C'était décidé et
écrit noir sur blanc. L'équipe nationale allait se présenter dans le dispositif
qui lui a permis de se qualifier au Mondial 2010, c'est-à-dire le 3-5-2 cher à
Saâdane. Le hic, c'est le «2» de l'attaque qui a soulevé moult interrogations.
Contre l'Angleterre, Matmour, qui n'est pas réellement un attaquant de pointe,
est apparu bien esseulé, ce qui a facilité la tâche de la défense anglaise
pourtant prenable ce jour-là. C'est donc contraint et forcé que Saâdane a, de
nouveau, accordé sa confiance à Djebbour. Face à la solide et compacte défense
américaine, nos deux capés n'étaient pas de trop du fait de leur infériorité
numérique. Ce qui ne constitue pas une surprise pour la bonne raison que le
boss du onze des USA, Bob Bradley, n'a pas dérogé à son 4-4-2 qui lui a permis,
ne l'oublions pas, de terminer en tête de la zone Concacaf, devant le Mexique
et le Honduras, également présents en Afrique du Sud. Face aux athlétiques
coéquipiers de Bocanegra, il aurait été aberrant de balancer des balles
aériennes. Le jeu vif au sol, et la maîtrise du ballon qui a tant perturbé les
Anglais, était préférable. Dans cette équipe à la condition physique
irréprochable, il fallait avoir l'œil sur les attaquants Dempsey et Altidore,
mais également à leur inspirateur et capitaine buteur Donovan qui a fait si mal
à la Slovénie. Saâdane a dû prendre bonne note, puisqu'il a chargé Belhadj et
Ziani de contrarier les montées et les percées sur le flanc droit du meilleur
joueur que l'Amérique du Nord ait enfanté. Privé de balles exploitables, le duo
d'attaquants Altidore-Dempsy n'a jamais pu se montrer dangereux d'autant plus
que le trio Antar-Halliche-Bougherra veillait au grain. On peut dire qu'en
première mi-temps, les hommes de Saâdane ont globalement bien maîtrisé leur
sujet, surtout au milieu où leur technique a prévalu. A plusieurs reprises, ils
auraient pu trouver la brèche, soit par des tirs lointains, soit dans la
surface lorsque Djebbour a trouvé la transversale (6') et à la fin de cette
première période. Il faut reconnaître aussi qu'il y a eu quelques déchets, ce
qui a permis aux Américains de solliciter M'Bolhi qui s'est interposé avec brio
à trois reprises. Dans les vestiaires, les joueurs des deux camps ont été
informés du score de l'autre match du même groupe et que si ce résultat en restait
là, c'était l'élimination pure et simple, la situation étant favorables aux
Anglais et aux Slovènes. Ceci prouve, encore une fois, qu'il ne suffit pas
obligatoirement d'avoir la possession du ballon pour gagner. On a senti que les
protagonistes de ce match couperet sont revenus à de meilleures intentions,
attaquant tous azimuts pour inscrire le but qui ferait basculer la balance du
bon côté.
Hélas, ce n'est pas avec le désolant
conservatisme de Sâadane que l'équipe nationale allait prendre le meilleur sur
un adversaire pourtant à la portée des nôtres. C'est cette aversion à aller de
l'avant qui l'a poussé d'abord à sortir Djebbour (malheureux dans toutes ses
tentatives) remplacé par Ghezzal. On s'est dit que celui-ci, animé par un
esprit de revanche, allait mettre fin à son incapacité à trouver le chemin des
filets adverses. Ensuite et encore une fois, Rabah Saâdane a décidé contre
toute logique de lancer Guedioura dans la bataille, alors qu'il aurait dû
tenter le tout pour le tout du côté de ce secteur offensif, «muet» depuis belle
lurette. Et, à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. C'est arrivé
dans le temps additionnel où Donovan a inscrit le but salvateur pour son
équipe, pendant que Antar Yahia écopait de son second carton jaune. Le Mondial
s'est terminé de bien triste façon pour les Verts et leur entraîneur, un
technicien obstiné dans ses conceptions, et ce, en dépit de tous les signaux
d'alerte.