premier tour, en dépit de la présence des talents confirmés régulièrement alignés dans leurs clubs des grands championnats européens. Mais ceci n'a pas suffi à combler l'écart avec les grandes nations. L'excès d'individualisme et le manque de cohésion ont été fatals aux Ivoiriens. Sven Goran-Eriksson, le nouveau sélectionneur suédois, s'est efforcé en peu de temps à former un collectif fort dans lequel les individualités devraient se fondre et forger un mental de gagneurs qui fait aussi défaut, mais en vain. Sur le terrain, la défense était nettement moins rassurante, à l'image du gardien Barry au sein d'une équipe qui s'est illustrée par son irrégularité lors des matches. Cette élimination devrait constituer une bonne leçon pour cette génération dorée qui a raté une belle opportunité d'écrire l'histoire. Place maintenant à la nouvelle vague ivoirienne et la désignation d'un nouveau sélectionneur puisque Goran-Eriksson est partant. Nigeria: un réservoir mal exploité Le football nigérian traverse actuellement une période difficile, sinon comment expliquer le gâchis malgré l'immense réservoir de jeunes talents qui possèdent tous les atouts nécessaires pour réussir au plus haut niveau. Entre l'objectif des responsables de la fédération nigériane, qui ont visé les demi-finales, et la réalité du terrain, il y a un fossé. Car un tel objectif nécessite une planification et une réelle prise en charge sur le plan technique. Au Nigeria, Lars Lagerback a signé un contrat de cinq mois à cent vingt jours du coup d'envoi de la Coupe du monde 2010. Son rôle consistait à tirer le meilleur parti des talents mis à sa disposition, mais a-t-il eu le temps nécessaire ? Aussi, le Suédois est cependant le premier Scandinave à officier au pays des Super Eagles. Y a-t-il une similitude entre les cultures footballistiques entre les deux pays ? La question reste posée. Afrique du Sud: un goût d'inachevé Les Sud Africains ont frôlé l'exploit lors de «leur» coupe du monde comme en témoigne cette victoire historique sur la France, finaliste de l'édition 2006. Les Bafana Bafana quittent ainsi la compétition avec le sentiment du devoir accompli et la satisfaction d'avoir bâti une équipe d'avenir ayant épaté par la qualité de son football. L'entraîneur Carlos Parreira a réussi à donner un style de jeu à l'Afrique du Sud, avec la confirmation de certaines individualités même si certains éléments n'ont pas le niveau requis pour la Coupe du monde. Couvés par leur public, il était légitime de viser le plus haut possible en tant qu'organisateurs. Résultat, avec quatre points, l'Afrique du Sud aura réussi l'essentiel, sauf que la défaite face à l'Uruguay a chamboulé tous ses calculs. L'expérience emmagasinée dans ce Mondial sera certainement utile pour les Sud Africains, en prévision des futures échéances. Il reste à présent de trouver le successeur à Carlos Parreira pour continuer l'œuvre. Algérie : beaucoup de regrets Le bilan de l'EN comporte plus de regrets que de satisfactions et ce, après une absence de vingt-quatre ans d'une sélection nationale composée de joueurs évoluant en Europe. On était en droit d'attendre qu'ils nous fassent rêver. Il n'en a rien été. Au contraire, on a vu une sélection ayant engrangé un seul point et aucun but marqué. Compte tenu des moyens financiers colossaux investis dans la préparation d'avant Mondial, les résultats sont catastrophiques. Ce ne sont pas les déclarations frappées d'exagération qui vont cacher la réalité du terrain. En plus de l'indiscipline de jeu de certains joueurs, la responsabilité de Saâdane est engagée. Si tout le monde reconnaît la compétence du coach national, personne ne peut nier son manque d'autorité pour la maîtrise du groupe. Aussi, la médiatisation de joueurs surestimés a eu des répercussions négatives sur le rendement collectif d'une équipe où Boudebouz a été une arme mal exploitée, Kadir, une polyvalence mal utilisée et Abdoun, le mal aimé, même s'il évolue à Nantes, l'une des meilleures écoles de football de France. |
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